La tendance n’est pas nouvelle, mais elle se confirme : rien n’est plus confortable, dans le mouvement sportif international, que se présenter devant les électeurs dans la position de président sortant. La victoire n’est jamais assurée, mais elle se dérobe rarement. Mieux : le paysage se dégage souvent, comme par enchantement, de toute opposition.
Les derniers jours l’ont encore démontré, avec les résultats des élections les plus récentes dans les fédérations internationales du mouvement olympique. Deux sortants sollicitaient un nouveau mandat. Ils l’ont emporté sans même avoir à dépouiller les urnes et compter les bulletins. Pas vraiment un modèle de processus démocratique, mais personne ne semble vraiment s’en plaindre, les plus ambitieux préférant souvent attendre leur heure sans chercher à bousculer trop tôt l’ordre établi.
En place depuis 2021, l’Allemand Thomas Konietzko (photo ci-dessus) a été reconduit pour un deuxième mandat consécutif à la présidence de la Fédération internationale de canoë-kayak (ICF). Il était seul en course pour le poste suprême. L’instance n’a même pas communiqué le score de sa victoire dans son communiqué officiel. Thomas Konietzko a obtenu 87 voix, pour une seule voix contre, à l’issue d’un scrutin organisé lors du congrès annuel à Antalya, en Turquie. Il restera aux manettes de l’ICF jusqu’en 2028.
Même absence totale de suspense à la Fédération internationale de hockey sur gazon (FIH). Tayyab Ikram a été réélu pour un deuxième mandat de quatre ans, jusqu’en 2028. Le Pakistanais, arrivé à la tête de l’instance en novembre 2022 après la démission surprise de l’Indien Narinder Batra, était seul en lice. L’élection s’est déroulée à Muscat, dans le sultanat d’Oman, pendant le 49ème congrès de la FIH.
A l’inverse, la bataille s’annonçait plus incertaine pour la présidence de Rugby Europe. Normal : le sortant, le Roumain Octavian Morariu, ne pouvait plus se représenter, ayant bouclé ses trois mandats consécutifs de quatre ans. Pour le remplacer, deux hommes se sont présentés devant les électeurs : le Français Christian Dullin, ancien secrétaire général de la Fédération française de rugby (FFR), et le Néerlandais, Janhein Pieterse, ex président de la Fédération de rugby des Pays-Bas.
Un Français contre un Néerlandais pour une place à la tête de l’instance européenne du rugby : la partie semblait jouée d’avance dans un sport où la France siège depuis toujours à la table des puissants, à la différence des Pays-Bas. Mais il faut croire que la politique ne suit pas toujours la logique du classement mondial. Janhein Pieterse l’a emporté dans un fauteuil, récoltant 46 voix contre seulement 19 pour Christian Dulllin. Précision : le Néerlandais était soutenu par le bloc britannique. Tout s’explique.
La suite ? Dans l’immédiat, deux élections se pointent avec, dans un cas comme dans l’autre, un président sortant réduit au rang de simple spectateur. Facile de devenir que, contrairement à l’ICF ou la FIH, les candidats se bousculent.
Première par ordre chronologique : l’élection à la présidence de World Rugby. Elle est prévue jeudi 14 novembre à Dublin. Sur la ligne de départ, trois postulants à la succession de l’Anglais Bill Beaumont, contraint de rendre les clefs de son bureau après deux mandats consécutifs de quatre ans : le Français Abdelatif Benazzi, 56 ans, proposé par la France et soutenu par l’Afrique du Sud ; l’Italien Andrea Rinaldo, 70 ans, proposé par l’Italie et soutenu par l’Irlande ; l’Australien Brett Robinson, 54 ans, proposé par l’Australie et soutenu par l’Angleterre.
Ils auraient pu être quatre sans le retrait forcé de l’Ecossais John Jeffrey , le vice-président de l’instance. Longtemps annoncé favori, il a dû mettre les pouces en septembre dernier après avoir perdu le soutien de sa propre fédération. En son absence, l’Australien Brett Robinson semble le plus solide des candidats.
Même scénario à l’Union internationale de pentathlon moderne (UIPM). Un sortant, l’Allemand Klaus Schormann, arrivé au bout d’un règne de plus de trente ans (il a été élu pour la première fois en 1993). Et trois candidats, tous masculins, en lice pour le remplacer. Par ordre alphabétique, le Français Joël Bouzou, 69 ans, l’Egyptien Sharif El Erian, 54 ans, l’Américain Rob Stull, 64 ans. Dénominateur commun : les trois hommes sont tous des olympiens.
Sur le papier, Joël Bouzou se présente en favori. Il est déjà dans la place. Ancien secrétaire général de l’UIPM dans les années 90, il en est le vice-président depuis 2012. L’élection doit se dérouler pendant le congrès annuel, organisé les 16 et 17 novembre à Riyad, en Arabie saoudite.