« À bien des égards, les Jeux de Paris 2024 représentent l’aboutissement de notre long parcours ensemble. » Thomas Bach ne pouvait rêver meilleure sortie. Le président du CIO transmettra le témoin à Kirsty Coventry en juin, avec le sentiment du devoir accompli. « Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 marquent un tournant dans l’histoire du mouvement olympique, expliquait-il en Grèce. Ces Jeux ont véritablement été ceux d’une nouvelle ère. À Paris, nous avons vu l’Agenda olympique prendre vie. » Une réussite telle que le CIO va réunir des cadres de Paris 2024 pour composer une équipe spécialement dédiée à l’accompagnement du comité d’organisation des Jeux d’hiver 2030. Une première.
Rattraper le temps
Le CIO a suivi avec une certaine inquiétude le lancement tardif du COJOP, le 18 février, à tout juste cinq ans de l’échéance. Il a donc décidé de mobiliser les ressources de Paris 2024 pour s’assurer que le navire trouve rapidement son rythme de croisière. « Il faut imaginer qu’à la fin de l’année, il faut avoir monté les bases d’une société multinationale avec une exposition universelle, pour l’événement le plus grand, le plus sophistiqué, le plus exposé. L’écosystème est ultra complexe. Quand on n’a pas besoin de refaire un plan opérationnel mais de l’adapter, ce sont des mois et des mois de conception qu’on raccourcit », justifie Christophe Dubi, directeur exécutif des JO au sein du CIO, dans les colonnes du Dauphiné.
Étienne Thobois, directeur général de Paris 2024, fera notamment partie de cette mission. « Dans moins d’une année, on est à Vérone pour la transmission du drapeau olympique à la France. Un comité d’organisation à moins de quatre ans des Jeux doit avoir des bases super solides : vision, stratégie, plan de jeu. La vision, c’est essentiel. L’idée générale, c’est qu’à la fin de l’année, on doit être dans les clous. Pour cela, il est juste d’avoir Etienne comme chef d’orchestre », poursuit Christophe Dubi. « Je trouve que c’est une chance », a commenté Edgar Grospiron, loin de le prendre comme une mise sous tutelle. Le président du COJOP y voit une aide précieuse pour mettre en œuvre « notre structure opérationnelle » et « avoir une vision extrêmement claire de tous les sites de compétition ». Même enthousiasme du côté de la ministre des Sports Marie Barsacq, qui était à ses côtés en Grèce : « Les Alpes françaises vont pouvoir bénéficier d’outils sur lesquels Paris 2024 a mis du temps à travailler. On va gagner beaucoup de temps. Il y a de nombreuses questions et cette mission va permettre d’avancer efficacement. »
Servir aux Alpes 2030, mais aussi à Los Angeles 2028
La présentation réalisée lors de la 144e session du CIO a permis de dessiner plus nettement les contours du financement de ces Jeux d’hiver 2030. L’État français contribuera à hauteur de 362 millions d’euros – presque trois fois plus qu’à Paris 2024. Les deux régions hôtes ajouteront 100 millions d’euros sur la table, portant à 23% la part du budget financée par de l’argent public. Pour respecter le plan établi, la mission mise en place par le CIO doit permettre de poser des bases commerciales, « rendre une proposition de valeur pour des partenaires qui ont adoré Paris 2024 et qui veulent repartir sur une édition, ou ceux qui ne l’étaient pas et qui souhaiteraient en être ». Edgar Grospiron espère obtenir 600 millions d’euros via des partenariats, presque un tiers du budget total de 2 milliards. Le regard de Paris 2024 sera précieux, là encore, puisque le COJOP a terminé avec un excédent de 27 millions d’euros.
Christophe Dubi estime également que l’expérience de Paris ne doit pas être cantonnée au territoire franco-français, mais servir, entre autres, à Los Angeles 2028, pour être « toujours un peu mieux informés, toujours un peu plus intelligents ». Il précise : « Ceux qui ont géré cette complexité, cette ambition, cette sophistication au niveau de Paris, on ne peut pas s’en passer. Bien sûr que les Américains savent faire. Je suis allé voir un match de foot américain au SoFi Stadium, c’était incroyable. Sauf que quand vous devez construire une piscine temporaire, vous êtes content de ce qui a été fait avant à Paris. C’est nécessaire d’avoir cette relation. De pousser le plus loin possible l’analyse des Jeux de Paris. C’est en analysant ce qui a marché et ce qu’on peut améliorer qu’on fera des Jeux à LA à la hauteur des attentes. » L’héritage de Paris 2024 passe aussi par là.