— Publié le 2 décembre 2024

Alisher Usmanov, un retour comme une évidence

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Il est venu, il a vaincu. Sans l’ombre d’une angoisse, comme une évidence. Puis, le travail fait et la victoire en poche, il est reparti. Moins de trois ans après avoir été forcé à un pas en arrière, Alisher Usmanov (photo ci-dessus) a été réélu samedi 30 novembre à la présidence de la Fédération internationale d’escrime (FIE).

Difficile de trouver meilleur lieu pour un retour en grâce : l’élection s’est déroulée à Tachkent, en Ouzbékistan, patrie de naissance du milliardaire russe. Présenté dans sa fiche de candidature comme un philanthrope (il refuse le terme d’oligarque), Alisher Usmanov jouait à domicile. Toujours bon à prendre lorsqu’il est question d’un scrutin fédéral. Mais que les choses soient claires : l’affaire était pliée avant même l’ouverture du vote.

Elu une première fois en 2008, reconduit depuis sans opposition, mais contraint de se mettre en retrait par une volée de sanctions décidées par l’Union européenne après le déclenchement du conflit en Ukraine, Alisher Usmanov avait course gagnée plusieurs semaines avant le congrès annuel de la FIE.

Il avait obtenu le soutien écrit de 103 fédérations nationales sur tous les continents, issues de pays aussi divers que l’Irlande, l’Inde, la Chine, Israël, la Palestine, les Philippines, la Roumanie, l’Afrique du Sud, la Grèce, l’Islande, la Jamaïque et le Costa Rica. Les deux tiers, à quelques unités près, des nations membres de la FIE. L’annonce d’un plébiscite pour un retour aux commandes de l’escrime internationale, après l’intérim de plus de deux ans assuré par le Grec Emmanuel Katsiadakis.

En face, un seul rival. Un courageux, l’ancien escrimeur olympien Otto Drakenberg, 58 ans, ex président de la Fédération suédoise d’escrime. Nominé pour l’élection par seulement deux fédérations nationales, la Suède et la Lettonie, il avait fait le choix de se présenter à l’élection pour offrir une autre alternative. Sans grandes illusions, et peu de moyens, mais avec audace.

Les résultats l’ont illustré sans ambiguïté : l’audace n’a pas payé. Alisher Usmanov, 71 ans, a obtenu 120 voix, contre 26 pour Otto Drakenberg. Le Suédois l’a expliqué plus tard dans un communiqué : « Je suis très heureux que nous ayons pu montrer que le soutien à M. Usmanov n’est pas unanime. Dans les pays nordiques et baltes, nous sommes unis dans nos opinions et c’est important. » Il a également relevé, dans le même communiqué, que son vainqueur du jour a assisté seulement à une séquence du congrès de la FIE, l’élection à la présidence, quittant la salle dès l’annonce du résultat.

Alisher Usmanov, de son côté, s’est fendu d’une déclaration envoyée aux médias un peu plus tard dans la journée. « Je suis reconnaissant à la famille internationale de l’escrime pour sa confiance et son soutien, qui m’ont convaincu que ma décision de me présenter à la présidence de la FIE était la bonne, souligne-t-il. Je ne pouvais pas ignorer l’opinion des 103 fédérations nationales qui ont soutenu ma candidature et je remercie chacune d’entre elles. Je veux assurer à tous un avenir radieux pour l’escrime et son développement dynamique. Je suis convaincue que notre sport bien-aimé est entré dans une nouvelle phase de prospérité et de victoires éclatantes. Je suis persuadé que l’escrime mérite de s’assurer une place sur le podium des sports olympiques les plus populaires, et cela est réalisable dans les années à venir. »

Tout est dit. Mais une question demeure : comment le milliardaire russe, dont la fortune est estimée par l’index Bloomberg à 14,4 milliards de dollars, pourra-t-il présider la FIE alors qu’il est interdit de séjour dans plusieurs pays européens dont la Suisse, où se situe le siège de l’instance ? Pas simple.

Mais le Russe a déjà apporté un début de réponse : il entend bien faire sauter au plus vite les sanctions dont il est l’objet depuis plus de deux ans. « Comme chacun le sait, je suis toujours soumis à des restrictions injustifiées, que je conteste actuellement devant les tribunaux, explique-t-il. À cet égard, je déclare que j’ai toujours agi dans le meilleur intérêt de la FIE et que je continuerai à prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher que les restrictions juridiquement infondées qui m’ont été imposées ne soient étendues à la FIE et à ses activités ».