Le revirement de Martin Fourcade a bouleversé les plans. Alors que la casquette de président du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver 2030 lui semblait naturellement destinée, l’ancien biathlète a préféré se retirer. Un choc dans le monde des sports d’hiver. « Pourquoi aller chercher des grands noms du sport français pour après ne pas leur laisser de liberté d’action ? Je ne comprends pas », a commenté l’ex-patineur Philippe Candeloro auprès du Figaro. Nathalie Péchalat a elle aussi affiché sa déception lors d’une table ronde mardi : « A titre personnel, je suis catastrophée qu’on arrive à faire fuir quelqu’un comme Martin Fourcade ! Cela me dépasse totalement. Les sportifs comme Martin ont des valeurs, de l’expérience, des compétences, une envie. Comment on peut éteindre ça ? » Privées de ce qui s’apparentait au choix numéro 1, les Alpes françaises vont maintenant devoir rebondir.
Un biathlète peut en cacher un autre
Deux autres noms sortent du lot depuis déjà plusieurs mois. Vincent Jay, lui aussi biathlète, est au cœur du projet en tant que directeur opérationnel pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. « Cette montagne, il faut montrer qu’elle est vivante, qu’on y habite, qu’on y travaille et qu’on a envie de la transmettre à nos enfants pour qu’ils puissent en profiter également », appuyait-il en septembre. « Le fait que Martin Fourcade ne soit plus candidat libère la parole d’autres sportifs et nous avons des nouvelles candidatures, qui viennent compléter celles qui étaient en concurrence avec celle de Fourcade. Celle de Marie Martinod en fait partie », a commenté Renaud Muselier, président de la région PACA.
L’ancienne freestyleuse s’est montrée discrète jusqu’à présent. De son propre aveu, elle n’a d’ailleurs « jamais été candidate ». Elle n’est cependant pas fermée. « Je reste disponible, confie-t-elle à Ski Chrono. Je suis engagée au CNOSF depuis huit ans. Les deux régions m’ont sollicitée. Je suis donc un peu la candidate du « centre » entre Paris et la montagne. » Intéressant en termes d’équilibre. Ski Chrono juge cependant que les deux outsiders « ne semblent plus dans la course à la présidence » aujourd’hui, bien qu’ils auront un rôle à jouer dans l’organigramme du COJOP.
L’impatience du CIO
À qui reviendra donc le flambeau ? La priorité reste donnée à un ancien athlète, sur le modèle de Tony Estanguet pour Paris 2024. Edgar Grospiron apparaît comme une piste crédible. Le Haut-Savoyard a été triple champion du monde et champion olympique de ski de bosses en 1992 à Albertville. Un CV sportif qui pèse lourd, et qui se conjugue à une expérience comme directeur de la candidature d’Annecy pour l’organisation des Jeux d’hiver 2018. Il compte se donner le temps de la réflexion. « Je suis en train d’étudier, d’échanger avec des gens pour me faire une opinion, savoir si j’ai envie d’y aller ou pas, explique-t-il à RMC Sport. On m’a demandé si j’étais intéressé. À partir du moment où je dirais « oui », c’est la décision du bureau exécutif de me nommer ou pas. Je ne suis sans doute pas le seul. Si je dis « non », ça veut dire que l’exécutif aura à statuer entre les autres candidats. »
Face à l’urgence, avec la date du 18 février dans toutes les têtes, une vingtaine de noms ont été cités lundi lors d’une réunion de crise autour de Michel Barnier, selon L’Equipe. Le quotidien glisse celui de Perrine Pelen. La skieuse aux trois médailles olympiques (une en argent, deux en bronze) a été l’architecte des Championnats du monde de ski alpin à Courchevel et Méribel en 2023. Un franc succès. En attendant l’issue des tractations, le CIO a communiqué mardi. L’instance a indiqué que Martin Fourcade « en tant que membre du CIO, fera partie du conseil d’administration du comité d’organisation » et que « sa précieuse expérience » permettra « d’aider à façonner » le projet. « En fin de compte, il appartient aux parties prenantes du projet de décider de la direction du COJO. Le CIO attend leur proposition avec impatience. » À bon entendeur.