Candidatures

Salt Lake City 2034, les Jeux d’hiver sous les critiques

— Publié le 24 juillet 2024

Qui l’eut cru ? Annoncé comme un dossier sans histoire, construit en béton et cochant toutes cases, le projet de Salt Lake City pour les Jeux d’hiver 2034 a fait souffler la contestation lors de la deuxième journée de la 142ème session du CIO, mercredi 24 juillet au Palais des Congrès de Paris. Les représentants de l’Utah n’y étaient pas pour grand chose. Mais ils ont été secoués par plusieurs membres de l’instance pour être des représentants des Etats-Unis.

Certes, les envoyés de Salt Lake City et de l’Utah, dont le gouverneur Spencer Cox, sont repartis de la session avec ce pour quoi ils étaient venus à Paris : les Jeux d’hiver en 2034, trente-deux ans après une première édition en 2002. La candidature a obtenu 83 voix sur les 89 valables, pour six votes contre et six abstentions. Le contrat de ville-hôte a été signé par les Américains, puis contresigné par le CIO. L’affaire est dans le sac. Comme la France, les Etats-Unis accueilleront deux fois les Jeux olympiques à six ans d’intervalle.

Mais la présentation de la délégation de Salt Lake City-Utah 2034, avec sa séquence de questions-réponses, annoncée comme un simple exercice de style, n’a rien eu d’une partie de plaisir pour les Américains. En cause, le conflit entre l’AMA et l’agence américaine antidopage (USADA) sur l’affaire des nageurs chinois non suspendus malgré 23 cas positifs.

Dans l’assistance, plusieurs membres du CIO ont profité de l’occasion pour critiquer les Etats-Unis, leurs attaques contre l’AMA et leur volonté d’utiliser la loi Rodchenkov dans une affaire sans lien avec eux et leurs athlètes. Thomas Bach s’en est ému, allant jusqu’à confier à l’adresse de la délégation de l’Utah : « Je suis désolé pour vous, et pour nous, que cette question ait été soulevée maintenant ».

John Coates, de son côté, invité à s’exprimer pour clarifier le sujet, a expliqué devant l’assistance que le contrat de ville-hôte pourrait être résilié dans le cas où « l’autorité suprême de l’AMA dans la lutte contre le dopage n’était pas pleinement respectée ». En clair, Salt Lake City perdrait les Jeux d’hiver si les Américains s’obstinaient à vouloir régler eux-mêmes les affaires de dopage de la planète entière.

La délégation de l’Utah l’a reconnu en conférence de presse, quelques heures après le vote : elle s’était préparée à devoir répondre aux critiques des membres de l’instance sur la question du dopage. « Ce problème n’est pas directement le nôtre, mais il est celui de notre pays, a suggéré Fraser Bullock, le président du comité de candidature. Nous devrons nous assurer que toutes les personnes qui viendront à Salt Lake City puissent le faire en toute sécurité. » Comprenez, sans risquer de se retrouver dans une salle d’interrogatoire du FBI ou convoquée devant une commission parlementaire.

Fraser Bullock l’a expliqué : l’équipe de Salt Lake City-Utah 2034 avait anticipé l’orage et adressé un courrier à Thomas Bach, avant la session de Paris, où elle assurait en toutes lettres reconnaitre à l’AMA toute autorité pour la lutte et le programme antidopage. Spencer Cox, de son côté, a promis de s’employer, d’ici les Jeux d’hiver 2034, à jouer les conciliateurs en invitant tout le monde autour de la table pour mettre fin au conflit.

Tout souriant malgré une fête gâchée, le gouverneur a su revenir à l’essentiel, en conférence de presse : les Jeux d’hiver 2034. Avec 100 % des sites déjà existants, l’équipe américaine s’est déjà mise à l’abri des risques de retard et des écueils d’une hausse des coûts. « La question n’est plus, comme pour les Jeux d’hiver en 2002, de savoir ce que nous devons faire, car tout est déjà fait, a assuré Spencer Cox. Elle est désormais, aujourd’hui, de savoir ce que nous voulons faire. » Belle formule. Et réjouissante perspective.