— Publié le 18 novembre 2024

L’Amérique rafle tout, la France perd encore

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La série continue. Elle pourrait susciter l’ennui, mais elle se révèle plutôt distrayante. Après le canoë-kayak, le hockey sur gazon et le rugby, pour ne citer que les cas les plus récents, trois nouveaux sports olympiques ou en passe de le devenir ont procédé au cours du dernier weekend à l’élection d’un nouveau président. Une habitude en tout début d’olympiade.

Dans les trois cas, un même scénario de départ : le sortant ne sollicitait pas un nouveau mandat. Pas si fréquent dans le mouvement olympique.

Passons rapidement sur la première élection. Elle n’a réservé aucune surprise et pas une once de suspense. A Porto, au Portugal, le 39ème congrès de la Fédération internationale de volley-ball (FIVB) a dit au revoir à son président depuis douze ans, Ary S. Graça, et bonjour à son successeur, Fabio Azevedo. Point commun entre les deux hommes : leur passeport. Ils sont tous les deux brésiliens.

Fabio Azevedo, qui occupait encore jusqu’à la veille du congrès le poste de directeur général de l’instance, était seul en lice. Joué d’avance, donc. Mais le nouvel homme fort du volley-ball mondial, élu pour un mandat de huit ans, a réussi la performance assez inattendue d’être élu par acclamation. Ben oui, à l’ancienne. Avant même son entrée en fonction, la prouesse n’est pas mince.

Sitôt élu, Fabio Azevedo s’est empressé de se choisir un secrétaire général. Son nom : Hugh McCutcheon. Le Néo-Zélandais, conseiller principal de la FIVB pendant plusieurs années, possède de solides états de service sur les terrains de volley-ball. Il a mené l’équipe américaine masculine à la médaille d’or aux Jeux olympiques de Pékin 2008, puis son pendant féminin à la médaille d’argent aux Jeux de Londres 2012.

Autre scrutin, nettement plus incertain : l’Union internationale de pentathlon moderne (UIPM). L’instance basée à Monaco s’est déplacée jusqu’en Arabie saoudite pour tenir son congrès électif. L’Allemand Klaus Schormann, en place depuis plus de trente ans, n’était pas dans la course. A sa place, trois candidats, tous olympiens mais issus de trois continents différents : le Français Joël Bouzou, l’Egyptien Sharif El Erian et l’Américain Robert Stull.

Vice-président de l’instance, Joël Bouzou semblait en bonne position pour grimper une nouvelle marche. Il a pourtant été écarté dès le premier tour. Avec seulement 22 voix, il a laissé la bataille pour la présidence se jouer entre Sharif El Erian (42 voix) et Robert Stull (38).

Au deuxième tour, l’Egyptien a confirmé en obtenant 51 suffrages, contre 50 à son rival américain, plus une abstention. Une victoire pour l’Afrique ? Pas si vite. Après une étude des statuts de l’UIPM, il a été déclaré que « la majorité absolue » était exigée pour rafler la mise, autrement dit au moins une voix de plus que la moitié du nombre total de votes exprimés.

Un troisième tour de scrutin a donc été organisé. Et là, surprise, Robert Stull (photo ci-dessus, à droite, avec Klaus Schormann) a inversé la tendance en ralliant 53 votants, contre 48 pour Sharif El Erian. A 62 ans, l’Américain devient le sixième président de l’UIPM, le premier non Européen. Président de la Confédération NORCECA (Amérique du Nord, centrale et Caraïbes) depuis 2016, il a été olympien dans deux sports, l’escrime et le pentathlon moderne.

Pour Joël Bouzou, le coup est rude, puisqu’il perd également son mandat de vice-président et son siège au comité exécutif. Mauvaise série : sa défaite est la troisième en moins d’une dizaine de jours pour le mouvement sportif français, après celle de Christian Dullin pour la présidence de Rugby Europe, puis celle d’Abdelatif Benazzi pour celle de World Rugby.

Pour les Etats-Unis, en revanche, la nouvelle olympiade démarre en trombe. Pour preuve la victoire d’un autre candidat américain, Bob DeMarco, à la présidence de la Fédération internationale de lacrosse (World Lacrosse). Elu pour un premier mandat de quatre ans, il succède à l’Anglaise Sue Redfern pour devenir le quatrième président de World Lacrosse depuis sa création en 2008.

Un Américain à la tête de World Lacrosse, pas vraiment une grande surprise, surtout dans la perspective des Jeux de Los Angeles 2028, où la discipline fera ses débuts olympiques comme sport additionnel. Mais Bob DeMarco n’avait pas course gagnée d’avance. Il a dû écarter deux autres candidats, l’Allemand Jakob Grossehagenbrock et le Néo-Zélandais Ronald Jones.

Bob DeMarco est membre du conseil d’administration de World Lacrosse depuis 2017, après avoir siégé pendant sept ans à la commission du développement. A l’époque de son arrivée, l’instance comptait 35 fédérations nationales membres. Elle en recense aujourd’hui 92.