La campagne bat son plein. Le nom du nouveau président du Comité international olympique sera connu à la fin du mois de mars, lors de la 144e session de l’instance. David Lappartient s’avance comme un candidat de taille. Il a successivement présidé la Fédération française de cyclisme (2009-2017), l’Union européenne de cyclisme (2013-2017) et l’Union cycliste internationale (depuis 2017). Un CV auquel il a ajouté la ligne de président du Comité national olympique et sportif français en 2023. Avant de tenter de séduire directement les électeurs lors de l’oral prévu jeudi, à huis clos, le président de l’UCI a accordé un entretien à l’AFP. L’exercice lui a permis de partager sa vision, et de suggérer une filiation avec Thomas Bach.
Tout en équilibre
Le prochain président du CIO entrera en fonction au mois de juin. Parmi les dossiers qui figureront en haut de sa pile : la place accordée aux athlètes russes – et biélorusses – dans le contexte de la guerre en Ukraine, qui dure depuis plus de trois ans maintenant. David Lappartient ne se mouille pas encore sur ce sujet brûlant. « Historiquement, les Russes ont toujours été une nation sportive et le rôle et la mission même du CIO, c’est d’unir les gens de manière plus pacifique par le sport, rappelle le Breton. Ils ont vocation à naturellement reprendre une place dans le monde du sport. » Une position globalement partagée au sein du mouvement olympique, mais Lappartient se garde bien d’être précis sur le véritable point à démêler : les conditions d’un tel retour. « Il y aura une décision à prendre en temps utile sur le sujet, ajoute-t-il. Pour Milan 2026, je pense qu’il ne faut pas se hâter à répondre à cette question. » En pleine campagne électorale, il vaut mieux éviter de froisser. La patate chaude, ce sera donc pour plus tard.
Les Jeux de Paris 2024 ont mis en lumière un autre sujet sensible, celui des athlètes transgenres, avec la polémique accompagnant le sacre de la boxeuse algérienne Imane Khelif. « Tout le monde est le bienvenu dans le monde du sport, les transgenres sont les bienvenus, pose le candidat. Mais la participation des transgenres aux compétitions dans le sexe dans lequel ils voudraient concourir n’est pas un droit fondamental, dans la mesure où cela ne doit pas altérer ou remettre en cause l’égalité des chances et une compétition équitable. Le CIO dit que cela doit être régulé sport par sport, ce qui n’est pas illogique. Il faudra approfondir, je pense qu’on ne peut pas se passer d’un travail scientifique qui prend forcément du temps. »
Les évolutions plus que les révolutions
En fin politicien, l’ancien maire de Sarzeau (Morbihan) arrondit les angles. Dans son programme, pas de proposition qui casse les codes comme chez le Japonais Morinari Watanabe, favorable à l’organisation simultanée des Jeux sur les cinq continents. Le Français cite son envie de saisir les opportunités offertes par l’intelligence artificielle, creuser le domaine du eSport ou encore travailler activement à l’organisation des Jeux sur le continent africain. Des mesures qui font consensus au sein du mouvement olympique. Lappartient ne prend donc pas de risque majeur. « Beaucoup a déjà été accompli au cours des dernières années sous la présidence de Thomas Bach, dont je salue l’action résolue pour promouvoir le sport et nos valeurs, écrit-il dans son manifeste. Il conviendra de poursuivre cette action en sachant répondre aux défis d’un monde qui change. Toutefois, je crois toujours plus aux évolutions qu’aux révolutions. » En cas de victoire, le Français bousculerait les codes par son âge : 51 ans. Thomas Bach et Jacques Rogge sont devenus présidents du CIO à 59 printemps, et Juan Antonio Samaranch à 60 ans.