L’Agence mondiale antidopage (AMA) est toujours dans l’attente de plusieurs millions de la part de ses contributeurs. En première ligne, les États-Unis, qui doivent 3,6 millions de dollars au titre de l’année 2024. La nation au drapeau étoilé n’a cependant pas l’intention de régulariser la situation.
L’Agence américaine antidopage (USADA) s’est fendue d’un communiqué, mercredi 8 janvier, pour apporter un soutien clair à cette décision. « Malheureusement, les dirigeants actuels de l’AMA n’ont pas laissé d’autre choix aux États-Unis après avoir manqué de répondre à plusieurs demandes très raisonnables, telles qu’un audit indépendant des opérations de l’AMA, afin de parvenir à la transparence et à la responsabilité nécessaires pour garantir que l’AMA est en mesure de protéger les athlètes », explique l’instance par la voix de son directeur, Travis Tygart (photo ci-dessus).
Les États-Unis ont tapé du poing sur la table depuis qu’il a été révélé que 23 nageurs chinois avaient été contrôlés positif avant les Jeux olympiques de Tokyo mais non sanctionné, la Chine invoquant une contamination collective. Un « traitement spécial » que les USA ne veulent absolument pas laisser passer.
Un compromis sur l’autel des JO 2034 ?
L’AMA a répondu à ces critiques en demandant elle-même un examen de la part d’un procureur indépendant, Eric Cottier. L’ancien magistrat suisse a rendu ses conclusions en juillet dernier et totalement balayé les allégations. « Rien dans le dossier – complet – ne suggère que l’AMA ait fait montre de favoritisme ou de complaisance, souligne-t-il. L’ensemble des éléments pris en considération par l’AMA, qu’ils soient issus du dossier produit par CHINADA avec sa décision ou des procédés d’instruction menés par elle, font apparaître la décision de ne pas former un appel comme raisonnable, tant sous l’angle des faits que des règles applicables. »
Toujours insuffisant cependant aux yeux des États-Unis. « L’AMA n’a pas réussi à appliquer uniformément les règles mises en place pour protéger l’intégrité des compétitions et les droits des athlètes à l’équité » selon Travis Tygart, qui demande « une réforme significative de l’AMA pour s’assurer que cela ne se reproduise plus jamais ».
En coupant leur financement, qui représente environ 14 % du budget de l’AMA, les États-Unis espèrent mettre une pression suffisante pour se faire entendre. L’agence antidopage a toutefois répliqué en retirant aux Américains le droit de siéger à son conseil d’administration, appliquant la règle selon laquelle « les représentants d’un pays qui n’a pas payé sa cotisation ne peuvent pas siéger ».
Chacun campe donc sur ses positions, et le retour de Donald Trump à la Maison Blanche n’augure pas vraiment d’un apaisement. L’homme aux cravates rouges avait frontalement attaqué l’AMA sur la gestion du dopage institutionnalisé en Russie au cours de son premier mandat. Il avait ainsi promulgué une loi en 2020 octroyant au Bureau de la politique nationale de contrôle des drogues (ONDCP) le pouvoir de retenir les paiements de l’AMA au cas où celle-ci n’agirait pas « de manière équitable, efficace et transparente ».
La perspective de l’organisation des Jeux olympiques d’hiver 2034 à Salt Lake City pourrait cependant ramener les États-Unis dans le rang. Le gouverneur de l’Utah, Spencer Cox, a publiquement accepté que les Jeux soient retirés à Salt Lake City « si les États-Unis ne soutiennent pas ou violent les règles de l’AMA ». Selon le New York Times, cette crainte est d’ailleurs toujours dans l’esprit des responsables de la Maison Blanche.