Plus qu’une simple structure dédiée au sport, le skatepark est « un lieu de rencontre pour tous ceux qui aiment la ville et qui veulent célébrer la vie urbaine », comme le souligne World Skate. La fédération a bien compris qu’il fallait en faire un espace attrayant, « parfaitement intégré dans l’environnement architectural des villes ». Raison pour laquelle elle encourage via son département des infrastructures, la conception de skateparks « uniques dans leur design », pour favoriser la créativité du skateboard. De nombreuses initiatives ont émergé et mis ces idées en application ces dernières années.
« Des espaces extrêmement géométriques »
L’arrivée du skateboard au programme des Jeux olympiques a logiquement boosté ces projets. L’an passé, une sculpture monumentale ouverte aux skateurs a été installée sur le parvis du Centre Pompidou, à Paris, pendant trois mois. L’œuvre a été pensée pour conjuguer l’art et l’esprit du skatepark, un cadre de vie, d’échange et de loisir sportif. « Depuis de longues années, je m’intéresse à l’histoire de la géométrie, et parallèlement à l’histoire du skateboard », expliquait l’artiste derrière ce projet, Raphaël Zarka. Sa Cycloïde Piazza constitue ainsi « la rencontre de ces deux histoires qui fonctionnent un peu de la même manière, car tous les espaces de skateboard sont des espaces extrêmement géométriques ».

Cette Cycloïde Piazza s’est inscrite dans le cadre de l’Olympiade culturelle (Fred Mortagne).
En associant des rondeurs et des lignes, le skatepark se révèle être un support artistique intéressant, où les formes, les volumes, les angles et les courbes offrent un large éventail de possibilités esthétiques. Raphaël Zarka avait déjà conçu une Rampe cycloïdale, qui a été installée dans plusieurs villes de l’Hexagone, dont Rouen. Avec cette œuvre skatable, qui est « tout autant une sculpture posée dans l’espace public qu’un équipement sportif à même de ravir les amateurs de sports de rue », la municipalité y a vu une manière d’amener la culture vers le public car « trop de personnes s’interdisent de pousser les portes d’un musée ou d’une galerie d’art ».

Le bowl provisoire installé au pied des marches du Sacré-Cœur l’an passé (Dezeen).
Plus que des installations sportives
De manière similaire, un bowl temporaire avait été installé l’an passé au pied du Sacré-Cœur. Un site construit « à partir d’une combinaison de bois et de mousse, sculptés et peints de manière scénique pour ressembler à la pierre qui était autrefois exploitée sur le site », exposait Jeff Franklin, cofondateur du studio PlayLab, à l’origine du projet, pour Dezeen. « Nous voulions que ces éléments aient un poids visuel qui puisse s’imposer dans l’ombre de l’incroyable basilique qui se trouve au-dessus. » Le résultat s’est avéré saisissant. À l’autre bout du monde, dans la banlieue de Canberra, les autorités locales ont redonné vie au skatepark de Moore Park, à Queanbeyan, en le transformant en véritable œuvre d’art : des artistes et des jeunes de la ville ont collaboré main dans la main pour présenter le bowl sous un nouveau jour en le recouvrant d’une fresque géante, représentant un jeune garçon assis devant sa planche.

La fresque géante peinte dans Moore Park en 2022 (QPRC).
Dans un registre différent, à Qingdao (Chine), c’est un skatepark invoquant les vagues et les nuages qui trône au sommet d’un bâtiment, en plein centre-ville (en photo principale). Repéré par Games Flash, son design audacieux reflète la dualité de la ville, prise entre d’immenses gratte-ciels et les flots de la mer Jaune. « Du point de vue du design, le bowl adopte une courbe pure et fluide, conçue pour refléter le mouvement gracieux des vagues et des rayons de lumière », explique le studio Within Beyond. Iain Borden, historien de l’architecture et professeur à la Bartlett School of Architecture de Londres, juge que « la première chose à comprendre à propos des skateparks, c’est que ce ne sont pas des installations sportives », et qu’ils sont avant tout des espaces de vie en communauté. Indéniablement, ce sont aussi des espaces de création artistique.