Les jeux sont faits ! Les pays intéressés par l’organisation des Jeux du Commonwealth 2030 avaient jusqu’à lundi pour se faire connaître. La Fédération des Jeux (CGF) a désormais les cartes en main pour désigner, dans les prochains mois, le pays hôte de cette édition spéciale, qui marquera les cent ans de l’événement. Une certitude à ce stade : l’Inde est dans les rangs. La présidente de l’Association olympique indienne (IOA), P.T. Usha, a confirmé à Reuters que l’Inde avait « envoyé une expression d’intérêt », en espérant que la CGF « prenne notre proposition en considération ». Un barreau de plus sur l’échelle qui doit mener le pays jusqu’à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques.
Coldplay, l’argument que l’on n’attendait pas
L’Inde a déjà accueilli les Jeux du Commonwealth, en 2010, à New Delhi – non sans essuyer des allégations de corruption et de mauvaise gestion. Cette fois, c’est Ahmedabad, dans l’État du Gujarat, à l’ouest du pays, qui se propose comme hôte. « Ahmedabad a démontré sa capacité à accueillir des événements majeurs, y compris la finale de la Coupe du monde de cricket 2023 et le récent concert de Coldplay », justifie P.T. Usha. En janvier, le célèbre groupe a donné le plus grand concert de sa carrière au stade Narendra Modi, devant plus de 110.000 spectateurs. Une belle publicité pour l’Inde, qui a aussi développé ses échanges avec des acteurs clefs du monde olympique.
En janvier, le président de la CGF Chris Jenkins s’est justement rendu dans l’État du Uttarakhand pour assister à l’ouverture des Jeux nationaux. « Nous partageons la vision de l’Inde dans la promotion du sport et la célébration de l’excellence sur la scène internationale, et l’ouverture des Jeux nationaux à Dehradun marque un moment important dans le voyage sportif de l’Inde. L’événement promet de mettre en avant l’engagement de l’Inde dans le développement du sport », commentait Jenkins, qui a pu échanger directement avec P.T. Usha lors de cette visite.
Katie Sadleir, directrice exécutive de la CGF, a elle aussi envoyé un signal positif en s’exprimant lors d’un sommet à New Dehli au mois de février. « Accueillir les Jeux olympiques serait un accomplissement incroyable, et avoit les Jeux du Commonwealth 2030 en Inde serait une bonne étape vers cet objectif, expliquait-elle. Le soutien politique et la passion des gens ici sont incroyables. La volonté est là, et les gens comprennent le pouvoir du sport et des Jeux du Commonwealth. » Des louanges qui confirment qu’une attribution des Jeux 2030 à l’Inde ferait les affaires de tout le monde, y compris de la CGF, qui souhaite relancer une dynamique autour de l’événement au-delà du continent européen, hôte en 2022 (Birmingham) et 2026 (Glasgow).
La natation et l’athlétisme dans le viseur
Des investissements conséquents sont entrepris depuis plusieurs mois à Ahmedabad en vue d’en faire une place forte du sport mondial. « Le gouvernement du Gujarat s’attache à développer l’État, et particulièrement Ahmedabad, en un hub sportif. Le Gujarat a organisé des compétitions de niveau national et international avec succès pendant l’année écoulée », rappelait le ministre des Sports Harsh Sanghavi. Le Naranpura Sports Complex, le plus grand complexe multisport du pays, sera inauguré d’ici peu et accueillera les Championnats d’Asie de natation dès le mois de novembre. Parmi les autres projets prévus, la construction d’un centre de tir et d’un stade d’athlétisme de 30.000 places à l’Académie de police de Karai.
Le pays espère ainsi marquer des points et continuer sur sa lancée en obtenant l’organisation des Jeux mondiaux des sports de combat en 2027, des Championnats du monde d’athlétisme U20 en 2028 (World Athletics décidera en septembre), des Jeux olympiques de la Jeunesse en 2030 et des Jeux asiatiques de la Jeunesse en 2033. Tout ça, évidemment, avec les JOP 2036 comme objectif ultime. The Times of India a déjà révélé que l’organisation des Jeux en Inde pourrait coûter jusqu’à 7,5 milliards de dollars. Selon les plans des autorités, Ahmedabad et la ville voisine de Ghandinagar accueilleraient 80 % des épreuves, dans un rayon de 20 kilomètres autour du village olympique. Le surf et la voile atterriraient à Goa, le canoë-kayak slalom à Bhopal, l’aviron et le canoë-kayak sprint à Pune, et le cricket et le football à Mumbai. L’Inde a déjà tout prévu. Il ne reste plus qu’à convaincre les CIO et les FI, et à confirmer sa capacité à organiser des événements multisport majeurs, sur le terrain.