— Publié le 24 mars 2025

Bach et Coventry, un tandem à la barre

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Un tourbillon s’est emparé de Kirsty Coventry depuis son élection jeudi. La future présidente du Comité international olympique est rentrée chez elle, au Zimbabwe, dimanche. La septuple médaillée olympique a été célébrée en grande pompe, dès son arrivée à l’aéroport. « Ce n’est pas juste mon succès, c’est le nôtre. Nous avons fait tomber les barrières », a-t-elle déclaré devant ses compatriotes. La première femme à présider le CIO a surtout enchaîné les interviews et commencé à préparer le terrain avec Thomas Bach pour pouvoir prendre la relève en juin.

Un président, une commandante

La Zimbabwéenne a échangé avec le président actuel dès vendredi matin. Une première réunion qui a permis d’établir une feuille de route sur la manière de procéder jusqu’à la passation de pouvoir du 23 juin. « Aucune décision ne sera prise contre l’avis de la présidente élue. Toutes les décisions qui doivent être prises seront discutées entre nous et l’avis de la présidente élue prévaudra bien sûr en cas de divergence d’opinion », a assuré Thomas Bach devant la presse. Le dirigeant s’est montré « heureux, détendu et soulagé » au lendemain du scrutin, qui a donné lieu à un véritable plébiscite. « Je suis très soulagé par l’unité que le résultat des élections a démontrée », a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse, Coventry ayant obtenu la majorité absolue dès le premier tour.

L’Allemand a ainsi affiché sa confiance en l’avenir du mouvement olympique avec sa collègue aux manettes. « Elle est habituée à devoir répondre aux attentes, a-t-il rappelé. Cela aide d’avoir été athlète, vous savez comment y faire face. Si vous avez une boussole claire, et c’est son cas, je n’ai pas de doute quant à sa capacité à gérer ces attentes. » Elles seront particulièrement fortes en Afrique, d’autant que Coventry dirige la commission de coordination des JOJ de Dakar 2026. Le continent n’espère qu’une chose : que le message envoyé par l’élection de la Zimbabwéenne se traduise par un renforcement de la place de l’Afrique au sein du mouvement olympique. Notamment au travers de l’organisation d’une première édition des Jeux olympiques et paralympiques, potentiellement dès 2036.

Trois mois pour être prête

Bach et Coventry se concerteront pour décider lequel des deux assistera à tel ou tel événement au cours des prochains mois, afin d’assurer l’efficacité de l’action du CIO. Il est déjà acté que l’Allemand dirigera la commission exécutive du CIO le 9 avril, en présence de l’ex-nageuse. Leur bonne collaboration ne fait aucun doute compte tenu de l’estime qu’ils ont l’un pour l’autre. La victoire sans appel de Coventry témoigne d’ailleurs du poids et de l’influence de son prédécesseur, qui en avait fait sa favorite. Le petit-déjeuner partagé vendredi matin a permis d’aborder « des aspects techniques et les dates de la transition » selon Bach, qui a évoqué, dans un deuxième temps, « des discussions et des présentations par chacun des départements du CIO ».

La Zimbabwéenne sait où elle met les pieds puisqu’elle a intégré le CIO en 2013, faisant partie de la commission des athlètes, de la commission exécutive et de plusieurs commissions. Les mois à venir doivent lui permettre d’aller plus loin, de maîtriser tous les procédés et d’être informée de tous les dossiers en cours – par exemple des négociations lancées avec de potentiels partenaires – pour pouvoir diriger l’institution dans les meilleures conditions. Les prochaines semaines doivent aussi permettre à Coventry de préparer son installation à Lausanne, en famille, puisqu’elle a deux filles, et de rendre son tablier de ministre des Sports du Zimbabwe en bonne et due forme. « Je ne ferai pas les deux. Ils le savaient et m’ont soutenue dans cette campagne, a-t-elle expliqué en parlant de ses compatriotes. Je crois qu’ils seront peut-être un peu tristes, mais en même temps ils sont fiers de moi. » L’oiseau quitte le nid, promis à un sacré défi.