— Publié le 3 décembre 2024

Poutine sacrifie les Jeux de l’Amitié pour préparer l’avenir

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Clap de fin pour les Jeux mondiaux de l’Amitié. L’événement multisport, créé de toutes pièces par la Russie à la demande du Kremlin comme un pied-de-nez au CIO et au mouvement olympique, n’aura pas lieu. Ni cette année, ni l’année prochaine. Et sans doute pas non plus dans les années à venir.

Vladimir Poutine lui-même l’a annoncé lundi 2 décembre dans un communiqué repris par les médias russes : les Jeux mondiaux de l’Amitié sont reportés. Mais le chef du Kremlin n’a fixé aucune échéance. Une façon de signifier qu’ils sont rayés pour toujours du calendrier.

« Afin de protéger le droit des athlètes et des organisations sportives à accéder librement aux activités sportives internationales, je décrète par la présente le report de la tenue de la compétition internationale des Jeux mondiaux de l’amitié jusqu’à ce que le président de la Fédération de Russie donne de nouvelles instructions », explique-t-il dans un décret publié sur le site officiel des documents juridiques du gouvernement russe.

Fin de l’histoire, donc. Objet de virulentes critiques du CIO et de l’AMA depuis leur annonce à l’automne 2023, pour leur dimension clairement politique, les Jeux de l’Amitié ne verront pas le jour. Ils sont renvoyés dans les oubliettes de l’histoire, avec peu de chances d’en ressortir.

L’événement multisport, initialement prévu du 15 au 29 septembre 2024 à Moscou et Ekaterinburg, avait pourtant été élevé au rang de priorité, voire d’enjeu national, par Vladimir Poutine lui-même. Il devait réunir 5.500 athlètes, avec une cagnotte de 4,6 milliards de roubles (41,2 millions d’euros au cours actuel). Une version hivernale devait même compléter le tableau, organisée en 2026 à Sotchi, la même année que les Jeux olympiques et paralympiques de Milan-Cortina.

En juillet dernier, les premières rumeurs d’un report ont circulé dans le mouvement olympique, sans être formellement démenties par Moscou. Après la fin des Jeux de Paris 2024, la Russie a laissé passer la date initiale des Jeux de l’Amitié sans le moindre commentaire. Avant l’annonce officielle, lundi, de leur report indéfini.

Un revers pour la Russie ? En apparence, sans doute. Le Kremlin a longtemps fait grand cas de son invention. Les invitations avaient même été lancées, dans un premier temps vers les pays voisins et/ou alliés. La Chine, notamment, avait promis la présence d’une solide délégation.

Mais le renoncement de Moscou à poursuivre son idée semble plutôt s’inscrire dans la nouvelle stratégie sportive russe. La démission récente du président du comité national olympique (ROC), l’ancien escrimeur Stanislav Pozdniakov, a annoncé un virage très marqué. Après avoir longtemps cherché à rendre coup pour coup, la Russie joue aujourd’hui l’apaisement, le dialogue et la diplomatie. Elle se prépare en douceur, sans mettre les gants, à l’arrivée au CIO d’un nouveau président.

Tout sauf un hasard : le décret du Kremlin annonçant le report des Jeux mondiaux de l’Amitié intervient quelques jours avant les élections à la présidence du ROC, prévues le 13 décembre. Sauf improbable scénario, elles verront la victoire de l’actuel ministre russe des Sports, Mikhail Degtyarev. A ce jour, il est le seul candidat, et devrait le rester jusqu’au moment du scrutin.

Le nouvel homme fort du sport russe veut incarner une ligne plus souple, ouverte à la discussion et aux compromis. Son message, et derrière lui les directives du Kremlin, ne s’adressent plus à Thomas Bach, que la Russie a déjà effacé d’un énergique coup de gomme. Ils visent son successeur, dont le nom sera connu an mars prochain.

Mais la Russie prie le ciel que la victoire échappe à Sebastian Coe, le plus résolument anti-Russe – au moins en sa qualité de président de World Athletics – des sept candidats au trône olympique.