L’IBA ou World Boxing ? A moins de quatre ans des Jeux de Los Angeles 2028, où la discipline n’est toujours pas inscrite au programme sportif, les fédérations nationales de boxe ne peuvent plus ignorer la question. Elles doivent trancher. Sans trop tarder, si possible.
Le CIO s’est invité dans le débat sans prendre de gants. Il demande aux comités nationaux olympiques de suspendre toutes relations avec les fédérations de boxe qui resteraient fidèles à l’IBA. Lausanne va même jusqu’à annoncer que les boxeurs des pays toujours dans le camp de l’IBA ne pourront pas participer aux prochains Jeux olympiques, sous réserve que la boxe y soit admise.
Un choix à faire, donc. Au plus vite. Mais pour les fédérations nationales, il s’apparente à un dilemme. Avec, pour les deux options, beaucoup à perdre et peu à gagner.
En rejoignant World Boxing, comme l’ont fait une quarantaine d’entre elles depuis le printemps 2023, elles vont dans le sens du CIO et écartent la menace d’une exclusion du mouvement olympique. Mais rien ne permet aujourd’hui de garantir que la nouvelle instance internationale obtiendra rapidement la reconnaissance du CIO. Surtout, ses moyens financiers sont aujourd’hui encore trop limités pour assurer aux fédérations nationales une aide comparable à celle apportée par l’IBA.
En restant fidèles à l’IBA, elles se prémunissent contre une réduction brutale de leur budget, peuvent donc maintenir leur train de vie et la survie de leurs programmes. Mais l’étiquette IBA les place sous la menace d’une suspension par leur comité national olympique, et face à une vide juridique et opérationnel.
Pas facile. Et même quasi impossible pour un grand nombre d’entre elles. L’exemple de la Fédération française de boxe (FFBoxe) en est une parfaite illustration. Il reflète le terrible dilemme auquel est confrontée depuis des mois la communauté de la boxe olympique.
L’instance présidée par l’ancien boxeur Dominique Nato a cherché à répondre à la question : rester fidèle à l’IBA ou se ranger sous la bannière de World Bowing. Elle a tenu à la mi-octobre une réunion de son comité directeur dédiée à ce seul sujet. Elle a ouvert le débat. Pour finalement décidé… de ne rien décider. Au moins dans l’immédiat.
Elle s’en explique dans un long communiqué, parfait résumé de la position impossible dans laquelle l’interminable et désolant conflit entre l’IBA et le CIO a placé les fédérations nationales de boxe.
« La FFBoxe a décidé de ne pas précipiter sa décision concernant une éventuelle affiliation à la World Boxing, une fédération actuellement en discussions avec le CIO, explique-t-elle. Nous considérons qu’il est essentiel de mener, en premier lieu, une série d’échanges avec nos partenaires clés : le ministère des Sports et de la Vie associative, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), l’Agence nationale du sport, les comités régionaux, les clubs et les athlètes. Ces consultations permettront non seulement de recueillir leurs avis, mais aussi d’expliquer les enjeux de cette situation complexe, tout en clarifiant les conséquences possibles d’un tel choix. »
Attendre, donc, pour se donner le temps de consulter, échanger et discuter.
L’instance française poursuit : « Rester affiliés à l’IBA pourrait avoir des répercussions bien au-delà du niveau international. Les clubs locaux, véritable cœur de la boxe, pourraient également en subir les conséquences (…). La FFBoxe suit de près les avancées autour de World Boxing, une fédération alternative qui pourrait devenir l’entité reconnue par le CIO pour les compétitions de boxe aux Jeux de Los Angeles 2028. Bien que cette option semble s’inscrire dans la défense des valeurs olympiques et la pérennité de notre discipline au sein des Jeux, il est nécessaire de prendre le temps de consulter et d’évaluer toutes les conséquences de ce choix. Si cette reconnaissance internationale aboutit, World Boxing pourrait offrir une solution durable pour maintenir la boxe dans le programme olympique. »
Le message est clair. La Fédération française de boxe observe avec un regard bienveillant les efforts et les progrès de World Boxing. Mais elle ne se jettera pas dans ses bras sans l’assurance que l’instance présidée par Boris van der Vorst obtienne la reconnaissance du CIO, puis contribue au maintien de la boxe aux Jeux olympiques.