Il s’en serait bien passé. Et ne l’a sûrement pas cherché. Mais Juan Antonio Samaranch (photo ci-dessus), l’un des sept candidats à la présidence du CIO, et certainement l’un des mieux placés, a déclenché la première polémique de la campagne.
Présent la semaine passée à Budapest à l’occasion du lancement de la Semaine européenne du sport, l’Espagnol est monté à la tribune pour appeler les élus à investir massivement dans les activités et la pratique sportives. « Faisons simple : le sport sauve des vies – et de l’argent », a-t-il suggéré dans la capitale hongroise.
Jusque-là, rien de très conflictuel. Mais, en marge de son discours, Juan Antonio Samaranch a répondu aux questions de l’AFP. Et, plus périlleux, il a évoqué la question russe.
« Dès que possible, nous aimerions réétudier la réintégration du Comité olympique russe, a-t-il expliqué. Mais aujourd’hui, il se trouve toujours en violation flagrante de la charte olympique. Dès que les raisons de la suspension disparaîtront, nous avons l’obligation de commencer à travailler très dur pour le faire revenir. » Le Catalan a également rappelé que la Russie n’avait pas été exclue en raison de l’invasion de l’Ukraine, mais pour avoir violé la Trêve olympique.
En Ukraine, les propos du vice-président du CIO ont provoqué la fureur des autorités politiques. Pas très surprenant. Les ministres ukrainiens des Sports, Matviï Bidny, et des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, ont publié mardi 1er octobre un communiqué conjoint pour dénoncer la position de Juan Antonio Samaranch. « De telles déclarations démontrent soit son manque de conscience concernant l’agression de la Russie, soit son désir de justifier l’agresseur, ont-ils écrit. La Russie n’a cessé ni son agression ni ses atrocités. Elle poursuit sa guerre brutale contre l’Ukraine. »
Dans leur communiqué, les deux ministres ukrainiens insistent : « Les suggestions d’un éventuel retour des athlètes russes dans la communauté sportive internationale sont catégoriquement inacceptables et scandaleuses. »
La campagne pour la succession de Thomas Bach à la tête du CIO ne fait que commencer. Les sept postulants n’ont pas encore transmis leur document de candidature, destiné notamment à être publié sur l’espace dédié à l’élection sur le site officiel du CIO. Tout peut encore se passer, pour Juan Antonio Samaranch comme pour ses rivaux.
Mais à moins d’un rapide et énergique rétro-pédalage, l’Espagnol semble avoir déjà perdu les voix des membres ukrainiens du CIO. Ils sont deux, tous les deux champions olympiques en athlétisme : Valeriy Borzov et Sergey Bubka.
La Russie, en revanche, n’a jamais caché sa préférence pour le Catalan. A l’annonce de la liste des candidats, l’ancien biathlète Alexander Tikhonov, quatre fois médaillé d’or olympique en relais sous les couleurs de l’URSS, a confié à l’agence TASS que la candidature de Sebastian Coe était « la pire ». Et celle de Juan Antonio Samaranch la meilleure.