
Une page se tournera le 23 juin prochain. Après douze ans à la tête du Comité international olympique, Thomas Bach passera officiellement le relais à son successeur, élu le 20 mars. L’ancien fleurettiste abandonnera en même temps son siège de membre de l’instance, qu’il occupe depuis 1991. « Les quatre premières semaines, je pense que je dormirai, confie-t-il non sans une pointe d’humour à l’agence AP. Ensuite, je ferai un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, tout seul, et j’espère que cela m’inspirera pour mon avenir. » Dans la dernière ligne droite de son mandat, le dirigeant allemand estime qu’il laissera le CIO sur de bons rails.
Des revenus assurés, une crédibilité restaurée
Dans un contexte économique difficile, le CIO, lui, ne connait pas la crise. Ses revenus, qui reposent sur le programme TOP et sur les droits de diffusion, sont passés de 5,2 milliards de dollars sur le cycle 2013-2016 à 6,9 milliards pour 2017-2021 et à 7,7 milliards pour 2021-2024. Des contrats d’une valeur de 7,4 milliards de dollars sont déjà assurés pour l’olympiade 2025-2028, et 6,5 milliards pour 2029-2032. Face au retrait des géants japonais, le CIO a su rebondir en séduisant la Chine, à l’image du deal annoncé le mois dernier avec TCL. « La Chine devient un partenaire de plus en plus important dans le programme TOP, souligne Thomas Bach. Cela reflète le développement de l’économie mondiale. Nous voyons la Chine émerger et devenir de plus en plus importante dans l’économie mondiale, avec un accent particulier sur la technologie et la technologie verte. Cela se reflète dans notre nouveau partenariat TOP avec TCL, notre partenariat à long terme avec Alibaba et le partenariat avec Mengniu. »
Le patron du CIO rappelle ainsi que les Jeux olympiques restent attractifs. Ce que Paris 2024 a confirmé, bien au-delà de toutes les espérances. « Ce que nous avons vu à Paris, c’est un énorme succès. Les chiffres de Comcast ont atteint des sommets », note l’Allemand, insistant sur l’intégration de nouveaux modèles pour valoriser le produit olympique. Le groupe Comcast comprend NBC Sports, qui a vendu pour 1,43 milliard de dollars de publicité pendant les Jeux, et la plateforme de streaming Peacock, qui a enregistré presque 3 millions d’abonnés supplémentaires. « Les chiffres parlent d’eux-mêmes », répète Bach, pour bien faire comprendre que le CIO a su s’adapter aux évolutions du monde médiatique et des modes de consommation du sport. Il se félicite également de voir que les allégations de corruption sur la désignation des villes hôtes des JOP se sont dissipés avec la nouvelle procédure d’attribution. « L’atmosphère n’était tout simplement pas saine. Cela a mis en doute toute la crédibilité du CIO », regrette Bach alors que des accusations ont terni Londres 2012, Rio 2016 ou encore Tokyo 2020.
Une « campagne de désinformation » autour d’Imane Khelif
« En pleine forme et très heureux » selon ses mots, il savoure de vivre actuellement « la première période de (sa) présidence » où il n’y a « pas de problème existentiel concernant les Jeux olympiques ou le mouvement olympique sur (son) bureau ». Les turbulences perdurent malgré tout. Notamment en provenance de l’IBA, qui lui reproche directement la décision d’avoir autorisé les boxeuses Imane Khelif et Lin Yu-ting à participer aux Jeux de Paris 2024. Le président du CIO reste cependant droit dans ses bottes. « Ces deux boxeuses sont nées en tant que femmes, elles ont été élevées en tant que femmes, elles ont concouru en tant que femmes et personne n’a jamais affirmé qu’elles étaient transgenres, explique-t-il à AP. Ce qui s’est passé, c’est une campagne de désinformation menée par la Russie qui a ensuite déformé la vérité, les faits, et nous nous retrouvons maintenant dans cette situation malheureuse où ces deux athlètes sont considérées comme transgenres. Mais elles ne le sont pas. » Le président des États-Unis Donald Trump a lui aussi attaqué les deux boxeuses et menacé d’interdire aux athlètes transgenres d’entrer sur le territoire américain pour les Jeux de Los Angeles 2028. Néanmoins, Thomas Bach veut croire que tous les athlètes qualifiés pourront concourir dans trois ans. Les Américains « voudront accueillir les athlètes du monde entier », glisse-t-il. « Les Jeux sont plus que du sport, rappelle le dirigeant. Nos valeurs sont très claires et les Jeux olympiques reposent dessus. » À bon entendeur.