Elle est partie. Sauf accident, elle ne s’arrêtera plus jusqu’au 26 juillet, date de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris 2024. Allumée le mois dernier à Olympie, embarquée pour une traversée de la Méditerranée sur un trois-mâts prêté par un groupe bancaire, la flamme olympique a débuté son parcours en France. Enfin.
La première journée de son relais, mercredi 8 mai, s’est offert une première polémique : l’identité du dernier des trois relayeurs, le rappeur marseillais Jul. Les internautes ont été des milliers, sur les réseaux sociaux, à se déchaîner contre ce choix, peu convaincus par sa pertinence et moins encore par les propos de l’artiste – « Merci la zone » – à côté du chaudron. Le COJO s’en est défendu, assurant par la voix de son président, Tony Estanguet, que ce chanteur de 34 ans, de son vrai nom Julien Mari, était « une personnalité locale qui parle beaucoup aux gens à Marseille et plus globalement à la jeunesse ». Admettons.
Pour sa deuxième journée sur le sol français, jeudi 9 mai, la flamme a nettement plus rassemblé. Tant mieux. Avec un casting de porteurs du flambeau proposant notamment Tony Parker, Basile Boli, Jean-Pierre Papin, Frédérick Bousquet, puis enfin Didier Drogba en dernier relayeur, au Stade Vélodrome, le COJO et la Ville de Marseille ont échappé à toute faute de goût.
Surtout, la journée a été marquée par le premier des relais collectifs prévus tout au long du parcours. Placé sous le signe de l’Union européenne, il a coïncidé avec la Journée de l’Europe. Parfait timing.
Les 28 athlètes relayeurs ont été sélectionnés de manière conjointe par la France et les pays de l’Union européenne. La liste comptait huit anciens médaillés d’or olympiques, deux ex porte-drapeaux, sept jeunes sélectionnés aux Jeux de Paris 2024, trois sportifs paralympiques. Un relais collectif majoritairement féminin (18 sur 28). La France était représentée par Jean Galfione, champion olympique du saut à la perche à Atlanta en 1996.
En tête de cortège, la gymnaste ukrainienne Mariia Vysochanska (photo ci-dessus). Double médaillée d’or aux championnats d’Europe en 2020, présente l’année suivante aux Jeux de Tokyo, elle a été choisie pour exprimer la solidarité de la France, et au-delà de l’ensemble du mouvement olympique, avec l’Ukraine.
« Avec ce relais collectif européen, nous avons souhaité envoyer un signal fort de cohésion et de solidarité autour de valeurs sportives qui sont aussi des reflets du projet européen », a insisté Amélie Oudéa-Castéra, la ministre française des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques.
La jeune Ukrainienne l’a confié aux médias, au moment d’effectuer son relais au sein du collectif européen, devant le Mucem de Marseille : défiler avec la flamme, au deuxième jour de son parcours en France, n’est pas seulement symbolique. « C’est un honneur que nous fait la France de faire partie symboliquement de l’Europe en ce jour spécial, a-t-elle expliqué. Cela nous donne beaucoup d’espoirs. Aujourd’hui, je pense à ce qui se passe chez moi, à Kiev, où on s’entraîne avec le bruit des explosions et des missiles russes au-dessus de nos têtes. Ça fait très peur de devoir interrompre un entraînement pour aller se réfugier dans un abri. »
Accompagnée à Marseille par Viktoriia Riasna, la ministre des Sports ukrainienne, la gymnaste a raconté par le détail son périple pour rejoindre Marseille. « J’ai pris le train jusqu’à la Pologne et toute la nuit, on entendait les explosions, le bruit des avions et des missiles. C’était très éprouvant. Être ici me redonne de l’espoir et même un peu plus sur le soutien de la France et des pays occidentaux. Cela m’empêche de m’habituer à cette guerre qui dure, car nous ne devons pas nous y habituer. »