Le timing aurait pu être plus soigné. A moins de 60 jours de l’ouverture des Jeux de Paris 2024 (J – 58), et donc des premières épreuves de natation, alors que l’actualité peine à chasser l’affaire de dopage de 23 nageurs chinois, un nom fait son retour dans les bassins. Sun Yang, le plus illustre des nageurs produits par la Chine, triple champion olympique et onze fois champion du monde, peut remettre lunettes et bonnet. Il a purgé lundi 27 mai sa suspension pour dopage.
Ecarté des bassins pendant plus de quatre ans, l’immense chinois peut se remettre à l’eau. A 32 ans. Trop tard pour espérer vivre de l’intérieur les Jeux de Paris 2024, les sélections olympiques chinoises ayant déjà eu lieu. Mais de son propre aveu, son statut de trentenaire et les quatre années loin des compétitions ne l’empêcheront pas de redonner un nouveau souffle à sa carrière sportive.
« J’espère pouvoir trouver une compétition assez rapidement et monter sur le plot de départ, retrouver l’ambiance des piscines que je connaissais, retrouver les sensations que je connaissais, a déclaré Sun Yang dans une interview vidéo publiée mardi 28 mai sur le site chinois The Paper. Je suis assez fier des résultats et honneurs obtenus tout au long de ma carrière. Mais dans l’immédiat, j’espère simplement pouvoir me tenir courageusement sur le plot.»
Initialement suspendu pour huit ans en 2020, après une infraction aux règles antidopage en 2018, le Chinois a vu sa sanction réduite à quatre ans et trois mois après un appel très médiatisé déposé devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). Une éternité, pour un nageur de haut niveau. Mais Sun Yang l’explique dans la vidéo : sa traversée du tunnel a été longue, très solitaire et déprimante. Mais il n’a jamais cessé de nager et de penser à son retour dans les bassins.
« J’ai toujours dit que je n’abandonnerais jamais, raconte-t-il. Au début de ma suspension, j’ai eu des idées très sombres. Mais mes parents m’ont toujours soutenu. Ils ont eu peur que je devienne fou parce qu’à l’époque, je nageais tous les jours seul dans la piscine. Ils n’étaient pas les seuls à me prendre pour un fou. Beaucoup de gens se sont demandés pourquoi je ne passais pas à autre chose. »
Sauf improbable – et très malvenu – scénario, Sun Yang ne devrait pas pouvoir nager à nouveau sous les couleurs de la Chine dans une compétition internationale. Selon les règlements en vigueur dans le pays, un athlète suspendu pour dopage pendant plus d’une année ne peut réintégrer une équipe nationale.
Sanctionné une première fois pour trois mois en 2014, pour avoir pris une substance interdite censée soigner un présumé problème cardiaque, puis écarté quatre ans et trois mois, Sun Yang cumule les mauvais points. Et son retour intervient au moment où la natation chinoise est montrée du doigt depuis la révélation par la chaîne allemande ARD d’un dopage de masse parmi ses athlètes, présenté comme une contamination alimentaire. Peu de chances, donc, de le revoir hors de Chine. Mais son retour dans les bassins, même dans une compétition régionale, s’annonce comme un événement.