— Publié le 15 novembre 2024

Avec Brett Robinson, World Rugby met le cap au sud

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Une victoire pour le Sud, un revers pour le Nord. Un succès australien, un échec français. En quelques mots, le résumé de l’élection à la présidence de World Rugby, organisée jeudi 14 novembre à Dublin, siège de l’instance internationale.

Comme prévu depuis le retrait forcé de l’Ecossais John Jeffrey, l’Australien Brett Robinson (photo ci-dessus, à gauche, avec Bill Beaumont) a raflé la mise. Il devient le premier président de World Rugby issu d’un pays de l’hémisphère. Tout sauf une aberration dans un sport où l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud ont remporté neuf des dix éditions de la Coupe du Monde masculine de rugby à XV.

Incertaine jusqu’au dernier moment, la victoire de l’ancien troisième ligne international s’est joué à peu de choses. Deux voix. Mais elles lui ont suffi à s’assurer un premier mandat de quatre ans, renouvelable une fois. Brett Robinson, 54 ans, succède à l’Anglais Bill Beaumont, en place depuis 2016.

Trois hommes se présentaient devant les électeurs: Brett Robinson, le Français Abdelatif Benazzi, et l’Italien Andrea Rinaldo. Comme attendu, le premier tour a écarté le candidat italien. Avec seulement neuf voix, il a quitté les débats. Brett Robinson a obtenu 22 suffrages, contre 21 pour Abdelatif Benazzi, le moins précoce des trois postulants à annoncer son ambition, entré en campagne seulement en septembre dernier.

A l’évidence, le report des voix entre les deux tours n’a pas profité au Français, ancien capitaine du XV de France. Brett Robinson l’a finalement emporté avec 27 voix, contre 25 pour Abdelatif Benazzi

Pour la France, le coup est rude. Il intervient moins d’une semaine après une autre défaite électorale, celle de Christian Dullin, sèchement battu par le Néerlandais Janhein Pieterse pour la présidence de Rugby Europe (46 voix contre 19).

Après avoir présidé l’IRB, ancien nom de World Rugby, avec Bernard Lapasset entre 2008 et 2016, elle reste à la porte. Plus grave : la France ne comptera pas un seul membre au sein du nouveau comité exécutif de l’instance.

Avec la victoire de Brett Robinson, World Rugby a fait le choix d’une forme de continuité. L’ancien international – 16 sélections dans les années 90 – siégeait au comité exécutif depuis 2016, après avoir été membre pendant neuf ans du conseil d’administration de Rugby Australia.

Sa carrière de joueur rapidement écourtée pour poursuivre ses études de médecine, à Brisbane puis à Oxford, Brett Robinson a longtemps travaillé comme chirurgien, avant de se lancer dans le monde de l’assurance. Il occupe actuellement le poste de directeur général du plus grand groupe privé de villages de retraite en Australie.

La continuité, donc. Mais le nouvel homme fort du rugby mondial n’entend rester trop longtemps dans les pas de l’Anglais Bill Beaumont. Sa priorité ? Elle est double : la sécurité des joueurs et un jeu plus attractif.

« Nous aimons notre sport, nous voulons qu’il soit sûr et nous voulons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que les jeunes garçons et filles, les mères et les pères, se sentent en sécurité lorsqu’ils jouent à ce sport formidable, car il a tellement plus à offrir », a-t-il détaillé en conférence de presse.

Pour avoir longtemps travaillé pendant ses années de médecin sur les commotions cérébrales, le nouveau président de World Rugby connaît le sujet sur le bout des doigts. Son idée : utiliser les données technologiques pour mieux comprendre à quelle fréquence les joueurs d’élite devraient jouer et s’entraîner.

L’Australien a également parlé business. « Le problème numéro un auquel nous sommes confrontés, pas nécessairement au sein de World Rugby, mais dans le monde du rugby, est la viabilité financière de nos pays membres », a expliqué Brett Robinson jeudi à Dublin, après son élection.

A la question des salaires des joueurs professionnels, souvent très élevés en Europe, il a prudemment botté en touche, se contentant de répondre que leur inflation était « l’un des défis économiques auxquels le rugby est confronté. »