L’heure du bilan n’a pas encore sonné pour les Jeux de Paris 2024. La flamme est éteinte, certes, et les sites temporaires démontés ou en passe de l’être. Mais il faudra attendre encore plusieurs mois avant de pouvoir tirer un trait définitif, notamment budgétaire, sur l’événement olympique et paralympique.
Pierre Rabadan, lui, n’a pas attendu. Invité du smart cities & sport summit 2024 à Lausanne, l’adjoint à la Ville de Paris chargé des Sports, des Jeux olympiques et paralympique et de la Seine, est revenu longuement mardi 12 novembre sur les raisons du succès des derniers Jeux, notamment dans la capitale française.
Il l’a fait avec passion et enthousiasme. C’était attendu. Mais l’ancien rugbyman a également ressorti de l’écheveau des émotions et des belles images une analyse fine et pertinente de la réussite française et parisienne. Seulement deux mois après la fin des Jeux paralympiques, ça l’était un peu moins.
Première leçon suggérée par Pierre Rabadan, en phase avec une édition 2024 du smart cities & sport summit dédiée aux relations entre les villes hôtes et les fédérations internationales : la nécessité de créer une unité entre toutes les parties prenantes, et plus encore de la conserver. Pas facile, surtout avec un projet impliquant un aussi grand nombre d’acteurs privés et publics.
« Mais il est indispensable de mettre en place très tôt cette unité, et de continuer à travailler ensemble, malgré les difficultés et les aléas de la préparation. Il faut définir une vision et s’y tenir », a-t-il insisté. A l’évidence, Paris 2024 a relevé ce challenge, pourtant jugé impossible par beaucoup d’observateurs.
Autre message délivré par Pierre Rabadan au siège de la Fédération internationale de basket-ball (FIBA), où le summit a déroulé le décor de sa première journée : il faut an-ti-ci-per. Elémentaire, sans doute, mais pas toujours évident pour un événement attribué près de sept ans à l’avance. « Sept années, cela peut sembler beaucoup lorsque le travail commence, a expliqué Pierre Rabadan. Mais les choses vont très vite. Les deux dernières années, surtout, filent à une vitesse dingue. Aussi, il est très important de faire les choses dès qu’elles ont été décidées. Ne pas attendre l’étape suivante. Agir rapidement sans se laisser rattraper par le temps. »
La réussite populaire des Jeux de Paris 2024, Pierre Rabadan l’explique aussi par l’audace des autorités locales. Elle tient en un chiffre, 26, le nombre de sites de célébration proposés dans la capitale, ouverts au public et en accès gratuit. Au moins un par arrondissement, parfois plusieurs.
« Habituellement, une ville hôte en prévoit six ou sept, a rappelé l’adjoint à la Ville de Paris. Nous en avons mis en place 26, chacun avec un programme sportif et culturel spécifique. Ils sont restés ouverts pendant 42 jours. Au total, les sites de célébration ont accueilli 2,5 millions de visiteurs. Ils ont contribué à ce que les gens aient tous une expérience des Jeux, même sans avoir de billets pour les compétitions. Quand on dépense l’argent public, il faut faire preuve d’audace et de créativité. Les gens doivent comprendre que leur argent sert vraiment les territoires. »
La suite ? L’héritage ? Pierre Rabadan ne s’en cache pas : le défi reste immense. Depuis la fin des Jeux, le nombre de pratiquants des disciplines olympiques a augmenté de 15 à 20 % en France, avec des pointes à 25 % pour des sports comme la natation, le tennis de table, le basket-ball ou le volley-ball. L’effet Paris 2024. Il était attendu. Mais Pierre Rabadan le reconnaît : « Nous savions que l’événement allait créer des vocations, mais sans avoir une vision précise de la façon dont les choses se passeraient sur le terrain. »
Malgré tout, la Ville de Paris a pris les devants. Avec une priorité : les sites sportifs. Le plan héritage a été lancé dès l’année 2018, en se concentrant sur les jeunes. « Nous avons rénové plus de 80 playground de basket-ball », rappelle Pierre Rabadan.
L’adjoint aux Sports en convient : le plus difficile commence. « Conserver tous ces nouveaux pratiquants », résume-t-il. Pas gagné d’avance. « Tout se joue avec les sites sportifs », insiste-t-il. Les lieux de pratique, donc. Et, en parallèle, une collaboration étroite avec le mouvement sportif, national et international, amorcée très en amont et prolongée bien après l’extinction de la flamme.