— Publié le 14 novembre 2024

Pour Brisbane 2032, le temps complique les choses

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Le mouvement olympique n’en est pas à son premier paradoxe. Il en compte des poignées entières. Mais le dernier en date peut surprendre. Il vient de Brisbane, ville-hôte des Jeux olympiques et paralympiques en 2032.

A en croire son maire, Adrian Schrinner (photo ci-dessus), le principal challenge auquel est confrontée la capitale du Queensland depuis sa désignationen juillet 2021 serait… le temps. Ben oui. Brisbane n’en manque pas pour préparer l’événement, ayant été choisie par la session du CIO à Tokyo pas moins de onze ans à l’avance. Mais cette abondance de temps, très avantageuse sur le papier, se révèle dans la pratique un sacré casse-tête.

Présent cette semaine à Lausanne pour le smart cities & sport summit 2024, Adrian Schrinner a livré devant les participants une analyse passionnante et très inattendue, sans langue de bois, de la complexité de préparer les Jeux d’été avec plus d’une décennie devant soi, lorsque le paysage politique ne cesse de changer.

« Un peu plus de trois ans ont passé depuis que Brisbane a été désignée ville-hôte des Jeux en 2032, mais dans ce laps de temps les acteurs politiques ont presque tous changé, a expliqué Adrian Schrinner. Le Premier ministre fédéral n’est plus le même que lors de la désignation. Dans le Queensland, le poste de Premier ministre a changé trois fois. Et presque la moitié des maires des villes concernées par les Jeux ne sont plus les mêmes qu’en juillet 2021. Moi-même, je devrai être réélu deux fois pour être toujours maire de Brisbane au moment des Jeux. Pour Brisbane 2032, le principal défi est de conserver une unité et une ligne de conduite malgré tous ces changements politiques. »

Exemple : le stade principal du dispositif olympique et paralympique, censé accueillir les cérémonies et les épreuves d’athlétisme. A moins de huit ans de l’échéance, il n’est pas encore connu. Trois projets ont été évoqués, jugés trop coûteux pour certains, trop minimaliste pour un autre. La bonne option n’a pas été trouvée. « Les hommes politiques commettent souvent la même erreur : ils se précipitent pour annoncer des choses, sans prendre le temps de l’analyse, reconnaît le maire de Brisbane. Mais lorsqu’une annonce devient publique, nous sommes coincés. »

La solution ? Adrian Schrinner l’a identifiée : la création d’une autorité indépendante chargée de la livraison des sites olympiques et paralympiques. Brisbane 2032 n’en est pas encore pourvue, mais elle verra bientôt le jour. « Une telle autorité pourra prendre les bonnes décisions, au-delà des considérations politiques, en se basant sur des données fiables et sur un modèle économique », explique l’élu australien.

En attendant, le comité d’organisation continue d’avancer. Il renforce son équipe, avec l’ajout récent ou à venir de plusieurs cadres venus de Paris 2024, dont le directeur des partenariats et des licences, François-Xavier Bonnaillie. Il occupera le poste de directeur commercial.

Adrian Schrinner, de son côté, parfait son apprentissage. « J’ai beaucoup appris au cours de ces trois dernières années, notamment de la part de Paris 2024 et même Los Angeles 2028, reconnait-il. Leur aide et leur collaboration sont très précieuses pour Brisbane. » L’Australien en convient : « Les choses ne sont pas toujours simples, notamment sur le plan politique. Mais je suis aussi excité par le projet olympique que trois ans en arrière, lorsque la session du CIO a choisi Brisbane. »