— Publié le 12 décembre 2024

Les Jeux de Paris 2024, positifs jusqu’au bout

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Ils l’ont fait. Contre toute attente, les organisateurs des Jeux de Paris 2024 ont réussi une performance que le mouvement olympique avait fini par croire impossible. Ils ont réalisé un tour de force envisagé par le CIO seulement dans ses rêves les plus fous (il en a sûrement). Ils ont rendu une copie où le montant du résultat comptable final est précédé d’un plus.

Tony Estanguet, le président du COJO, présentera ce jeudi 12 décembre en fin d’après-midi au conseil d’administration de Paris 2024 le bilan financier des Jeux olympiques et paralympiques. Il le fera avec le sourire. Malgré tous les signaux d’alerte, allumés comme des lampions depuis plusieurs années sur la route du COJO, l’événement ne termine pas dans le rouge. Fait sans précédent dans l’histoire récente des Jeux d’été : il est excédentaire.

Le chiffre reste modeste. Au dernier pointage, l’excédent budgétaire se monte à 26,8 millions. A l’échelle d’un budget proche des 4,5 milliards d’euros, il pourrait même sembler anecdotique. Moins de 1 %. Mais les exemples les plus récents (Rio 2016, Tokyo 2020) le démontrent sans qu’il soit nécessaire de sortir la règle à calcul : avoir organisé les Jeux avec un résultat placé du bon côté de la balance défierait presque les lois de la raison.

Tony Estanguet l’a résumé devant les médias, quelques jours avant le conseil d’administration : « Terminer l’aventure avec un résultat positif est une grande fierté pour toute l’équipe. C’est le résultat d’un très grand sérieux et d’une rigueur depuis la première heure. »

Plus terre à terre, Fabrice Lacroix, le directeur financier du COJO, en a décrypté le miracle à la façon d’un comptable. Les dépenses d’un côté, les recettes de l’autre. Le bilan au milieu.

Dans la colonne des revenus, le COJO a engrangé la somme totale de 4,480 milliards d’euros. Les grandes masses étaient connues depuis longtemps : contribution du CIO, partenariat et billetterie. Les vrais chiffres l’étaient moins.

Avec 12,1 millions de billets vendus, nouveau record mondial, les recettes de billetterie ont crevé le plafond en atteignant la somme de 1,489 milliard d’euros, hospitalités comprises. Un résultat en hausse de 348 millions d’euros par rapport au budget de candidature. Très fort.

Même réussite pour le programme national de marketing. Parti en douceur, voire au ralenti, il a terminé en trombe. Résultat : 1,238 milliard d’euros, en hausse de 150 millions par rapport aux prévisions annoncées en phase de candidature. Le score le plus élevé de l’histoire pour l’organisation d’un événement en France, tous secteurs d’activité confondus.

Les subventions publiques, de leur côté, se sont montées à 204,1 millions d’euros, soit moins de 5 % du budget du COJO. Elles ont été affectées en intégralité au financement des Jeux paralympiques, dont le modèle économique reste moins solide que celui de l’événement olympique.

Voilà pour les recettes. Les dépenses, maintenant. Tout sauf un scoop : elles ont grimpé. Le contraire aurait fait planer un sérieux doute sur l’honnêteté des comptes. Au final, le COJO a dépensé 4,453 milliards d’euros. Pas mal, quand même.

Mais Fabrice Lacroix a relu toutes ses copies : le résultat définitif affiche une hausse des dépenses de 17 % par rapport au budget initial, présenté en phase de candidature. Seulement 17 %. La hausse la plus faible de l’histoire des Jeux olympiques.

Le COJO l’impute à deux facteurs. Le premier le concerne directement : une « évolution du périmètre du projet », selon l’expression assez énigmatique du directeur financier. Comprenez, les cérémonies d’ouverture en ville, les sports additionnels, l’engagement des territoires… Le second ? L’inflation. « A partir de 2023, le choc a été énorme, rappelle Fabrice Lacroix. Entre 300 et 400 millions d’euros. »

Question : à qui profitera le bonus ? La réponse était déjà prévue dans les statuts de Paris 2024, rédigés sous la supervision du CIO. Elle ne changera pas.

Un cinquième de l’excédent budgétaire, soit un peu plus de 5 millions d’euros, est censé repartir vers Lausanne. Le virement viendra gonfler les caisses du CIO, sous réserve que l’instance olympique l’accepte.

Une part égale de 20 % doit revenir directement au comité olympique français (CNOSF). Elle doit financer des actions strictement limitées au domaine de la promotion et du développement du sport en France. Précision : le COJO avait déjà acté, avant même l’annonce de son résultat comptable, un versement de 9 millions d’euros au CNOSF et d’un million à son pendant paralympique, le CPSF.

Enfin, la part la plus généreuse du gâteau – 60 %, soit 16,08 millions d’euros – doit servir à financer des actions et programmes de développement du sport en France, à divers niveaux de pratique. Au mouvement sportif et aux acteurs publics, dont l’Etat, de se mettre d’accord sur le partage du pactole. Pas gagné d’avance.