La Seine est-elle baignable ? Le fleuve est-il propre, au sens littéral du terme, aux compétitions olympiques ? La question revenait comme un refrain avant le début des Jeux de Paris 2024. Elle semblait réglée, mais les averses tombées sur la capitale française le soir de la cérémonie d’ouverture l’ont replacée dans l’actualité. Depuis, la confusion règne.
L’organisation la semaine passée des trois épreuves de triathlon – courses individuelles hommes et femmes puis relais mixte – bouclées sans incident majeur après un report d’une journée de la première du programme, aurait dû mettre un point final au sujet. Mais il ne cesse de ressortir des flots, à la façon d’un serpent de mer.
Le COJO Paris 2024 a annoncé via un communiqué, mardi 6 août, l’annulation de la « familarisation », comprenez l’entraînement, pour l’épreuve d’eau libre. Elle était prévue le jour même entre 7 h 30 et 9 h 30. Les résultats des analyses de l’eau étaient conformes pour les niveaux d’E.coli, et cela aux quatre points de collecte (trois jugés « très bons », le quatrième seulement « bon »). Mais il n’a pas été possible d’afficher des chiffres aussi favorable pour l’autre série de tests, dédiés aux entérocoques. Les niveaux se sont révélés « supérieurs aux seuils acceptés par World Aquatics. »
Résultat : un jour sans pour les nageurs. Pas dramatique, à ce stade, un autre entraînement dans l’eau étant prévu mercredi 7 août. Et le COJO Paris 2024 le précise : « D’autres résultats sont attendus plus tard dans la journée (mardi 6 août), ce qui permettra d’avoir une vue d’ensemble plus à jour de la qualité de l’eau à l’approche de la familiarisation prévue demain matin. » Les organisateurs affichent leur confiance en regardant le ciel, convaincus que le beau temps de ce début de semaine remettra les chiffres des analyses en bon ordre, et écartera tout risque d’un nouveau report.
Il n’empêche, la question de la qualité des eaux du fleuve ne veut pas quitter les Jeux. Elle continue à s’inviter dans les conversations. Et elle occupe les échanges avec les médias lors de la conférence de presse quotidienne du COJO e du CIO, à parts souvent égales avec la polémique sur la boxe féminine.
Difficile, en effet, d’évacuer le sujet lorsque les reports des entraînements se succèdent. Et pas facile de s’y retrouver entre les positions respectives de World Triathlon et de World Aquatics. Anne Descamps, la porte-parole du COJO Paris 2024, l’a rappelé ce mardi : « Les décisions sont prises par les fédérations internationales, au regard de leurs règlements. Elles ne sont pas les mêmes pour les deux sports ». World Triathlon, dont le seul plan B consistait en un triste duathlon, a donné son feu vert à ses trois épreuves. World Aquatics, qui pourrait se replier sur le site de Vaires-sur-Marne pour les épreuves d’eau libre, préfère pour l’instance jouer la prudence.
Dernier épisode du feuilleton : les déclarations d’un triathlète néo-zélandais, Hayden Wilde, médaillé d’argent dans l’épreuve individuelle. Il a confié au média 1news avoir eu les symptômes d’une infection par E. coli deux jours après la compétition. Hayden Wilde a même laissé entendre qu’un autre triathlète de son équipe serait également tombé malade, sans doute pour les mêmes raisons.
Le chef de mission de la Nouvelle-Zélande aux Jeux de Paris 2024, Nigel Avery, a confirmé l’information, expliquant qu’il avait caché la maladie des deux athlètes jusqu’à l’épreuve du relais mixte, afin de ne pas donner confiance aux équipes adverses.
Autre pays, même sujet : la Belgique. Après avoir dû renoncer au relais mixte en raison de la maladie de l’une de ses athlètes, Claire Michel, l’équipe belge de triathlon s’est plaint des conditions d’entraînement et de préparation. « Le COIB (comité national olympique belge) et Belgian Triathlon espèrent que des leçons seront tirées pour les futures compétitions de triathlon aux Jeux olympiques, comme la garantie des jours d’entraînement, des jours de compétition et du format de la compétition, qui doivent être clarifiés à l’avance et faire en sorte qu’il n’y ait pas d’incertitude pour les athlètes et le personnel d’encadrement« , souligne un communiqué.