Tout ça pour ça ? Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont permis de poser un éclairage substantiel sur la place cruciale du sport dans la société. Le gouvernement français a pourtant décidé d’attaquer sévèrement le budget alloué au ministère des Sports. Sous la pression du déficit public, il a mis sur la table une réduction supplémentaire des moyens de 34 millions d’euros en 2025, alors que le budget prévu incluait déjà une baisse de plus de 200 millions d’euros. Le monde du sport s’en est immédiatement insurgé, mettant une pression finalement fatale à l’amendement. Pour l’instant.
Games over
Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a dénoncé « une décision budgétaire incompréhensible » alors que le monde du sport cherche à surfer sur la vague olympique et à entretenir la flamme. « On veut enterrer Paris 2024. C’est lâche. C’est méprisant pour le sport, les clubs, les athlètes », balance Philippe Bana, président de la Fédération française de handball, dans L’Equipe. « Si Paris 2024 devait rester une parenthèse enchantée, c’est le chemin à suivre, cingle le CNOSF dans un communiqué. Si nous souhaitons que cet héritage devienne un pilier de notre société, et la nomination de Marie Barsacq est un signal majeur en la matière, il est urgent de corriger le tir. »
La nouvelle ministre des Sports a en effet œuvré au sein du comité de candidature de Paris 2024, avant de devenir directrice exécutive Impact et Héritage du COJOP. Au regard du contexte actuel, sa marge de manœuvre s’annonce toutefois extrêmement étriquée. « Le sport était déjà fortement fragilisé à peine les Jeux terminés. Naïvement, je pensais que le sport n’était pas un centre de coût mais bien un centre de profit », s’est désolée la légende Marie-Josée Pérec, qui avait embrasé la vasque olympique l’été dernier. Après avoir martelé l’importance du sport et encouragé les Français à pratiquer une activité physique régulière dans la perspective des Jeux, le gouvernement français a décidé de tourner la page sitôt les JOP achevés. Comme si rien ne s’était passé.
Le Sénat fait de la résistance
« Les Jeux ont montré l’impact structurant du sport dans nos vies : c’est un outil essentiel d’inclusion, de santé publique et de cohésion sociale. Réduire les moyens alloués au sport, c’est fragiliser notre capacité à relever ces défis, avertit le CNOSF. À l’inverse, investir dans le sport, c’est construire une société plus saine, plus solidaire et plus dynamique. Avec un tel budget des sports pour 2025, il n’y aura ni clubs supplémentaires, ni équipements accessibles, ni renforcement des encadrants sportifs. Nous ne pourrons maintenir l’élan suscité par Paris 2024. » L’inquiétude est d’autant plus grande dans les disciplines adaptées aux personnes en situation de handicap, qui « risquent de perdre une opportunité historique de se développer durablement ».
La colère a été entendu par le Sénat, qui a retoqué l’amendement jeudi. Les sénateurs ont par ailleurs tordu un peu plus le bras du gouvernement en votant pour le transfert de 80 millions d’euros de plus au sport – une somme retirée de la mission du Service national universel. A quelle sauce les sportifs professionnels et amateurs, les clubs et les associations seront-ils mangés une fois la navette parlementaire terminée et le budget final voté ? En attendant la réponse, le signal envoyé par le gouvernement est inquiétant : les Jeux n’ont malheureusement rien changé dans l’esprit des dirigeants politiques, qui ne voient dans le sport rien de plus qu’une variable d’ajustement.