
Johan Eliasch fait partie des sept candidats à la présidence du CIO, qui seront soumis au vote des membres de l’organisation le 20 mars. Lors de son grand oral, à Lausanne, le président de la Fédération internationale de ski et snowboard (FIS) avait mis en avant son leadership, son expérience du monde des affaires et des institutions sportives ainsi que son engagement environnemental, symbolisé par l’ONG qu’il a co-fondée, Cool Earth. Il développe sa vision pour FrancsJeux dans un entretien en deux parties.
Pourquoi souhaitez-vous devenir président du CIO ?
Cela tient en un mot : l’espoir. Je crois que le mouvement olympique est le plus puissant pourvoyeur d’espoir que le monde ait jamais connu. Dans une époque divisée et difficile, nous avons plus que jamais besoin de cet espoir. Nous avons besoin de voir les nations s’unir dans un esprit d’amitié, montrant à des milliards de personnes dans le monde que ce qui nous divise peut être transcendé. Mais pourquoi moi ? Je veux contribuer à orienter l’avenir de ce mouvement parce que j’ai ce qu’il faut pour aider l’organisation à s’élever pour faire face au moment critique que nous vivons. Nous sommes confrontés à des défis sans précédent – géopolitiques, culturels, technologiques – et pour les relever correctement, il faut le bon type de leadership, un leadership ancré dans une expérience sérieuse.
Nous avons besoin d’un leader qui a dirigé des organisations mondiales pendant des périodes de changement intense, qui peut rallier une équipe autour d’une mission commune, qui a une formation en administration sportive, qui en sait beaucoup sur les défis climatiques, qui est un expert en technologie et qui a travaillé aux plus haut niveau de la politique et de la diplomatie internationales. Je possède toutes ces compétences. Je travaillerai sans relâche pour le CIO, afin de garantir que le mouvement olympique puisse continuer à être une puissante force au service du bien dans notre monde en mutation.
Quelles seraient les trois priorités de votre mandat ?
La première priorité est le sport. Cela peut paraître simple, mais dans les grandes organisations, il est facile d’oublier son objectif principal. Le nôtre est d’offrir des démonstrations spectaculaires d’excellence sportive. En pratique, donner la priorité au sport signifie prendre des mesures concrètes sur plusieurs fronts, qu’il s’agisse de veiller à l’épanouissement et à la protection des athlètes ou de revoir les formats sportifs afin que les téléspectateurs des Jeux olympiques et paralympiques sachent qu’ils regardent ce qu’il y a de mieux sur terre. Mettre l’accent sur le sport signifie également que la neutralité politique doit rester un principe sacro-saint du CIO. Peu importe ce qui se passe dans le monde, les athlètes ne doivent pas être instrumentalisés à des fins politiques.
La deuxième priorité est de faire plus avec moins. Je suis un homme d’affaires dans l’âme ; je sais comment innover, améliorer l’efficacité et la qualité tout en réduisant le gaspillage. En tant que président du CIO, je chercherai en permanence à réduire les doublons et à utiliser la technologie pour obtenir plus avec moins. Pour accroître notre rentabilité en tant qu’organisation, nous devons donner un coup de fouet à la numérisation. En ce qui concerne la consommation des médias, nous sommes à la croisée des chemins. Soit nous nous reposons complaisamment sur l’héritage de notre marque et perdons progressivement des parts de marché, soit nous saisissons les opportunités qui s’offrent à nous et nous ciblons sans relâche les plus jeunes. C’est cette dernière approche que j’adopterai, jour après jour. Dans tout cela, l’intelligence artificielle aura un rôle majeur à jouer.
Enfin, ma troisième priorité sera la durabilité. J’ai une longue expérience, je sais ce qui fonctionne. Guidé par la science, je travaillerai sans relâche pour réduire encore l’empreinte carbone de nos activités, de multiples façons mesurables. J’exploiterais le pouvoir du mouvement olympique pour partager ces nouvelles méthodes de travail, non seulement avec les parties prenantes olympiques, mais aussi avec les amateurs de sport du monde entier. Compte tenu de l’urgence de l’action climatique, nous devons voir grand, et c’est ce que je ferai. Un exemple de l’approche que j’adopterai : nous commencerions à faire tourner les Jeux olympiques d’hiver entre des sites permanents. C’est une évidence sur le plan de la durabilité.
Que mettriez-vous en place à court terme, d’ici la fin de l’année 2025 ?
Au cours des premiers mois, je ferais beaucoup de choses. Lancer un vaste examen stratégique de nos opérations afin de nous assurer que nous atteignons nos objectifs avec des indicateurs clefs de performances, des cibles, etc. Lancer une discussion ouverte au sein du CIO sur l’orientation stratégique, mettre en œuvre de nouvelles possibilités pour que les membres puissent se faire entendre. Porter la limite d’âge de tous les membres à 75 ans. Convoquer un groupe d’experts pour élaborer un cadre clair de règles visant à protéger le sport féminin. Commencer à planifier le premier sommet du CIO sur l’intelligence artificielle, qui réunira des penseurs de premier plan dans ce domaine. Entreprendre un examen de tous les produits et plateformes numériques olympiques afin d’accélérer notre approche digitale. Commencer à travailler sur notre initiative « Forest City », qui consiste à préserver à perpétuité une bande de forêt tropicale de la taille de chaque ville hôte. Et bien d’autres choses encore. Je travaillerai 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour réaliser tout ce qui est prévu dans mon manifeste.