Le monde de l'escrime

Aux Jeux de Paris 2024, l’Asie démarre en trombe

— Publié le 30 juillet 2024

Début en trombe pour l’Asie aux Jeux olympiques de Paris 2024. Les escrimeurs asiatiques ont décroché les deux premières médailles d’or de la compétition, samedi 27 juillet. Le Sud-Coréen Sanguk Kor Ho s’est imposé au sabre individuel, la Chinoise de Hong Kong Vivian Man Wai (photo ci-dessus) a dominé l’épreuve de l’épée féminine. L’Asie a poursuivi sur la même lancée le lendemain, au Grand Palais, mais avec un troisième pays, le Japon. Koki Kano, le numéro 1 mondial, s’est offert le titre olympique de l’épée masculine.
 
Un début de rêve. Mais tout sauf un hasard. Sheikh Salem Al Qasimi, le président de la Confédération asiatique d’escrime, membre du comité exécutif de la FIE, l’a expliqué à FrancsJeux : l’escrime se développe à vive allure en Asie. Et elle entend bien continuer au même rythme.
 
FrancsJeux : Trois médailles d’or pour l’Asie sur les quatre distribuées lors du premier week-end des Jeux de Paris 2024. Que vous inspire une telle réussite ?
 
Sheikh Salem Al Qasimi : Ce début de compétition me fait évidemment très plaisir. Il nous rend tous très fiers. Ces Jeux de Paris 2024 vont représenter une nouvelle étape importante pour l’escrime asiatique, une marqueur de son développement et de sa progression. Nous avons travaillé dur depuis longtemps pour développer l’escrime sur le continent asiatique, pas seulement dans les grands pays que sont la Chine, le Japon et la Corée du Sud. Nous avons une vision et une stratégie à long terme, qui englobent l’ensemble du continent. Elles passent par un plus grand nombre de coachs, de clubs, de compétitions, de camps d’entraînement. Mais aussi, je dirais même surtout, par un développement de notre sport chez les enfants, dès le plus jeune âge.
 
Vous attendiez-vous à des résultats aussi brillants des escrimeurs asiatiques aux Jeux de Paris 2024 ?
 
Ils ne me surprennent pas. Nous pensions qu’il était possible de continuer à remporter des médailles d’or, comme nous le faisons depuis longtemps dans les grandes compétitions internationales. Les escrimeurs asiatiques sont devenus très forts, sur le plan individuel mais aussi dans les épreuves par équipe. Ils l’étaient déjà aux Jeux de Tokyo 2020. Ils continuent à progresser. 
 
Le développement de l’escrime se manifeste-t-il sur l’ensemble du continent asiatique ?
 
L’escrime se développe un peu partout en Asie, mais évidemment pas à la même vitesse et dans des proportions comparables. Certains pays ont commencé plus tôt à investir dans notre sport. Mais plusieurs fédérations manquent encore d’athlètes, de formateurs, de matériel… Notre marge de progression reste importante.
 
Que représente aujourd’hui l’escrime en Asie ?
 
La Confédération asiatique d’escrime compte actuellement 40 fédérations nationales. Cela représente plusieurs milliers d’escrimeurs et des centaines de clubs. Le nombre de compétitions ne cesse d’augmenter. Je crois que nous pouvons dire que l’Asie est aujourd’hui le continent qui accueille le plus grand nombre d’épreuves internationales de la FIE. Il est très important, à mes yeux, de pouvoir montrer de l’escrime au public. Cette exposition contribue au développement de notre sport.
 
Plusieurs pays asiatiques, le Japon notamment, font appel à des entraîneurs étrangers pour leurs équipes nationales. Est-ce l’illustration d’un manque de coachs d’escrime en Asie ?
 
Aller chercher à l’étranger des entraîneurs et des compétences reconnus est toujours une plus-value, surtout pour le très haut niveau. Mais la croissance de l’escrime en Asie passe aussi par un nombre grandissant d’entraîneurs locaux et nationaux, notamment féminines. Nous avons besoin de plus de femmes maîtres d’armes. Nous en sommes conscients et nous travaillons dans ce sens. Pour cela, nous avons multiplié les modules de formation, en ligne et en présentiel, pour augmenter le nombre de coachs asiatiques à tous les niveaux de pratique.
 
Quelle est votre histoire personnelle dans l’escrime ?
 
Je n’ai jamais été un escrimeur d’élite, mais j’ai toujours aimé l’escrime. Je me suis investi comme dirigeant au niveau national, en créant et en présidant la Fédération d’escrime des Emirats arabes unis. Puis je suis devenu président de la Fédération arabe d’escrime. Et, depuis la dernière olympiade, président de la Confédération asiatique. Dans mon pays, les Emirats arabes unis, l’escrime a connu au cours des dernières années un développement rapide. Nous recensons aujourd’hui plus de 800 escrimeurs, un nombre grandissant de juges et d’officiels, hommes et femmes. L’escrime est devenue officiellement un sport d’élite, pratiqué à l’école, nu statut qu’elle partage avec seulement cinq autres disciplines sportives.
 
Les Jeux de Paris 2024 ne font que commencer. Qu’en attendez-vous pour la suite et la fin des compétitions ?
 
Le site du Grand Palais est magnifique, l’organisation parfaite. Pour l’escrime, ces Jeux sont déjà un succès. Mais j’attends de la suite encore plus de médailles pour l’Asie, dont des médailles en or.