Les prochaines semaines le confirmeront en levant les derniers doutes : le nouvel homme fort du sport russe, encore peu connu dans le mouvement olympique, se nomme Mikhail Degtyarev. Actuel ministre des Sports, une position qu’il occupe depuis mai dernier en remplacement d’Oleg Matytsin, il devrait ajouter bientôt une autre casquette à sa collection.
Sauf improbable scénario, il sera élu le mois prochain à la présidence du Comité olympique russe (ROC). Mikhail Degtyarev pourrait même cumuler les deux fonctions – ministre des Sports et président du ROC -, au moins dans un premier temps.
A en croire ses dernières déclarations, sa prise de pouvoir à venir sur l’instance olympique ne sera pas sans effet sur la position de la Russie dans le mouvement sportif international. Elle pourrait même se concrétiser par une nouvelle approche, moins radicale et plus diplomatique.
Mikhail Degtyarev l’a expliqué en ce début de semaine à l’occasion d’un forum sur les nouveaux médias : le temps est venu pour la Russie de renouer le dialogue avec le CIO et le mouvement olympique. Avec un objectif clairement défini : refermer sans trop tarder la parenthèse de l’exclusion du sport russe, décidée dans une quasi unanimité après le déclenchement du conflit en Ukraine.
« Le dialogue est en cours, a-t-il expliqué lundi 18 novembre, cité par l’agence TASS. Pour l’instant, il se déroule de façon non publique, par différents canaux de communication, sur des terrains neutres. Mais il existe. »
Mikhail Degtyarev ne s’en cache pas : il mène lui-même la discussion, sans chercher à attendre d’occuper à partir du mois de décembre une fonction plus officielle au sein du comité national olympique. « Je rencontre des officiels internationaux, reconnaît-il. La convergence des positions a débuté. Je crois que le moment est venu de changer notre approche, d’en finir avec les accusations et les insultes. Nous devons tenter d’obtenir par le dialogue un assouplissement de la position du CIO à l’égard de nos athlètes ».
Le message est clair : la Russie veut abandonner sa stratégie agressive à l’égard de Lausanne. Elle veut mettre un bémol à ses attaques verbales, pour adopter un ton plus conciliant.
La démission le mois dernier de Stanislav Pozdnyakov de son poste de président de ROC s’inscrit dans cette stratégie. L’ancien escrimeur s’était montré très virulent dans ses attaques contre le CIO et son président, Thomas Bach. Le fusible a sauté. Il n’était plus de la moindre utilité.
Question : la nouvelle approche de la Russie, incarnée par Mikhail Degtyarev, peut-elle atteindre son but ? La réponse est aujourd’hui impossible à apporter. Elle dépend pour l’essentiel du nom et de la vision du prochain président du CIO.
Les Russes ne s’en sont jamais cachés : une victoire de Sebastian Coe en mars prochain lors de la session élective, prévue en Grèce, serait le plus mauvais scénario possible. Le Britannique incarne la ligne dure du mouvement olympique face à la Russie. Pour preuve la position inflexible de World Athletics face aux athlètes russes, interdits de compétitions internationales avant même le début de l’invasion de l’Ukraine, jamais réintégrés depuis, malgré les recommandations du CIO.
A l’inverse, Juan Antonio Samaranch leur semble une option plus favorable. L’Espagnol serait moins hostile que le Britannique à un retour de la Russie dans le mouvement olympique. Il l’a laissé entendre au début du mois d’octobre lors d’un entretien avec l’AFP. « Dès que possible, nous aimerions réétudier la réintégration du Comité olympique russe, a-t-il expliqué. Aujourd’hui, il se trouve toujours en violation flagrante de la charte olympique. Mais dès que les raisons de la suspension disparaîtront, nous avons l’obligation de commencer à travailler très dur pour le faire revenir. »