A l’heure où le CIO s’interroge sur son modèle commercial, la FIFA, elle, se pose moins de questions. La fédération régissant le football international a battu un record en portant ses revenus à 7,6 milliards de dollars sur le cycle 2019-2022. Elle s’est maintenant fixé l’objectif d’atteindre presque le double, 13 milliards de dollars de recettes, sur le cycle 2023-2026. L’argent coule à flot, et cela devrait encore durer. Pour le plus grand bonheur de l’argentier Gianni Infantino.
Money money money
Réuni il y a quelques jours, le Conseil de la FIFA table sur deux milliards de dollars de recettes grâce à la Coupe du monde des clubs (du 14 juin au 13 juillet), son nouveau joujou, « qui établira une nouvelle référence pour le football de clubs mondial ». Un milliard sera distribué aux 32 clubs engagés, venus des quatre coins du globe. « La Coupe du monde des clubs de la FIFA ne sera pas seulement l’apogée du football de clubs, mais aussi une démonstration éclatante de solidarité qui profitera aux clubs dans leur ensemble, comme aucune autre compétition ne l’a jamais fait », assure Gianni Infantino.
Le dirigeant suisse omet cependant les critiques liées à l’intérêt sportif d’une telle compétition et à la surcharge d’un calendrier déjà démentiel, dénoncé depuis plusieurs années par joueurs et entraîneurs. Chaque club participant jouera entre trois et sept matchs. Le Real Madrid pourrait ainsi terminer la saison 2024-2025 avec plus de 70 matchs officiels en onze mois de compétition. Indigeste pour beaucoup de joueurs, fatigués physiquement et mentalement, mais aussi pour les spectateurs, que la FIFA cherche continuellement à gaver, quitte à les écœurer.
L’ogre qui avait toujours faim
Obsédée par les profits plus que par le sport, l’instance a déjà remodelé la Coupe du monde. La formule à 32 nations est morte et enterrée : dès 2026, le tournoi s’ouvrira à 48 équipes. Le nombre de matchs passera donc de 64 à 104. Et comme si ça ne suffisait pas, elle envisage de réunir 64 équipes en 2030 pour l’édition du centenaire. Cette proposition formulée par Ignacio Alonso, président de la Fédération uruguayenne de football, a été jugée « intéressante » par Gianni Infantino, qui souhaite « l’analyser de plus près » selon le New York Times. Pas étonnant quand on sait que le président de la FIFA a publiquement défendu l’idée d’organiser la Coupe du monde tous les deux ans, pour générer toujours plus de revenus.
Pour faire grossir le gâteau, l’instance mise aussi sur le football féminin, dont le potentiel n’est pas encore totalement exploité. Le Conseil de la FIFA a acté le lancement de la Women’s Champions Cup en 2026, un tournoi dédié aux six champions continentaux, et de la Coupe du monde des clubs féminins en 2028, avec 19 clubs participants. La FIFA a aussi appelé les candidats potentiels à l’organisation des Coupes du monde 2031 et 2035 à se manifester, et désignera les hôtes l’an prochain. Les quatre nations du Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Galles, Irlande du Nord) ont déjà exprimé leur intérêt pour accueillir la compétition en 2035. Un terreau fertile au regard du succès de l’Euro féminin en 2022, qui a engendré des bénéfices inédits. La FIFA s’en frotte déjà les mains.