Candidatures

Le Paraguay prêt à se prendre aux Jeux

— Publié le 10 février 2025

L’offensive n’est pas passée inaperçue. Le Paraguay tente une percée audacieuse dans le paysage sportif international depuis plusieurs mois. La capitale, Asuncion, accueillera la deuxième édition des Jeux panaméricains juniors l’été prochain (9-23 août 2025). Elle a aussi obtenu l’organisation d’un match de la Coupe du monde de football pour la toute première fois en 2030 et lorgne, pêle-mêle, sur les Championnats du monde de skateboard 2026, les Jeux olympiques de la Jeunesse 2030 et les Jeux panaméricains 2031. Le fruit d’une stratégie ambitieuse pour s’imposer comme une place forte du sport mondial.

Cinq années pour tout changer

Le président Santiago Peña, en poste depuis août 2023, incarne cette ambition. Dès sa campagne, il avait annoncé la couleur de son mandat. « Le sport n’est pas une question mineure, il nous remplit de fierté, il nous donne la santé, il nous éloigne de la drogue et il promeut notre pays au niveau international », soulignait-il, rappelant qu’il avait « toujours soutenu les investissements dans ce domaine » en tant que ministre des Finances. Il n’a eu de cesse de répéter sa détermination à faire passer un cap à son pays depuis son élection. « Mon engagement, comme je l’ai dit dès le premier jour, est d’être le président qui s’engage le plus en faveur du sport, déclarait-il en marge des Jeux de Paris 2024. Je ne me relâcherai pas, ces cinq années seront celles où le Paraguay investira le plus dans le sport. »

L’organisation des Jeux universitaires du Paraguay, qui ont réuni plus de 5.000 étudiants en 2024, a marqué le point de départ de sa politique de promotion du sport en tant que vecteur de bien-être et d’intégration. L’événement s’inscrivait d’ailleurs dans le cadre d’un plan de prévention contre les drogues et les addictions. « Dès que l’on entre à l’université, la vie change. Beaucoup doivent parfois travailler en même temps qu’ils étudient et le temps ne leur permet pas de se consacrer au sport, qui est fondamental pour le développement de la personne. C’est pourquoi je vous félicite car à partir de cette première édition des Jeux universitaires du Paraguay, nous allons changer l’histoire du sport dans notre pays », annonçait-il lors de l’inauguration.

Les JOJ comme tremplin

Pour réussir son pari, Santiago Peña voit les choses en grand. Le gouvernement a investi 10 millions de dollars dans le futur Centre aquatique olympique, au sein du Parc olympique de Luque. L’enceinte pourra accueillir jusqu’à 2.500 personnes. « Ce centre aquatique sera le plus moderne d’Amérique du Sud », assure le président du Comité olympique paraguayen Camilo Pérez. Le chantier a démarré en août 2024, pour une inauguration attendue en juillet 2025. L’ouvrage doit permettre aux athlètes de passer un cap en termes de conditions de préparation, et au pays de prétendre à l’organisation d’autres compétitions. À commencer par les Championnats du monde de natation Master en 2026, pour lesquels le Paraguay est « très avancé » selon Camilo Pérez. La suite mènera peut-être aux World Skate Games 2026, aux Jeux olympiques de la Jeunesse 2030 et aux Jeux panaméricains 2031.

Santiago Peña a pu échanger directement avec Thomas Bach le 31 janvier à Lausanne. La candidature paraguayenne pour les JOJ 2030 faisait partie des principaux sujets de discussion. « Nous nous sommes engagés à construire un avenir meilleur pour nos jeunes. L’organisation des Jeux olympiques de la Jeunesse viendrait à l’appui de cette mission, expliquait-il. Notre souhait est de faire de ces Jeux bien plus qu’un événement sportif. Nous les envisageons comme un festival qui intègre le sport, les échanges culturels, l’éducation et les valeurs olympiques. » Les Jeux panaméricains juniors serviront de test grandeur nature puisque le pays recevra 4.206 athlètes représentant 43 disciplines. Thomas Bach s’est montré réceptif et a souligné « la vision claire du président paraguayen pour le sport dans son pays et sa solide compréhension de la manière dont le sport peut transformer la vie, en particulier celle des jeunes ». Le patron du CIO s’était rendu à Asuncion quelques mois auparavant et avait pu « constater le développement très favorable du sport au Paraguay et son formidable impact social ». Un bon élève, donc, en droit de prétendre aux compétitions les plus prestigieuses. Tous les rêves sont permis.