Une révolution ? Pas encore. Mais les choses changent dans l’univers olympique. Les fédérations internationales, longtemps en position dominante, voire exclusive, pour l’organisation du calendrier des grands événements, sont aujourd’hui confrontées à la concurrence. Surprise, elle n’est pas incarnée par des acteurs du sport-business, mais par d’anciens champions.
Deux exemples, pour illustrer la tendance. Ils viennent tous les deux des Etats-Unis. Pas vraiment un scoop.
Le premier concerne l’athlétisme. Michael Johnson, le quadruple champion olympique (200 m, 400 m et 4×400 m), aujourd’hui presque sexagénaire (il a fêté ses 57 ans en septembre dernier), a annoncé en début d’année son projet de lancer en 2025 un nouveau circuit professionnel. Son nom : Grand Slam Track.
Sur le moment, l’idée a pu faire sourire, tant le concept échappe aux normes de l’athlétisme. Le Grand Slam Track sera réservé aux seules courses sur piste. Ses étapes dureront trois jours. Elles mettront aux prises, dans chacune des « familles » de la discipline (sprint court, sprint long, haies hautes, haies basses, demi-fond court, demi-fond long), des athlètes sous contrat avec la ligue et des coureurs invités plus ponctuellement. En jeu, une montagne de dollars.
Inédit. Et même un peu plus que cela. Depuis son annonce, Michael Johnson a continué d’avancer, sans traîner en route. Le Texan a signé ses premiers grands noms, dont les Américains Sydney McLaughlin-Levrone et Fred Kerley, et l’Ecossais Josh Kerr. La liste s’allonge à un bon rythme.
Surtout, il a construit pour la première édition un circuit en quatre étapes. Elles se dérouleront dans deux des pays majeurs de l’athlétisme mondial, la Jamaïque et les Etats-Unis, entre début avril et fin juin 2025, à Kingston, Miramar (Floride), Philadelphie et Los Angeles. Le Grand Slam Track n’est plus seulement une idée en l’air. Il s’annonce comme un concurrent direct de la Ligue de Diamant de World Athletics.
Autre projet, lui aussi porté par un grand nom des sports olympiques, également sur les bons rails pour faire l’événement dès l’année prochaine : la Snow League. Aux manettes, Shaun White (photo ci-dessus). Le skateur et snowboardeur américain, triple champion olympique en halfpipe (Turin 2006, Vancouver 2010 et PyeongChang 2018), aujourd’hui âgé de 38 ans, a eu l’idée de créer un circuit professionnel de snowboard et ski freestyle en quatre étapes.
Le concept se révèle lui aussi très novateur. Shaun White propose de mélanger les spécialistes du snowboard et ceux du ski freestyle dans un joyeux désordre, sans s’imposer de règles trop strictes. « Tout au long de la saison, tous les événements majeurs seront dispersés, a expliqué Shaun White mardi 19 novembre dans l’émission Today. Il n’y aura pas de fil conducteur comme dans n’importe quel autre sport traditionnel. Nous allons rassembler tous les athlètes dans les meilleures stations de sports d’hiver au monde ».
Tout sauf anecdotique : Shaun White a déjà déniché un diffuseur. Pas le moindre, puisque la première saison de la Snow League sera proposé sur NBC Sports et sur Peacock, la plateforme numérique du groupe NBCUniversal.
La première étape du circuit est connue : elle se déroulera les 7 et 8 mars 2025 à Aspen, dans le Colorado. Pas le plus mal choisi des points de départ. La suite reste plus floue, les trois autres compétitions devant être annoncées plus tard.
Le snowboard halfpipe sera au programme de chacune des étapes, pour les hommes et les femmes. le ski freestyle intégrera le circuit à son deuxième arrêt, en fin d’année 2025, pour ne plus le quitter. Les athlètes accumuleront des points selon leurs résultats à chaque compétition. En fin d’année, la Snow League décernera un titre de champion du monde.
L’argent ? Shaun White n’en manque pas. Son projet promet un pactole de plus de 1,5 million de dollars, le plus élevé jamais proposé dans les deux disciplines.