— Publié le 11 mars 2025

Juan Antonio Samaranch Jr : « Nos valeurs sont plus importantes que jamais  »

Institutions Focus

Juan Antonio Samaranch Jr fait partie des sept candidats à la présidence du CIO, qui seront soumis au vote des membres de l’organisation le 20 mars. Il pourrait devenir le deuxième Espagnol à occuper cette fonction après… son père, qui était aux manettes de 1980 à 2001. Le candidat de 65 ans peut s’appuyer sur une solide expérience et sur une connaissance profonde du mouvement olympique puisqu’il il a intégré l’instance en tant que membre en 2001, et en est actuellement vice-président. Il développe sa vision pour FrancsJeux.


Pourquoi souhaitez-vous devenir président du CIO ?

J’ai la chance de pouvoir dire que j’ai fait partie du mouvement olympique tout au long de ma vie, depuis les premiers Jeux que j’ai suivis en tant qu’enfant, Munich 1972, jusqu’aux fantastiques Jeux de Paris l’été dernier. Au cours de cette longue période, j’ai pris conscience de l’importance du mouvement olympique dans le monde divisé d’aujourd’hui. Les valeurs olympiques font partie du petit nombre de choses dans la vie qui nous unissent plutôt que nous diviser. À ce stade de ma carrière et de ma vie, je crois humblement avoir acquis la compréhension, la vision et les compétences managériales nécessaires pour mener le CIO vers une nouvelle ère qui, je l’espère, maintiendra et renforcera ces valeurs et la pertinence mondiale du mouvement.

Quelles seraient les trois priorités de votre mandat ?

Nous sommes confrontés à un environnement géopolitique, économique et technologique en pleine mutation. Mes trois priorités seraient les suivantes : d’abord, maintenir et renforcer la pertinence des Jeux olympiques. Tout découle de Jeux réussis, sans quoi tout ce que nous faisons est remis en cause. Ensuite, protéger l’universalité des Jeux et de leurs valeurs. Nos valeurs – exprimées si clairement à travers le village olympique où des personnes de cultures et de religions différentes restent ensemble sous un même toit – sont plus importantes que jamais. Et enfin, nous devons examiner en profondeur notre modèle de business et de revenus, et assurer une base financière solide pour toutes les parties prenantes. Nous devons identifier de nouvelles opportunités commerciales afin d’accroître le soutien financier à toutes les parties prenantes.

Que mettriez-vous en place à court terme, d’ici la fin de l’année 2025 ?

Dans mon manifeste, j’ai défini 40 points d’action clairs qui façonneront mon programme en tant que président si j’ai la chance d’être élu. L’un de ces points est de commander un examen opérationnel complet avec des ressources externes expérimentées, des experts olympiques et certains membres du CIO afin d’évaluer tous les programmes du CIO sur leur alignement sur la mission, leur impact et le retour sur investissement. Si je suis choisi pour diriger le CIO, je m’engage à entamer cet examen dès mon entrée en fonction. Nous devons continuellement revoir nos opérations afin de nous assurer que les ressources sont allouées de manière judicieuse et efficace.

De plus en plus d’événements favorisent les candidatures conjointes et l’organisation entre plusieurs pays. Est-ce une piste envisageable et souhaitable pour l’avenir des Jeux olympiques et paralympiques ?

Ce qui différencie les Jeux des autres événements sportifs, c’est qu’ils vont bien au-delà de la compétition : le village olympique, la communauté, les héros, les valeurs… Nous devons donc éviter d’organiser une collection simultanée de championnats du monde. Nous comprenons qu’il y aura des moments où la ville hôte devra organiser des événements dans d’autres villes ou loin du centre principal des Jeux – pour d’excellentes raisons de durabilité, de coût, et c’est bien ainsi. Mais dans la mesure du possible, je préférerais que la dispersion soit l’exception plutôt que la règle.

« Soyons clairs : nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que la boxe reste dans le programme olympique. Elle est tellement importante pour de nombreux pays de notre famille olympique. »

Quelle serait votre position au sujet de la participation des athlètes russes et biélorusses à Milan-Cortina 2026 ?

Si les raisons de la suspension des comités olympiques russe et biélorusse disparaissent, nous aurons l’obligation de les réintégrer dans les événements olympiques. Nous écoutons les paroles de paix et de progrès, tout le monde espère qu’il y aura bientôt une fin à toutes les souffrances. Si les conditions ne changent pas à temps pour Milan-Cortina, nous devrons appliquer la même recette qu’à Paris, à savoir que les athlètes de ces pays concourront en tant qu’athlètes individuels neutres.

L’avenir olympique de la boxe, pourtant un sport emblématique, est incertain. Les efforts entrepris par World Boxing sont-ils suffisants à vos yeux pour que la boxe reste au programme ?

Le CIO a maintenant pris la décision de reconnaître provisoirement World Boxing comme fédération Internationale au sein du mouvement olympique. Plus de la moitié des boxeurs et des médaillés qui ont concouru à Paris sont affiliés à des fédérations nationales membres de World Boxing. Elle progresse bien sur le plan de la gouvernance et a donné des assurances quant à sa position commerciale. Même s’il reste encore du travail à faire, il s’agit d’un pas dans la bonne direction. Soyons clairs : nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que la boxe reste dans le programme olympique. Elle est tellement importante pour de nombreux pays de notre famille olympique.

La Russie a laissé entendre qu’elle vous considérait comme le meilleur candidat. Cela peut-il vous porter préjudice ?

L’un des aspects positifs de cette campagne et de cette élection est le fait que la centaine de membres qui choisiront le prochain président sont en mesure de le faire en secret. Cette confidentialité préserve notre indépendance et les membres du CIO prendront leurs décisions en fonction de ce qu’ils pensent être bon pour le mouvement.