L’exercice était obligatoire. Une étape soulignée d’un trait épais. Mais il ne changera rien : les Alpes françaises obtiendront l’organisation des Jeux d’hiver en 2030. L’attribution officielle se fera le 24 juillet, pendant la session du CIO à Paris, à l’avant-veille de l’ouverture des Jeux d’été 2024.
La visite de cinq jours de la commission de futur hôte du CIO, la semaine passée dans les deux régions françaises, n’a pas inversé le cours de l’histoire. Elle n’a fait que renforcer la certitude que la candidature française, montée en deux petits mois à partir de la mi-juillet dernier, ira jusqu’au bout sans dévier de la ligne tracée par le CIO. Elle raflera la mise.
Prudents, les porteurs du projet français se sont refusés à crier déjà victoire. Mais ils ont dégainé devant Karl Stoss, le président de la commission de futur hôte, et les autres membres de la délégation envoyée par Lausanne, un argument imparable : le coût. David Lappartient, le président du comité olympique français (CNOSF), l’a expliqué vendredi 26 juillet à Nice, pendant la conférence finale : les Jeux d’hiver 2030 dans les Alpes françaises s’annoncent comme les moins chers de l’histoire. Avec un budget annoncé de 1,975 milliard d’euros, ils seront les premiers à rester sagement sous la barre des deux millards.
« Notre budget d’organisation représente 45 % de celui des Jeux de Paris 2024″, a avancé le président du l’UCI, osant une comparaison pas forcément très utile, les deux deux événements olympiques présentant assez peu de points communs en termes de dimensions, de participation et d’équipements sportifs.
Renaud Muselier, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), a embrayé, sans craindre lui non plus d’insister sur un engagement qu’il sera difficile de tenir : « Ces deux milliards, je peux vous dire que nous n’allons pas les dépasser. Nous allons engager une démarche de rigueur. Nos Jeux d’hiver seront les moins chers de l’histoire. » Cool.
Deux milliards, donc. Et même un peu moins, selon les estimations de David Lappartient. Impossible ? La suite répondra. Mais l’équipe française a fait ses comptes : son projet, bâti pour l’essentiel sur l’héritage des Jeux d’Albertville en 1992, présente au moins sur le papier des gages de sécurité en termes de dépenses.
Laurent Wauquiez, le président de la région Alpes-Rhône-Alpes (AURA), l’a expliqué en conférence de presse : recycler en 2030 les sites construits pour Albertville 1992 allègera la facture de ses postes les plus coûteux. « Avoir déjà une piste de bobsleigh, luge et skeleton à La Plagne va nous faire économiser 150 millions d’euros, a-t-il détaillé devant les médias. Le tremplin de saut de Courchevel, de son côté, représente 100 millions d’économies. Quant à la patinoire d’Albertville, qui avait servi pour le patinage artistique, elle hébergera le centre principal de presse pour la zone des Alpes du Nord. »
L’anneau de glace de patinage de vitesse ? Deux options restent sur la table : un site temporaire en France, sans doute à Nice, sous réserve de dénicher un bâtiment capable d’abriter une piste longue de 200 m ; une délocalisation à l’étranger, dans un pays voisin. « J’ai deux rendez-vous la semaine prochaine », a confié David Lappartient (Pays-Bas et Italie), précisant que les deux options avaient été incluses dans le budget.
Autre annonce , elle aussi sans surprise : les Alpes françaises 2030 reprendront le modèle de Paris 2024 en se dotant, en plus du comité d’organisation, d’un établissement public en charge de la construction des sites pérennes. Une SOLIDEO version 2, dont le budget sera assuré par les pouvoirs publics et le secteur privé. A la différence COJO, son enveloppe budgétaire reste vague. « Un à deux milliards d’euros », a laissé entendre David Lappartient, précisant qu’il faudra affiner le travail, une mission qui devrait être bouclée avant la fin de l’été.
La suite est déjà écrite. Karl Stoss a expliqué que la commission de futur hôte entamera à la fin du mois de mai des discussions avec les fédérations internationales concernées. Elle rendra son rapport pour la réunion de la commission exécutive du CIO prévue le 12 juin. Un « court briefing » sera ensuite organisé, à la fin du mois de juin, avec tous les membres du CIO, afin de leur présenter un dossier qu’ils devront valider par vote le 24 juillet à Paris.
A moins de six ans de l’événement – le délai le plus court de l’histoire – la session du CIO n’aura alors pas d’autre choix que de se prononcer par vote, idéalement à l’unanimité, pour l’attribution des Jeux d’hiver 2030 aux Alpes françaises. Pour l’instance olympique, tout autre scénario serait la certitude de basculer dans le chaos.