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Les Jeux olympiques de l’eSport sont officiellement reportés à 2027. Rien de surprenant pour les acteurs du milieu, qui s’étaient préparés à l’idée depuis plusieurs semaines. Mardi 11 février, Thomas Bach s’est félicité de voir qu’il « existe désormais une feuille de route très claire », sans parler de contretemps, pour la toute première édition de cette compétition qui se tiendra en Arabie saoudite. Sylvie Le Maux, vice-présidente du Comité olympique français (CNOSF) en charge de l’eSport, livre son regard sur ce report pour FrancsJeux.
FrancsJeux : Comment réagissez-vous à cette annonce ?
Sylvie Le Maux : Ce n’est pas une surprise, cela confirme ce que je pensais et ce que les rumeurs disaient. C’est bien parce que nous n’aurions pas eu le temps de nous préparer correctement, ça mettait tout le monde en difficulté. Plus le temps se raccourcissait, plus il aurait fallu en passer par un modèle d’invitation, ce qui ne correspond pas au modèle olympique. N’importe quel sportif qui participe aux Jeux olympiques veut être sélectionné, pas invité. Pour les joueurs, entrer dans le mouvement olympique, participer avec le drapeau de l’équipe de France, c’est absolument génial. Mais il faut un cadre et des règles, sinon ça dégrade l’événement.
Quels échos aviez-vous de la part des acteurs du milieu ?
Ils pensaient tous que ça ne pourrait pas se faire en décembre 2025, mais tout le monde avait hâte que ce soit dit officiellement. Je suis souvent en contact avec les clubs et je vois régulièrement certains éditeurs. J’étais encore récemment avec Marc de Saxce, de Riot Games. Il me disait : « Moi, il y a longtemps que mon agenda est plein pour décembre 2025. » Le timing était trop court. C’est très nouveau qu’un éditeur travaille avec le CIO pour réécrire ou adapter un jeu. C’est une relation atypique, ça ne peut pas se faire en si peu de temps.
Le CIO a annoncé un partenariat avec l’Esports World Cup Foundation pour organiser ces Jeux. Qu’en pensez-vous ?
Ça me semble logique. Ils organisent leur tournoi, l’Esports World Cup, pendant deux mois tous les étés. Ce sont les plus experts, ils savent comment faire un événement dans un temps donné avec le matériel, les prestataires et la logistique que cela demande. C’est au même endroit, en Arabie saoudite, donc autant s’appuyer sur eux.
Ce report efface toutes les inquiétudes, ou pose-t-il d’autres problématiques ?
Le communiqué n’est pas encore très précis, il reste des incertitudes. Ce que je crains, c’est que le monde de l’eSport va si vite que quand on leur parle de 2027, c’est le siècle prochain. Qu’est-ce qui dit que LOL sera encore un jeu adoré dans le monde entier, ou qu’un autre jeu ne va pas apparaître entre-temps et faire le bonheur des nouvelles générations ? On ne parlera plus forcément aux mêmes joueurs, les équipes ne seront pas forcément classées de la même manière… Tout change tellement vite, je ne sais pas si on parlera aux même personnes que celles qu’on identifie aujourd’hui.
Où en est le CNOSF dans sa préparation de cette première édition ?
J’ai formé un groupe de travail avec des joueurs, des clubs, des éditeurs, des agences… Un groupe de 13-15 personnes qui représente tout l’écosystème de l’eSport. On se réunira dès que possible pour poser les sujets sur la table et travailler de manière agile afin que le joueur et le club soient vraiment au cœur du débat. Pour composer les équipes de France, on consultera les entraîneurs de chacun des clubs car les clubs sont tous d’accord pour sélectionner les meilleurs. Ce n’est pas évident, on ne va pas trouver tout d’un coup un entraîneur national de l’eSport comme dans les autres disciplines. Il faut adapter notre réflexion et notre process au modèle de l’eSport aujourd’hui. En parallèle, mon rôle est aussi d’accompagner et accélérer la structuration de l’eSport en France, ce qui nous aidera. J’avance un peu parce que j’ai vu les conseillers sport du Président de la République et du Premier ministre lors des quinze derniers jours. Ils prennent le sujet en main. Ils devraient normalement en parler entre eux cette semaine.