Le CIO l’a voulu ainsi et s’en frotte les mains : les campagnes de candidature aux Jeux ne sont plus ce qu’elles étaient. Elles n’existent même plus réellement. Mais l’instance olympique en a conservé une relique : la visite d’évaluation sur le terrain des postulants.
La commission de futur hôte des Jeux d’hiver prolonge la tradition, cette semaine à Salt Lake City, dans l’Utah, ville retenue par le CIO pour le « dialogue privilégié » dans la perspective de l’édition 2034. La même délégation se rendra à la fin du mois dans les Alpes françaises (26 au 29 avril), dont le dossier a été choisi par Lausanne pour les Jeux en 2030.
Dans les deux cas, il n’est pas encore écrit que la messe est dite et que, sauf monumentale erreur de parcours, la victoire est dans la poche. Mais l’exercice ne trompe personne. Les envoyés du CIO repartiront de Salt Lake City avec le sourire aux lèvres, convaincus d’avoir fait le bon choix. Puis ils se rendront dans les Alpes françaises avec la même motivation : confirmer sur le terrain le bien-fondé de leur sélection.
Arrivée mardi soir dans l’Utah, la délégation du CIO a débuté sa visite sous le soleil. Toujours bon à prendre. Face aux médias, mercredi 10 avril, son président, l’Autrichien Karl Stoss (photo ci-dessus, au centre), a soigneusement choisi ses mots, se gardant bien de s’exprimer dans un futur trop affirmatif. Mais son enthousiasme le suggère : l’affaire est pliée.
« Nous avons un très bon sentiment, a expliqué un Karl Stoss tout souriant, au terme d’une longue présentation par le comité de candidature, au sixième étage de la tour du stade Rice-Eccles de l’Université de l’Utah. Nous avons pu voir et sentir l’enthousiasme et l’esprit de l’Utah. »
Plus tard dans la journée, la délégation de membres du CIO et d’experts olympiques s’est offert un tour du stade de football américain, dont la capacité a été portée à 51.000 places depuis les Jeux d’hiver de Salt Lake City en 2002. « C’est parfait », a tranché Karl Stoss. Elle a également emprunté un transport public, le train TRAX, pour effectuer sans un arrêt le trajet entre le campus universitaire et le Delta Center. « Superbe, a confié l’Autrichien. Bien mieux qu’à l’époque des Jeux de 2002. »
Le message est clair : les Jeux d’hiver 2034 ne sont pas encore acquis aux Etats-Unis – ils ne le seront pas avant un vote formel de la session du CIO le 24 juillet à Paris -, mais c’est tout comme.
A Salt Lake City, les porteurs du projet le savent. Ils s’expriment déjà quasiment en vainqueurs. « Je n’ai vraiment aucune inquiétude, a reconnu Fraser Bullock, le patron du comité de candidature de Salt Lake City-Utah. C’est comme si j’étais un enfant à qui on vient d’offrir un nouveau jouet et que je voulais le montrer au monde entier. Cela fait des années que nous travaillons pour ce jour. Et nous y voilà, nous pouvons montrer l’Utah et son peuple formidable. »
Même confiance chez la maire de la ville, Erin Mendenhall, fière de pouvoir expliquer aux envoyés de Lausanne et aux médias que le projet olympique a fait tomber les barrières politiques. « Il dépasse la politique, a-t-elle assuré. C’est un peu notre sauce secrète, comme nous l’appelons. Démocrates et Républicains, nous nous retrouvons pour réussir les choses difficiles. »
Selon un sondage commandé par le Deseret News et réalisé en février 2023 par le Hinckley Institute of Politics, plus de 80 % des habitants de l’Utah soutiennent la candidature aux Jeux d’hiver.
La visite de la commission de futur hôte se poursuit jusqu’à la fin de la semaine. Au programme : la participation à un forum communautaire, puis une visite au parc olympique de l’Utah, près de Park City, et une étape par le centre de ski nordique de Soldier Hollow, avant une conférence de presse finale, samedi 13 avril.
La Chambre de commerce de Salt Lake l’a expliqué : plusieurs bâtiments du centre-ville ont été illuminés exceptionnellement au début de la visite, et le resteront jusqu’à son dernier jour, en illustration du soutien des forces économiques locales. Lausanne appréciera.