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Le combat dure depuis des mois, et on ne sait toujours pas quand la cloche sonnera. L’Association internationale de boxe (IBA) rappelle à la moindre occasion qu’Imane Khelif et Lin Yu-ting n’auraient pas dû être autorisées à participer aux Jeux olympiques de Paris 2024, comptant en faire des exemples dans sa gestion des athlètes transgenres. Face aux attaques répétées, la championne olympique algérienne a remis ses gants et annoncé qu’elle n’hésiterait pas à attaquer l’IBA en justice. Le feuilleton, symbole du débat sur la place accordée aux athlètes transgenres, promet d’être encore long.
« Je me battrai sur le ring, je me battrai au tribunal »
Lâchée par le CIO, l’IBA a fait de ce dossier une question politique. Déterminée à prouver qu’elle avait raison de disqualifier Imane Khelif et Lin Yu-ting, elle a annoncé le dépôt, en Suisse, d’une plainte contre l’instance, estimant que le CIO a mis la sécurité des autres boxeuses en danger en autorisant leur participation. Des plaintes similaires doivent être déposées en France et aux États-Unis. Le président de l’IBA, Umar Kremlev, a appelé les athlètes qui ont souffert de cette situation à accentuer la pression en portant également plainte « contre le président du CIO Thomas Bach, le directeur des sports Kit McConnell, et leurs équipes respectives ». Le Russe a d’ailleurs promis « un soutien juridique complet et gratuit » aux boxeuses qui s’engageront dans cette voie. Le message est clair : le monde de la boxe doit monter au front contre le CIO et ses dirigeants.
Imane Khelif a répondu sur ses réseaux sociaux. « L’IBA, une organisation à laquelle je ne suis plus associée et qui n’est plus reconnue par le Comité international olympique, a encore proféré des accusations infondées qui sont fausses et insultantes, écrit-elle dans son communiqué. Mon équipe analyse la situation avec attention et prendra toutes les mesures légales nécessaires pour s’assurer que mes droits et que les principes d’une compétition équitable soient respectés. Ceux qui ont mené ces actions devraient être tenus pour responsables, et nous poursuivrons toutes les voies légales pour que la justice l’emporte. Je ne m’enfuis pas. Je me battrai sur le ring, je me battrai au tribunal. »
L’IBA a remis une pièce dans la machine en applaudissant cette prise de parole. Loin de craindre un procès, la fédération y voit l’occasion de soutenir sa position et de mettre en avant les tests de genre qu’elle avait réalisés. « Nous avons reçu une excellente nouvelle : le CIO devra faire face aux conséquences de ses décisions car Imane Khelif va intenter une action en justice contre l’IBA, a commenté Umar Kremlev. Nous sommes très heureux car nous serons en mesure de prouver devant le tribunal que Khelif, sur la base des critères d’éligibilité, n’a pas été autorisée à participer à des événements de boxe féminine afin de garantir la sécurité et l’égalité des chances aux compétitrices. Nous insisterons sur l’examen médico-légal, qui prouvera notre position, et nous communiquerons le résultat en conséquence. Thomas Bach devra répondre personnellement de ses actes devant la justice. »
Le futur président du CIO en arbitre ?
Sûre d’elle, l’IBA ne cherche rien d’autre que le KO. Elle se présente comme la fédération la plus engagée dans ce combat pour l’équité et la sécurité des boxeuses, par opposition avec sa nouvelle rivale, World Boxing. Une fermeté qui a fait mouche chez Azania Omo-Agege, président par intérim de la Fédération de boxe du Nigeria (NBF). Celui-ci a publiquement remis en cause le choix de son prédécesseur, Kenneth Minimah, de quitter l’IBA pour rejoindre World Boxing, « une fédération qui soutient les athlètes transgenres, ce qui est contraire à notre constitution ». Le retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis a conforté l’IBA dans son idée. Le Républicain s’est en effet empressé de signer un décret pour « garder les hommes hors des sports féminins ». Le milliardaire a pris Imane Khelif pour cible depuis les Jeux, autant sur les réseaux sociaux que dans ses discours, sous-entendant clairement qu’il la considérait comme un homme.
Le sujet prend de l’ampleur et s’invite désormais dans de nombreuses fédérations. World Triathlon vient de réviser son règlement, misant notamment sur une catégorie ouverte par groupe d’âge et sur la participation à des recherches universitaires. World Athletics a de son côté lancé une consultation jusqu’au 5 mars, avec l’objectif de prendre en compte les dernières avancées scientifiques et « de maintenir des conditions de concurrence équitables dans la catégorie féminine » dixit Sebastian Coe. Fin janvier, à Lausanne, le candidat David Lappartient avait expliqué que le CIO devait « guider les fédérations internationales vers des décisions basées sur des principes communs et éviter une situation dans laquelle chaque fédération internationale prendrait une position différente dans des scénarios équivalents, ce qui pourrait nuire à l’unité du mouvement olympique ». L’élection du mois de mars promet d’autant plus de peser sur le sujet.