— Publié le 19 février 2025

Edgar Grospiron et les Alpes françaises lancés pour réussir « l’anti Sotchi »

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Cette fois, ça y est ! Le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques des Alpes françaises 2030 est officiellement né mardi 18 février à Décines, au stade de Lyon. L’Assemblée générale constitutive a permis de signer les statuts du COJOP et à toutes les parties prenantes de donner pour de bon le coup d’envoi de ce projet, mené par Edgar Grospiron. Le champion olympique d’Albertville en 1992 a été confirmé comme président du Comité d’organisation, en présence d’athlètes comme le skieur Arthur Bauchet. « Les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver des Alpes Françaises 2030 passent aujourd’hui du projet au concret », s’est félicité Grospiron.

Lillehammer plutôt que Sotchi

La conférence de presse de mardi après-midi a permis d’envoyer un message d’unité, bienvenu après les difficultés des dernières semaines, et d’annoncer la couleur des cinq prochaines années. Au milieu des nombreux remerciements, l’ancien Premier ministre Michel Barnier a répété l’objectif de livrer « des Jeux impeccables dans un contexte de sobriété budgétaire ». La tenue de cette conférence de presse au stade de Lyon n’est pas anodine dans cette optique. « Si nous avons fait ce choix, c’est que le siège du COJOP sera installé à proximité. Nous sommes à la porte des Alpes du nord, et très proche de Marseille et Paris en TGV. Ce lieu s’inscrit dans cette démarche de sobriété et d’accessibilité que nous souhaitons », a souligné Fabrice Pannecoucke, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Son homologue de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, est sur la même longueur d’onde. L’élu voit dans ce projet un message planétaire : « Oui, on ne pourra pas skier demain comme on skiait hier. Oui, le dérèglement climatique est une réalité avec un impact sur la montagne. Mais n’en déplaise aux ronchons, aux grincheux, pratiquer la montagne et les sports d’hiver autrement ne veut pas dire ne plus les pratiquer. Notre candidature est celle de l’optimisme et du réalisme. Nous allons présenter au monde les Jeux les plus verts de l’histoire, les plus exemplaires sur le plan environnemental. Des Jeux avec de la neige, des chalets et des sportifs, un peu comme Lillehammer, l’anti Sotchi, l’anti Pékin. » Ce que la ministre des Sports Marie Barsacq, traduit en « construire moins et construire utile », pour « investir et inventer ensemble la montagne de demain », avec une responsabilité sociale, environnementale et budgétaire.

Un long champ de bosses

Dernier à monter sur l’estrade, Edgar Grospiron a démarré son mandat avec une bonne dose de louanges de la part de ses collègues. Le « boss des bosses », désormais « seigneur des anneaux », comme l’a résumé un Renaud Muselier en grande forme. Porté par un « esprit de conquête », le Haut-Savoyard veut « amener les Jeux vers les gens » pour en faire « une grande fête populaire ». Il voit aussi dans ces JOP l’opportunité d’accompagner « la transition de la montagne française » en réfléchissant à l’habitat, aux transports, à la gestion des ressources, à l’événementiel, au sport et à la culture. « Si on arrive à faire ça, les Jeux comme un catalyseur, on peut amener une contribution pour faire évoluer le monde », assure-t-il. Le président du COJOP a rappelé qu’il n’était pas là pour imposer sa vision, mais qu’il voulait convaincre et travailler en équipe. Michel Barnier lui a tendu la main en affirmant qu’il restera à ses côtés « autant de temps qu’il le voudra » pour permettre au navire d’atteindre sa vitesse de croisière.

Un directeur général sera bientôt recruté pour l’épauler et relever cet immense défi. La composition du COJOP n’est pas encore connue, mais Vincent Jay en fera très probablement partie. Grospiron a appuyé ses remerciements à l’égard de son travail pour la région AURA. « Je serai à ses côtés dès à présent pour l’aider dans sa prise de fonction, a confirmé l’ex-biathlète chez nos confrères de RMC Sport. Etant là depuis le début, je connais tous les rouages techniques. Je veux lui faire gagner du temps en lui apportant ma connaissance du dossier. Je ne veux pas qu’il perde encore six mois à tout maîtriser. » Des propos qui confirment ce que Grospiron avait glissé dans sa lettre de candidature, à savoir qu’il pourrait s’appuyer sur des soutiens majeurs.

« C’est un champ de bosses mais un long champ de bosses qui va durer cinq ans. Il va falloir avoir les cuisses, les genoux, la niaque, sourit Grospiron. La bosse, ce n’est jamais le problème. Ça dépend de la manière dont on la regarde. Je sais qu’on va rencontrer des difficultés, notre enjeu à tous sera de les transformer en opportunités. » Le nouveau patron des Alpes françaises 2030 n’a pas manqué son entrée – hormis au moment de signer le document symbolique de création du COJOP, qu’il a involontairement paraphé à la place dévolue à David Lappartient. Heureusement, il passera très vite des actes symboliques à l’action concrète, notamment sur l’épineux sujet de la carte des sites. Il reste quatre ans et onze mois pour pouvoir honorer la promesse de Renaud Muselier : « Vous avez aimez Paris 2024, vous allez adorer les Alpes 2030 ! »