Il ne devait pas y avoir de suspense. Il n’y en a pas eu. Réunie pour trois jours à Lausanne, la commission exécutive du CIO a donné mercredi 12 juin son feu vert aux deux candidatures en lice pour les Jeux d’hiver en 2030 et 2034. Les Alpes françaises seront proposées pour validation définitive à la session de l’instance, le 24 juillet à Paris. Elles hériteront de la première des deux éditions. Salt Lake City vivra le même scénario, mais pour les Jeux d’hiver en 2034.
Avec cette décision de la commission exécutive, les deux candidatures ont franchi une étape supplémentaire. Elle s’annonçait sans grand danger, le CIO n’ayant plus vraiment de marche de manoeuvre, au moins pour les Jeux en 2030. Il reste maintenant aux Français et aux Américains à en passer par le dernier palier de l’édifice, le vote de la session. Une formalité, également, les membres de l’instance n’ayant pas pour habitude de se dresser comme un seul homme face aux décisions de leur « gouvernement ».
Pour Salt Lake City, la course est déjà gagnée. La capitale de l’Utah coche toutes les cases. Son dossier de candidature, un document de 78 pages dévoilé en début de semaine aux médias, ne présente pas de zone d’ombre ni de question sans réponse. Budget, dates, héritage, soutien du public… Tout y est. Le boulot est fait.
Pour les Alpes françaises, en revanche, une pièce manque encore au dossier. Elle n’est pas anodine, puisqu’il s’agit des garanties de l’Etat. L’équipe de candidature n’avait pas pu l’obtenir avant les élections européennes du 9 juin, les services de l’Etat rechignant à valider un projet de budget qu’ils estimaient sous-évalué. La dissolution de l’Assemblée nationale, annoncée dimanche dernier par Emmanuel Macron, ajoute une part d’incertitude au dossier.
Qui signera les garanties ? A quel moment ? Difficile de répondre avant les élections législatives, prévues les 30 juin et 7 juillet, et la formation dans la foulée d’un nouveau gouvernement. Mais la commission exécutive du CIO a choisi de ne pas attendre. Mercredi 12 juin, elle a recommandé à la session d’élire les Alpes françaises pour les Jeux d’hiver 2030.
Les garanties de l’Etat, l’équipe française devra malgré tout les joindre au dossier. Elle n’en est pas exemptée. Mais l’instance olympique lui accorde un délai, justifié par l’improbable situation politique née de la victoire du Rassemblement national aux élections européennes.
Le CIO l’explique : « La situation politique actuelle en France n’a pas permis de finaliser les documents avant la décision de la commission exécutive. Par conséquent, la décision prise aujourd’hui (mercredi 12 juin) par la commission exécutive concernant le projet des Alpes françaises 2030 est subordonnée à la remise des éléments ci-après, conformément aux exigences du CIO, et ce, avant la prochaine session : remise de la garantie de livraison des Jeux par le gouvernement français ; confirmation d’une contribution de partenariat au budget d’organisation des Jeux de la part des deux régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur et de l’État français. »
Karl Stoss, le président de la commission de futur hôte, s’est voulu confiant en conférence de presse. « Nous sommes convaincus que les deux garanties arriveront avant la session du CIO, a-t-il confié. Nous sommes en contact étroit avec le gouvernement et les deux présidents des deux régions, ainsi qu’avec le président du Comité national olympique. Ils nous ont dit : « Ecoutez, notre situation est que les élections auront lieu fin juin puis le 7 juillet. Après cela, mais avant la session du CIO à Paris, nous obtiendrons cette confirmation sur les garanties. »
Pour David Lappartient, le président du CNOSF, et les autres porteurs du projet – Marie-Amélie Le Fur pour le comité national paralympique, Laurent Wauquiez pour la région AURA, Renaud Muselier pour la région PACA – le moment n’est pas encore venu de s’agiter. Solliciter l’actuel Premier ministre, Gabriel Attal, serait inutile, son éventuelle signature n’ayant plus aucune valeur. Il leur faut attendre de connaître son successeur.
Mais, quelles que soient son identité et sa couleur politique, il semble difficile d’imaginer que le nouveau chef du gouvernement débute son mandat par un refus d’apporter son soutien au projet olympique.