— Publié le 17 juin 2024

Vingt-cinq athlètes neutres : le CIO écarte les indésirables

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On l’attendait. Elle est tombée sans se faire annoncer, en plein week-end. Le CIO a publié samedi 15 juin de façon très discrète, par un communiqué de quelques lignes renvoyant vers un document plus explicatif, la première liste des athlètes neutres portant un passeport russe ou biélorusses déclarés éligibles pour les Jeux de Paris 2024.

En date du 15 juin, ce premier contingent se révèle d’une extrême maigreur. En tout seulement 25 athlètes pour les deux pays en conflit avec l’Ukraine. Quatorze russes, 11 Biélorusses. Difficile de faire moins.

A moins de 40 jours de l’ouverture des Jeux olympiques, la délégation des athlètes neutres s’annonce donc encore moins étoffée que prévu. Ses effectifs grossiront sans doute au cours des deux ou trois prochaines semaines, mais dans des proportions sûrement réduites.

Le CIO l’explique : « La commission exécutive a délégué au comité d’examen des athlètes individuels neutres et à l’administration du CIO le pouvoir d’inviter un athlète individuel neutre. » Jusque-là, rien de nouveau. Mais le comité d’examen, censé vérifier au cas par cas si les athlètes qualifiés méritaient bien le statut de neutralité, a fait son travail avec zèle.

Dans le cas de la Russie, 24 quotas avaient été décrochés sur le terrain ou dans les classements mondiaux. Vingt-quatre potentiels qualifiés, donc. Mais dix d’entre eux ont été déclarés inéligibles. Pas assez neutres pour voir Paris.

La délégation russe, au 15 juin, compte dix lutteurs, trois cyclistes sur route, dont Aleksandr Vlasov, 4ème du Giro en 2021, 5ème de Paris-Nice cette année, et un spécialiste du trampoline. Quatorze athlètes engagés dans trois sports. Le taekwondo aurait pu être la quatrième discipline, mais le CIO a rejeté les dossiers des quatre athlètes ayant décroché un quota (deux hommes et deux femmes).

Commentaire de Vyacheslav Ekimov, le président de la Fédération russe de cyclisme, cité par l’agence TASS : « Nos cyclistes ont réussi le « test ». Le CIO nous permet de participer aux Jeux olympiques, même si je ne m’attendais pas à ce que les choses évoluent différemment. Quant à Vlasov, malgré toutes ses déclarations passées, je pense qu’il participera aux Jeux olympiques. Et avec grand plaisir. »

Pour la Biélorussie, les 11 athlètes retenus participeront aux Jeux de Paris 2024 en cyclisme (1), trampoline (2), haltérophilie (2), et lutte (6).

Le CIO le précise : son groupe d’experts a pu « bénéficier de nouvelles informations provenant de différentes sources, en particulier des listes officielles d’athlètes affiliés à des clubs sportifs des forces armées et de sécurité, publiées sur les sites web officiels en Russie et en Biélorussie. »

La suite ? Difficile à prédire. Shamil Tarpishev, le président de la Fédération russe de tennis, par ailleurs membre du CIO, a annoncé samedi 15 juin que trois joueurs, deux hommes et une femme, ne participeront pas aux Jeux de Paris 2024. Le trio est composé de Liudmila Samsonova chez les femmes, d’Andrey Rublev et Karen Khachanov chez les hommes.

Dans le cas d’Andrey Rublev, numéro 6 mondial, médaillé d’or en double mixte aux Jeux de Tokyo 2020, la raison serait physique. Le Russe souhaiterait se reposer. « Il a besoin de récupération, il enchaîne beaucoup de matches. Le corps n’est pas en fer », a expliqué Shamil Tarpishev. Trois noms en moins, donc, mais la Fédération russe de tennis n’a pas précisé s’ils seraient remplacés.

Autre cas surmonté d’un point d’interrogation : Yuliya Efimova. La spécialiste de la brasse, triple médaillée olympique (Londres 2012 et Rio 2016), a annoncé elle-même avoir obtenu le statut d’athlète neutre de la part de World Aquatics. Elle serait la première russe déclarée éligible par l’instance internationale de la natation, la seule à ce jour.

Problème : elle n’a pas encore réussi les performances de qualification pour les Jeux. Et le temps presse avant la date limite d’inscription, d’autant que la jeune femme ne peut pas participer aux compétitions dans une partie de l’Europe, faute de détenir un visa.

«Ils m’ont donné le statut neutre aujourd’hui, mais c’est un gros problème de ne pas avoir assez de temps pour les qualifications internationales, a-t-elle expliqué sur une chaine russe de télévision. Les compétitions se terminent toutes le 23 juin – soit elles ont eu lieu, soit elles auront lieu la semaine prochaine.»

Surtout, le statut d’athlète neutre délivré par World Aquatics ne garantit pas une présence aux Jeux. Il faut encore en passer par l’examen du comité d’experts du CIO. Pas le plus simple.