
Johan Eliasch fait partie des sept candidats à la présidence du CIO, qui seront soumis au vote des membres de l’organisation le 20 mars. Lors de son grand oral, à Lausanne, le président de la Fédération internationale de ski et snowboard (FIS) avait mis en avant son leadership, son expérience du monde des affaires et des institutions sportives ainsi que son engagement environnemental, symbolisé par l’ONG qu’il a co-fondée, Cool Earth. Il a répondu aux questions de FrancsJeux pour développer sa vision. Deuxième partie de l’entretien, après celle consacrée à ses motivations et à ses priorités.
Le fonctionnement actuel du CIO est-il optimal selon vous ou faut-il le faire évoluer ?
Nous sommes dans une bonne situation. Et nous pouvons faire mieux. Nous pouvons toujours faire mieux. Surtout à une époque comme celle que nous vivons, où les changements nous assaillent de toutes parts. À une époque où tant de choses semblent imprévisibles, nous devons être en avance sur tous les fronts : commercialement, technologiquement, en matière de durabilité, et j’en passe. Je pense que si vous ne bougez pas, vous êtes probablement en train de prendre du retard.
De plus en plus d’événements favorisent les candidatures conjointes et l’organisation entre plusieurs pays. Est-ce une piste envisageable et souhaitable pour l’avenir des Jeux olympiques et paralympiques ?
Oui, sans aucun doute. Le mouvement olympique doit concerner le monde entier. Dans la mesure du possible, nous devons diffuser largement les opportunités liées à l’accueil des Jeux olympiques. Parfois, des candidatures conjointes sont le moyen d’y parvenir. Nous devrions explorer de nouveaux lieux pour les éditions futures. L’idée d’accueillir les Jeux en Afrique, en Inde ou au Moyen-Orient devrait nous enthousiasmer.
Quelle serait votre position au sujet de la participation des athlètes russes et biélorusses à Milan-Cortina 2026 ?
Personne ne peut choisir son lieu de naissance. Il serait extrêmement discriminatoire de refuser à un athlète la possibilité de participer à une compétition en raison de son passeport. Le programme de Paris 2024 pour les athlètes individuels neutres (AIN) a été un succès pour les sportifs russes et biélorusses, nous devrions nous baser dessus pour permettre à davantage d’athlètes neutres de participer aux Jeux. Le passeport d’un athlète ne doit pas l’empêcher de poursuivre ses rêves. En fin de compte, le sport est un droit de l’homme. Le programme des AIN respecte ces droits tout en reconnaissant les réalités géopolitiques actuelles. Nous en revenons aux idéaux qui ont illuminé notre mouvement depuis si longtemps. Notre position unique nous permet de promouvoir le dialogue entre des nations et des communautés divisées, et nous devons utiliser cette capacité plus souvent pour le bien de l’humanité.
L’avenir olympique de la boxe, pourtant un sport emblématique, est incertain. Les efforts entrepris par World Boxing sont-ils suffisants à vos yeux pour que la boxe reste au programme ?
Je sais que World Boxing a fait de grands efforts ces derniers temps. Je ne veux pas anticiper les décisions internes du CIO, mais je dirais que la récente décision d’accorder à World Boxing une reconnaissance provisoire en tant que fédération internationale régissant le sport est clairement un pas en avant positif.
Vous êtes le seul des sept candidats à venir de l’univers des sports d’hiver. Est-ce un handicap ?
Pas du tout. J’aime tous les sports, qu’ils soient d’été ou d’hiver. Non seulement j’ai été moi-même un athlète passionné – du curling à la voile, en passant par le ski et le golf – mais j’ai aussi passé 30 ans chez HEAD à travailler sur des innovations pour de nombreux sports d’été : tennis, golf, plongée, natation et cyclisme. Dans tous ces sports, nous avons utilisé des technologies de pointe pour apporter des améliorations révolutionnaires en matière de performance et de sécurité des athlètes, tout en signant d’importants contrats de sponsoring avec des athlètes d’élite. Donc malgré ma fierté d’être le président de la plus grande fédération de sports d’hiver, je ne me considère pas uniquement issu des sports d’hiver. En fait, c’est un avantage d’être aussi à l’aise dans les sports d’hiver que dans les sports d’été.