— Publié le 31 octobre 2024

Pour l’UEFA, les femmes valent bien un milliard

Institutions Focus

L’UEFA ne s’y trompe pas. Elle l’a compris : l’avenir du football européen ne se jouera pas seulement sur les terrains des hommes. Les joueuses apporteront aussi leur part. Elle s’annonce massive.

Le dévoilement la semaine passée des villes candidates à l’accueil de la finale de la Ligue des Champions en 2027 en a apporté une preuve récente. Seulement deux dossiers déposés pour la compétition masculine, par Bakou et Madrid, contre quatre pour la rencontre féminine, portés par Barcelone, Varsovie, Cardiff et Bâle. Un signe.

Deuxième illustration : la décision annoncée mercredi 30 octobre par l’UEFA de consacrer le budget record d’un milliard d’euros au football féminin au cours des six prochaines années. Un milliard, une somme encore difficilement envisageable quelques années en arrière, lorsque le professionnalisme restait marginal dans le football féminin.

Objectif annoncé de l’instance continentale : faire du « football le sport d’équipe le plus pratiqué par les femmes et les jeunes filles dans tous les pays européens ». Pas moins. En chiffres, cela donnerait un doublement du nombre de ligues nationales entièrement professionnelles, pour le porter à six. Les joueuses pros, de leur côté, passeraient de 3.000 à 5.000 sur l’ensemble du continent.

« Nous promettons de continuer à investir et de faire progresser collectivement le football, avec toutes les associations nationales européennes, les ligues, les clubs, les joueuses, les fans et les partenaires embarqués dans cette aventure », résume dans un communiqué Nadine Kessler, la directrice du football féminin à l’UEFA.

Derrière son milliard, somme très médiatique, l’UEFA a installé un plan. Une stratégie à six ans. Son nom : « Unstoppable ». Tout un programme.

Ses grandes lignes sont détaillées dans un document d’une trentaine de pages. Il explique notamment que le développement passe par tous les niveaux de la pyramide. Il concerne les jeunes et les moins jeunes, les coaches et le arbitres.

Le rapport de l’UEFA précise également qu’une partie du plan d’un milliard d’euros concerne des subventions déjà annoncées aux 55 fédérations nationales membres, dans le cadre du programme Hat Trick. Elles se partageront une enveloppe de 66 millions d’euros pour le cycle 2024-2024, à dépenser exclusivement pour le football féminin.

Ambitieux ? A coup sûr. Réaliste ? L’avenir répondra. Mais Nadine Kessler n’en fait pas mystère : le chemin reste encore long. Et il ne manque pas d’obstacles. « Beaucoup de joueuses dites professionnelles ont encore du mal à vivre pleinement de leur sport », reconnait-elle.

L’UEFA n’en est pas à son premier plan de développement dédié aux seules joueuses. Le précédent, lancé en 2019, ambitionnait d’atteindre le total global de 2,5 millions de licenciées féminines dans toute l’Europe. Dans son dernier rapport, l’instance en annonce 1,6 million au terme de la saison dernière.

Pas gagné d’avance, donc. Mais les signaux sont plutôt positifs. En 2022, la finale de l’Euro féminin à Londres, remportée par l’Angleterre face à l’Allemagne (photo ci-dessus), a été suivie par 50 millions de téléspectateurs. Un record.

L’année suivante, la Coupe du Monde féminine en Australie et en Nouvelle-Zélande a généré plus de 570 millions de dollars de retombées économiques. Toujours en 2023, la finale de la Ligue des Champions féminine, remportée par le FC Barcelone, a été suivie par 5,1 millions de personnes.

Au cours des six prochaines années, d’ici 2030, l’UEFA va organiser deux autres éditions de l’Euro féminin. Elle a dépensé plus de 57 millions d’euros pour l’édition 2022 en Angleterre, dont environ 20 millions en primes aux équipes et en compensation pour les clubs des joueuses sélectionnées.

Pour les deux prochains Euros, l’instance verra encore plus haut. Pas question de reculer. Aleksander Ceferin, le président de l’UEFA, le résume : « Notre mission est simple : aider le football féminin à occuper une place prépondérante dans la communauté sportive européenne ».