— Publié le 18 octobre 2024

Un nom sort déjà du chapeau pour la présidence du ROC

Institutions Focus

Les choses ne traînent pas en Russie. Elles peuvent même aller très vite, dans le mouvement sportif, pour peu qu’elles engagent la décision ou l’aval du Kremlin.

Deux jours seulement après l’annonce par l’ancien escrimeur Stanislav Pozdnyakov de sa décision de renoncer à son mandat de président du comité olympique russe (ROC), au plus tard au mois de décembre, un nom est déjà sorti du chapeau pour le remplacer. Il n’est pas un inconnu.

L’identité du possible, voire probable, futur président du ROC en dit long sur la volonté du Kremlin de reprendre les choses en main et d’accélérer le retour de la Russie dans le mouvement olympique international. Le premier nom relayé par les médias est en effet celui de l’actuel ministre des Sports, Mikhail Degtyarev (photo ci-dessous).

Selon la version officielle, rapportée par la non moins officielle agence TASS, l’idée serait venue de Shamil Tarpishchev, le président de la Fédération russe de tennis, par ailleurs membre du CIO depuis trente ans (il en est l’un des dix plus anciens). Le dirigeant russe a profité d’une réunion du Conseil présidentiel pour le développement de la culture physique et du sport, organisée à Ufa dans le cadre d’une conférence intitulée « La Russie, pays du sport », pour glisser le nom de Mikhail Degtyarev comme le candidat idéal à la succession de Stanislav Pozdnyakov.

« Le temps est venu de consolider les efforts en matière d’activités sportives, a déclaré Shamil Tarpishchev, cité par TASS. Il est devenu urgent d’envisager la possibilité pour notre ministre Degtyaryev de se présenter au poste de président du comité national olympique. Si tous les pouvoirs sont entre les mêmes mains, cela pourrait nous permettre de travailler plus efficacement pour le bien de notre patrie ».

Précision tout sauf anecdotique : Vladimir Poutine était présent lors de la réunion organisée cette semaine à Ufa. Le président russe a semblé apprécier l’idée. « La proposition mérite en effet d’être examinée avec la plus grande attention, aurait-il suggéré en s’adressant à Shamil Tarpishchev et aux membres du Conseil. Nous devons y réfléchir. Vous avez raison. Dans les conditions actuelles, elle peut être justifiée. »

Toujours selon l’agence TASS, Vladimir Poutine aurait été plus loin. Il aurait déjà tracé à traits précis la feuille de route du futur homme fort du mouvement olympique russe. « Les activités du Comité olympique russe doivent être ajustées, a insisté le chef de l’Etat. Malgré tous les problèmes connus, il est important d’accroître les efforts dans le domaine de la coopération internationale, de travailler avec tous les partenaires intéressés, de mener un travail créatif, significatif et éducatif pour promouvoir les valeurs universelles du sport, en particulier parmi les jeunes. » En clair, renouer le dialogue avec le CIO et le mouvement sportif international. Et cela, au plus vite.

Ancien membre de la Douma (2011 à 2020), gouverneur du territoire de Khabarovsk Krai, dans l’est de la Russie, Mikhail Degtyarev présente un profil nettement plus politique que le futur ex président du ROC, Stanislav Pozdnyakov. Il a été nommé ministre des Sports en mai dernier, en remplacement d’Oleg Matytsin, l’ancien président de la Fédération internationale du sport universitaire (FISU). Il est âgé de 43 ans.

Son nom est le premier cité pour prendre la tête du ROC. Mais dans un pays où l’autonomie du mouvement olympique vis à vis des autorités politiques se révèle souvent relative, il pourrait bien être le seul. Difficile, en effet, d’imaginer un autre postulant se faire connaître dans les jours ou les semaines à venir, après la réponse très favorable faite par Vladimir Poutine à la proposition de Shamil Tarpishchev.

Le ministre des Sports ne semble d’ailleurs pas vouloir attendre de changer de casquette pour définir déjà ses priorités. « Revenir dans le mouvement olympique conformément aux contributions du sport russe et soviétique, et rétablir les droits de nos athlètes, telle est la politique à laquelle nous nous attacherons, a-t-il expliqué cette semaine. Il y a toutes les raisons de dire que nous sommes prêts à dialoguer, y compris officieusement, avec les membres du CIO. Nous devons maintenir le dialogue sans nous insulter ni serrer le poing ».