Le monde de l'escrime

« Les Jeux de Brisbane 2032 vont rehausser le profil de l’escrime »

— Publié le 30 septembre 2024

Les Jeux de Paris 2024 l’ont démontré une nouvelle fois : l’escrime repousse ses frontières. Pas moins de 13 pays, issus de quatre continents, ont figuré au classement des médailles.

Pays-hôte des Jeux en 2028, les Etats-Unis ont pris la deuxième place, un rang derrière le Japon. A huit ans des Jeux de Brisbane 2032, l’Océanie n’a pas placé d’athlète sur le podium. Mais la discipline progresse à bon rythme sur le continent. Andrea Chaplin, la présidente de la Confédération océanienne d’escrime, l’a expliqué à FrancsJeux.

FrancsJeux : Quel a été votre parcours personnel en escrime ?

Andrea Chaplin : J’ai une profonde passion pour l’escrime. Elle a commencé dans mon enfance, inspirée par ma mère, qui était escrimeuse et administratrice. J’ai commencé la compétition en 1974, puis j’ai représenté l’Australie de 1978 à 1993 sur la scène internationale, dont deux Jeux olympiques, Los Angeles 1984 et Séoul 1988. Pendant cette période, j’ai été 15 fois championne d’Australie et trois fois championne de Nouvelle-Zélande. Au-delà de la compétition, j’ai occupé des fonctions d’entraîneur, d’arbitre, de sélectionneuse nationale et d’administratrice. Mon parcours dans l’escrime a été multiple. Je retire aujourd’hui une grande joie à partager mes connaissances avec les générations futures et à contribuer à l’essor de notre sport.

Comment et pourquoi êtes-vous devenue présidente de la Confédération océanienne ?

Ma passion pour la croissance de l’escrime et mon engagement à redonner au sport m’ont toujours poussée à faire du bénévolat. En 2018, je suis devenue directrice de la Confédération océanienne d’escrime (OFC). Lorsque notre présidente de l’époque, Helen Smith, a annoncé son départ à la retraite, j’ai vu une occasion de jouer un rôle de premier plan pour l’avenir de l’escrime dans notre région. J’ai fait un pas en avant, comprenant l’importance d’un leadership fort pour faire progresser notre sport. Je suis honorée de continuer à faire progresser nos priorités stratégiques à travers l’Océanie.

Quelles sont vos priorités pour le nouveau cycle olympique ?

En premier lieu, accroître la participation et les compétitions à tous les niveaux dans notre région, renforcer les moyens de développement pour les entraîneurs et les arbitres, et veiller à ce que nos athlètes soient bien préparés et aient les meilleures chances de représenter leur pays dans les compétitions internationales. L’un des principaux objectifs est de permettre aux escrimeurs d’Océanie de se qualifier pour les Jeux olympiques de Los Angeles 2028, tout en jetant les bases d’un succès encore plus grand jusqu’à Brisbane 2032. Le développement de l’escrime dans les pays insulaires du Pacifique présente plusieurs défis, principalement en raison de la géographie, avec des distances importantes, de l’infrastructure et des ressources limitées. Les coûts de déplacement et les contraintes de temps rendent difficiles la participation régulière des athlètes, entraîneurs et arbitres aux événements régionaux ou aux programmes d’entraînement. L’escrime nécessite des équipements et des installations spécialisés, coûteux à importer. De nombreuses nations du Pacifique donnent la priorité à des sports plus traditionnels et plus accessibles, comme le rugby ou l’athlétisme. Pour construire une culture de l’escrime durable, il est essentiel de se concentrer sur le développement de l’expertise locale. Cela implique d’augmenter le nombre d’entraîneurs et d’arbitres dans la région, de fournir de l’équipement et un soutien administratif et de gouvernance. Nous devons investir dans des programmes de formation et de certifications. Mais nous sommes déterminés à trouver des solutions innovantes. Par exemple, collaborer au niveau régional pour partager les ressources, mettre en œuvre des programmes d’entraînement en ligne, obtenir des fonds ou de l’équipement pour soutenir le développement. La passion de l’escrime est forte dans ces pays. Avec un soutien adéquat, nous pouvons développer ce sport dans tout le Pacifique.

Quelle est la situation actuelle de l’escrime en Australie et dans le reste de l’Océanie ?

En Australie, l’escrime continue de se développer, mais il s’agit toujours d’un sport de niche, principalement soutenu par des bénévoles. Il existe une base solide de clubs et d’athlètes dévoués, ainsi qu’un programme national. Mais le défi consiste à accroître la visibilité et la participation à l’échelle nationale, en particulier en raison des distances. L’Océanie est confrontée à des défis uniques en raison de l’étendue géographique et de la taille de certaines nations. Nous sommes en train de mettre en place une structure régionale cohérente qui soutient l’entraînement, l’arbitrage et le développement des compétitions dans tous les pays d’Océanie.

Les Jeux de Sydney 2000 ont-ils eu un impact durable sur l’escrime en Australie ?

Ils ont eu un impact sur de nombreux sports, mais l’escrime, plus petit et moins populaire, en a profité plus modestement. Les Jeux ont permis à l’escrime de se faire connaître auprès d’un public plus large. Bien que cela ait suscité de l’intérêt et entraîné une augmentation de la participation au niveau local, en particulier chez les jeunes, l’escrime n’a pas connu la même croissance ou le même financement que d’autres sports plus importants. L’impact durable a été modéré, mais Sydney 2000 a ouvert la voie à un engagement international et a inspiré une nouvelle génération d’escrimeurs.

Comment tirer parti des Jeux de Brisbane 2032 pour favoriser le développement de l’escrime en Australie ?

Brisbane 2032 va offrir une occasion exceptionnelle de développer l’escrime en Australie. Nous pouvons en tirer parti en nous concentrant sur le développement à la base, en développant les programmes pour les jeunes et en intégrant l’escrime dans les programmes scolaires. L’établissement d’un « parcours olympique » clair pour les jeunes athlètes incitera les générations futures à pratiquer ce sport. La visibilité est cruciale : grâce à des campagnes nationales, à l’exposition aux médias et à des partenariats stratégiques, nous pouvons faire connaître l’escrime au grand public. En outre, les fonds publics peuvent être utilisés pour renforcer les programmes et les infrastructures. Le développement d’athlètes d’élite, la participation régulière à des compétitions internationales et une exposition médiatique régulière jusqu’à Brisbane contribueront à rehausser le profil de l’escrime.