Le résultat est toujours très attendu, au moins dans le mouvement olympique (ailleurs, c’est moins sûr). A Lausanne, il alimente les conversations et égaye les pauses café. Pour la cinquième année, l’Association des fédérations internationales olympiques d’été (ASOIF) a publié son rapport sur la gouvernance de ses 32 instances membres.
Que faut-il en retenir ? Première leçon : tout le monde gagne. Cool. Pour la première fois depuis 2017, année du premier examen de l’ASOIF, les 32 fédérations internationales des sports olympiques d’été ont atteint l’objectif fixé. Elles ont toutes obtenu un score égal ou supérieur à 150, sur une notation maximale théorique de 240. Champagne.
Les mauvais élèves du mouvement olympique ont donc disparu du paysage. Une progression d’autant plus respectable que, souligne l’ASOIF, l’enquête avait été corsée cette année par l’ajout de dix nouveaux indicateurs, portant leur total à 60. Plus possible, avec une telle grille de lecture, de passer entre les mailles du filet.
Précision : les réponses apportées par les fédérations internationales à l’audit de l’ASOIF ont été analysées avant publication par un cabinet indépendant de conseil en gouvernance sportive (ça existe). Son nom : I Trust Sport. Tout un programme. Il a également modéré les notes, chaque indicateur étant évalué sur une échelle de 0 à 4.
Le train ne laisse plus personne à quai. L’ASOIF pointe que « la plupart des FI ont vu leurs notes augmenter depuis le précédent examen de la gouvernance. » La note totale moyenne est passée de 104 sur 200 lors du premier examen en 2017 à 163 pour cette cinquième cuvée.
Autre leçon : les fédérations internationales ne se cachent plus. Il était temps. Elles jouent le jeu de la transparence. Pour la première fois, note l’ASOIF, elles ont toutes publié au moins une série de comptes annuels audités. Elles étaient seulement 18 à l’avoir fait lors du premier examen en 2017.
Pour le reste, la mixité gagne du terrain dans les conseils d’administration ou les comités exécutifs. Mais la ligne d’arrivée reste encore très éloignée. Dix-neuf des 32 fédérations internationales membres de l’ASOIF affichent au moins 25 % de femmes au sein de leur gouvernance. Elles étaient seulement dix à présenter une telle proportion en 2018.
Hasard de l’enquête : elles sont également 19, mais pas forcément les mêmes, à s’être engagées à « réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le cadre de leur stratégie globale ». Le calcul est facile : 13 ne le font pas. Allez au boulot, les retardataires.
Le meilleur pour la fin : le classement. Prudente, l’ASOIF s’est bien gardée de classer les fédérations internationales du premier au dernier rang, pour établir une hiérarchie précise de la gouvernance dans le mouvement olympique en version estivale. Elle les a réparties en trois groupes, selon leurs notes dans le rapport annuel 2024.
En tête de cortège, un bataillon de sept FI ayant obtenu la notation la plus avantageuse. Le groupe A1. Le haut du panier. Il est composé des fédérations internationales de badminton (BWF), équitation (FEI), football (FIFA), tennis (ITF), cyclisme (UCI), athlétisme (World Athletics) et rugby (World Rugby). L’ensemble se révèle assez disparate, mais malgré tout dominé par les gros bras du mouvement olympique (FIFA, ITF, UCI, World Rugby, World Athletics).
Un rang en dessous, un imposant peloton de 13 instances, moins bien notées que les sept premières, mais dont le score reste supérieur à 180 points. Assez pour se ranger dans le groupe A2. La liste : FIBA (basket-ball), FIG (gymnastique), FIH (hockey), FIVB (volley-ball), IFSC (escalade), ITTF (tennis de table), UWW (lutte), WBSC (baseball/softball), World Aquatics, World Rowing, World Taekwondo, World Triathlon, World Sailing.
Le troisième et dernier groupe, intitulé B, rassemble douze fédérations internationales. Leurs notes sont inférieures, mais en restant au dessus de l’objectif de 150 points fixé par l’ASOIF pour mériter le label de bonne gouvernance. Trois de ces instances représentent des sports additionnels aux Jeux de Paris 2024 : le surf (ISA), le breaking (WDSF), le skateboard (World Skate). Les neuf autres : FIE (escrime), IJF (judo), ISSF (tir), ICF (canoë-kayak), IHF (handball), IGF (golf), IWF (haltérophilie), UIPM (pentathlon moderne), World Archery (tir à l’arc).
Précision presque superflue : la boxe ne figure pas dans le rapport de l’ASOIF. L’IBA a été exclue du mouvement olympique. Et World Boxing, sa rivale, patiente encore dans le couloir.