— Publié le 17 mars 2025

David Lappartient : « Les enjeux géopolitiques vont nécessiter expérience et leadership »

Institutions Focus

David Lappartient fait partie des sept candidats à la présidence du CIO, qui seront soumis au vote des membres de l’organisation jeudi 20 mars. Connu et reconnu dans le milieu du cyclisme, il a dirigé la fédération française (2009-2017) et l’Union européenne de cyclisme (2013-2017), avant de devenir président de l’Union cycliste internationale en 2017. Il est aussi le président du Comité national olympique et sportif français depuis 2023. Le Breton de 51 ans, deuxième plus jeune candidat de cette élection, a répondu aux questions de FrancsJeux pour développer sa vision.


Pourquoi voulez-vous devenir président du CIO ?

Mon parcours et mon expérience font que je pense répondre au profil type qu’avait donné le président Thomas Bach dans son allocution de clôture du CIO. J’ai l’expérience, l’énergie et l’envie d’être candidat. Je considère que ce que j’ai pu apporter dans les mandats qui ont été les miens me permet d’être aujourd’hui un candidat à la présidence du CIO.

Quelles seraient les trois priorités de votre mandat ?

Dans mes priorités, on trouve naturellement le fait d’assurer la pérennité du modèle olympique, le rayonnement des Jeux olympiques, et d’un modèle économique qui, s’il est sécurisé pour les huit ans à venir, dans un monde aussi changeant peut constituer un sujet particulièrement compliqué. Deuxième élément, il faudra faire face aux enjeux géopolitiques qui seront complexes dans les temps à venir et vont nécessiter de l’expérience et du leadership. Troisième élément – mais il n’y a pas d’ordre de hiérarchie entre les trois –, il nous faut maintenir la place du sport au cœur du CIO : nous devons rester une organisation sportive et j’y veillerais.

Si vous êtes élu, quelles actions concrètes aimeriez-vous mettre en place d’ici la fin de l’année 2025 ?

Il y a d’abord le processus de désignation des villes hôtes des Jeux de 2036 qui n’a pas encore été clairement défini et cela me semble une priorité. Dans cette période, j’échangerais également avec l’ensemble des partenaires du CIO, économiques et médias, afin de m’assurer de la pérennité des relations, c’est fondamental. Et puis, il faudra imaginer un agenda 2036 dont je souhaite élaborer une première version dès la fin d’année.

« La compacité des Jeux est assurément un atout pour l’expérience athlète, pour la réduction du bilan carbone et pour la dynamique générale. »

Le fonctionnement actuel du CIO est-il optimal selon vous, ou voudriez-vous le modifier ? Si oui, de quelle manière ?

Je ne connais pas d’organisation qui ne soit pas perfectible mais avant de commencer à vouloir faire une révolution, il faut d’abord savoir comment cela fonctionne en détail. Je connais pour partie le fonctionnement du CIO, compte tenu de mes missions actuelles en son sein, mais pas comme un président qui le connaitrait encore mieux. J’ai donc besoin de me faire mon propre avis sur un certain nombre de choses et justement, en lien avec l’objectif que le sport soit au cœur de nos préoccupations.

De plus en plus d’événements majeurs valorisent des candidatures conjointes et la co-organisation entre plusieurs pays. Est-ce une piste envisageable pour l’avenir des Jeux olympiques et paralympiques ?

C’est une piste possible. Pour autant, comme nous avons pu le voir lors des Jeux de Paris 2024, la compacité des Jeux est assurément un atout pour l’expérience athlète, pour la réduction du bilan carbone et pour la dynamique générale. C’est une piste de réflexion, notamment pour éviter de construire des équipements dont nous n’aurions plus l’utilité ensuite ou qui existent déjà chez un voisin, mais qui ne doit pas forcément être généralisée. Il s’agit d’une option à utiliser lorsque cela apporte une plus-value mais pas d’un prérequis pour organiser les Jeux.

Quelle serait votre position au sujet de la participation des athlètes russes et biélorusses à Milan-Cortina 2026 ?

Il est un peu tôt pour répondre à cette question dans la mesure où l’on ne connait pas encore les conditions qui peuvent être celles d’un traité de paix qui, je l’espère, pourrait intervenir. Nous avons une position aujourd’hui et avant de la modifier, encore faudrait-il que des éléments permettent de la changer. Cependant, il est certain que des athlètes, individuellement neutres, doivent pouvoir participer car personne ne doit être discriminé sur la seule détention d’un passeport et aucun pays n’a pour vocation à demeurer de manière indéterminée en dehors de la famille olympique.

Le CIO doit prendre une décision au cours de l’année sur l’avenir de la boxe. Les efforts entrepris par World Boxing sont-ils suffisants à vos yeux pour que la discipline reste olympique ?

Une décision a été prise lors de la dernière commission exécutive du CIO tendant à une reconnaissance provisoire de World Boxing. C’est une première étape majeure car elle implique le maintien de la boxe au programme des Jeux olympiques. Il conviendra maintenant de travailler et de vérifier en quoi World Boxing présente une représentation optimale et un fonctionnement garantissant le respect de la charte olympique. Des conditions qui, si elles sont remplies, permettront de passer d’une reconnaissance provisoire à une reconnaissance totale.

Si vous êtes élu, abandonnerez-vous tous vos mandats, sportifs mais aussi politiques ?

Bien évidemment. Il ne peut pas en être autrement. Lorsqu’on est président du CIO, on doit être concentré sur sa tâche et ne pas avoir de conflits d’intérêts ou de position politique. Donc oui, j’exercerais cette mission à 100%.