Président du comité d’organisation de l’Euro de football 2016 en France
Jacques Lambert
« L’argent dépensé pour l’Euro va redonner au sport français des équipements modernes »
FrancsJeux : A un peu moins de quatre ans de l’Euro 2016, avez-vous déjà une idée de l’impact que pourrait avoir cet évènement en termes économiques ?
Jacques Lambert : Non. Et, pour être tout à fait honnête, je ne me pose pas la question. Il n’est pas certain que nous cherchions à mesurer cet impact sur l’économie française. Nous ne l’avions pas fait pour la Coupe du Monde de football en 1998. Les mesures sont rares. Et souvent peu fiables. A ma connaissance, la seule étude sérieuse menée en France a concerné la Coupe du Monde de rugby en 2017. Selon ses résultats, l’apport de l’évènement sur l’économie française se montait à 457 millions d’euros. Les seuls chiffres qui comptent aujourd’hui à mes yeux, pour l’Euro 2016 de football, s’avèrent très objectifs : 10 villes, 51 matchs, 1 mois de compétition, 2,5 millions de spectateurs, dont 1 million d’étrangers.
En termes d’investissement, que « pèse » cet évènement continental ?
La construction et la rénovation des stades où se disputeront les rencontres devraient coûter environ 1,5 milliards d’euros. En temps de crise, cette somme peut sembler exorbitante, voire indécente. Certains la verront comme une dépense. A mes yeux, il s’agit avant tout d’un investissement, à court terme et pour l’avenir du sport français. Cet argent ne sera pas seulement dépensé pour un mois de football en juin 2016, mais redonner au football français, et plus largement au sport, des équipements modernes. Depuis 1945, seulement trois stades de 30 000 places ou plus ont été construits en France : le Parc des Princes à Paris, la Beaujoire à Nantes, le Stade de France à Saint-Denis. D’ici à 2016, nous en aurons construit quatre : le stade des Lumières à Lyon, le Grand Stade à Lille, le stade de Bordeaux-Atlantique et l’Allianz Riviera de Nice.
Quel rôle joueront les entreprises privées dans le financement de la compétition ?
Un rôle majeur. Mais leur participation à l’évènement doit évoluer. Il est révolu, je crois, le temps où les entreprises limitaient leur engagement à un rôle de sponsor. Elles doivent construire, avec l’Etat et les collectivités, le projet sportif de la France. Elles doivent être associées très tôt à l’évènement, et non plus seulement apporter leur contribution financière en échange de la présence de leur logo. Les collectivités ont besoin d’elles, tout au long du processus d’organisation.