Ceci est une révolution. Une centaines d’athlètes a rendez-vous à partir de ce jeudi 23 janvier à Aspen, aux Etats-Unis, théâtre des incontournables X Games. La crème de la crème du ski et du snowboard freestyle en mettra plein la vue aux spectateurs, aux juges… et à un système d’intelligence artificielle. L’IA est en effet l’invitée surprise de cette édition 2025. Spécifiquement programmée pour juger les performances des engagés en snowboard SuperPipe, elle établira une note, comme les autres juges, à chaque passage. Un test qui pourrait marquer le début d’une ère nouvelle.
Un nouveau super pouvoir
Les X Games sont, par définition, extrêmement spectaculaires. Ce qui pose un vrai défi aux juges, chargés d’intégrer beaucoup d’informations – l’amplitude, la complexité des figures, la fluidité, etc. – en très peu de temps pour attribuer des notes. C’est ici qu’intervient l’IA : grâce aux caméras capturant les mouvements des athlètes sous tous les angles, le système pourra disséquer les figures et attribuer la note la plus juste possible. « Les humains commettent parfois des erreurs, explique Jeremy Bloom, directeur général des X Games. Cela ne veut pas dire que l’IA ne fera pas d’erreurs elle aussi, surtout dans sa forme initiale, mais notre objectif est de donner cet outil aux juges pour qu’ils puissent l’utiliser dans leur cabine. Et si nous pouvions donner aux juges des supers pouvoirs et leur permettre de voir des choses qu’ils ne peuvent pas voir avec l’œil humain ? »
« Ce modèle, parce qu’il peut regarder les images au ralenti, est vraiment précis, assure-t-il, totalement convaincu. Je pense que l’IA, en partenariat avec les juges, peut apporter plus d’objectivité aux sports subjectifs, et c’est ce qui est vraiment important pour moi. » Moins d’erreurs, donc, mais aussi plus de transparence et moins de biais, qu’ils soient conscients ou non. « Pour les petits pays qui participent à des compétitions internationales, je pense que les juges ont une idée de ce qui va se passer avant même le début du passage, et qu’ils jugent en fonction de cela, exposait la gymnaste Emma Spence au MIT Technology Review. Si nous pouvons éliminer cela, je pense que les chances seront un peu plus équitables pour tout le monde. »
Le terrain de chasse de Watanabe
En cas de résultats satisfaisants, l’IA pourrait-elle débarquer dans d’autres sports ? Par exemple la boxe, dont le système de jugement est régulièrement critiqué ? Le mouvement olympique doit prendre le train en marche, insiste Thomas Bach. Le CIO a créé un groupe de travail sur l’IA en 2023 pour approfondir les possibilités offertes par cette technologie. Les X Games ne sont pas les premiers à avoir franchi le pas. L’IA était le moteur d’un système d’aide au jugement lancé aux Championnats du monde de gymnastique en 2019. Une béquille en cas de débat sur le score à attribuer, par exemple si un athlète dépose une requête après son passage. Morinari Watanabe s’y est montré particulièrement favorable en tant que président de la Fédération internationale de gymnastique, et il brigue la présidence du CIO. L’élection du mois de mars pourrait donc bien annoncer la couleur des années à venir.