Jour J – 3 pour l’édition 2024 du smart cities and sport summit (11 au 13 novembre). Après une étape l’an passé à Paris, l’événement organisé à l’initiative de l’Union mondiale des villes olympiques retrouve Lausanne, à l’occasion du 30ème anniversaire de son statut de capitale olympique.
Pour cette édition en terre suisse, le smart cities and sport summit se penche sur une thématique en pleine évolution dans le mouvement sportif international : les liens et les relations entre les villes et les fédérations internationales.
FrancsJeux a interrogé Mélanie Duparc (photo ci-dessous), la directrice de l’événement, par ailleurs secrétaire générale de l’Union mondiale des villes olympiques.
FrancsJeux : Pourquoi avoir choisi de traiter cette année le thème des relations entre les villes hôtes et les fédérations internationales ?
Mélanie Duparc : Lausanne célèbre cette année les 30 ans de sa désignation comme capitale olympique. Le moment idéal pour réunir les villes du réseau smartcities & sport et les acteurs de cet écosystème unique du sport international. Pendant deux jours, nous allons explorer cette relation entre villes et fédérations internationales, qui se construit avant un événement et se prolonge bien après. Un événement sportif, c’est la rencontre entre une ville et une fédération autour d’un projet commun. Le chemin est long, du processus de candidature jusqu’à la gestion de l’héritage et l’évaluation de l’impact. Mais nous n’allons pas seulement parler de ce « mix & match » idéal entre villes et fédérations. Nous allons aussi le vivre. Le summit va offrir aux participants l’opportunité de découvrir Lausanne « backstage », notamment au World Archery Excellence Centre, à la FIBA – Maison du Basketball et à la Maison du sport international.
A l’image du CIO, les fédérations internationales favorisent désormais un dialogue avec les villes plutôt qu’un processus classique de candidature pour l’attribution des grands événements. Quel est le principal effet de cette tendance ?
Un modèle flexible construit dans le dialogue semble très productif et parfois plus efficace qu’un cahier des charges unique. Des événements qui s’adaptent aux villes, à leur potentiel mais aussi à leurs besoins et leurs contraintes. Sans compter que cela permet d’éviter aussi la « course aux promesses », et la surenchère avec des dossiers coûteux. Cela permet d’adapter et de définir les objectifs pour les FIs et les villes, et d’aborder des questions essentielles qui étaient souvent traitées auparavant après les événements, comme l’héritage, l’impact environnemental ou sociétal. La préparation en amont en est renforcée.
Au-delà des grands événements, comment les villes et les fédérations internationales peuvent-elles collaborer pour favoriser la pratique sportive ?
L’événement lui-même est, en effet, la partie émergée de l’iceberg. C’est un intérêt commun des villes et des fédérations d’augmenter la pratique sportive. L’événement devient un catalyseur. Il génère des « vocations », motive de potentiels pratiquants. Tout l’enjeu est de pouvoir, et donc d’avoir anticipé, une réponse à une hausse soudaine de la demande de pratique. Il faut que villes et fédérations soient en mesure d’accueillir ces nouveaux sportifs motivés : lieux d’accueil, disponibilités des infrastructures, encadrement… Dans un autre registre, on observe une tendance à la « festivalisation » des événements sportifs, grands ou plus petits. Avec un festival, l’événement dure plus longtemps que la seule compétition sportive. Il se déploie dans plusieurs quartiers de la ville. Il touche un public plus large que celui des initiés présents dans les tribunes. Les festivals offrent des initiations sportives, des concerts, de la restauration, des espaces de sensibilisation à des causes allant de la santé à l’environnement, en passant par l’égalité des genres. Ils permettent de « faire communauté ». On l’a vu en version XXL avec Paris 2024. La Ville de Paris a développé un programme sur près de six mois incluant des dizaines d’activités gratuites, des olympiades de quartier, des expositions,16 fans zones dispersées sur tout le territoire urbain, six espaces dédiés à la sensibilisation sur des sujets tels que l’économie sociale et solidaire, l’égalité des genres ou encore le climat. Le tout en accès gratuit.
Une session du summit est dédiée à l’impact des événements sportifs dans les villes hôtes. A-t-il évolué au cours des dernières années ?
Ce qui a évolué, c’est le besoin d’évaluation et l’échelle sur laquelle porte l’évaluation. Avant, on focalisait davantage sur les retombées économiques pour les villes, avec une vision assez court terme. Aujourd’hui, l’évaluation est préparée en amont. Il faut pouvoir répondre aux objectifs pré-déterminés et annoncés : émissions carbones, zéro plastique à usage unique, sourcing des produits, accessibilité des sites, participation et mobilisation, développement des pratiques sportives, santé, inclusion, utilisation du digital, etc. L’impact s’inscrit donc dans une perspective à long terme bien au-delà de l’événement.
Pierre Rabadan, l’adjoint aux Sports de la Ville de Paris, sera l’un des intervenants du summit. Que faut-il retenir des Jeux de 2024 sur les relations entre la ville-hôte et le mouvement sportif ?
L’organisation des Jeux repose avant tout sur un intense travail de collaboration et de coordination entre tous les acteurs, au niveau politique, stratégique et opérationnel. Dans le cas de Paris, la Ville, la Métropole, les départements, la région, les villes co-hôtes, le COJO, le CNOSF, l’Agence Nationale du Sport, le ministère en charge des Sports et autres ministères concernés. La Ville de Paris a porté la vision des Jeux qu’elle souhaitait : populaires, accessibles, inclusifs, dans toute la ville. Elle a merveilleusement joué de ses atouts – architecture, patrimoine historique et culturel, proximité des sites – pour créer une ville entière olympique et paralympique. Elle a affiché dès le départ, puis soutenu, un agenda politique ambitieux. Cette ambition politique génère, certes, des contraintes et des défis. Les standards étaient élevés. Mais, au final, les Jeux de Paris 2024 sont une source d’inspiration.