Le monde de l'escrime

« Les Jeux de Paris 2024 ont sublimé l’escrime »

— Publié le 18 décembre 2024

Tous les témoins peuvent en attester, les compétiteurs comme les spectateurs : les Jeux de Paris 2024 ont marqué pour toujours la longue histoire de l’escrime. La discipline le doit pour beaucoup au site choisi par les organisateurs pour les épreuves olympiques : le Grand Palais, entre la Seine et les Champs-Elysées.

Que faut-il en retenir ? Comment se présente la suite ? FrancsJeux a interrogé l’Américain Donald Anthony, le vice-président de la Fédération internationale d’escrime (FIE).

FrancsJeux : L’année 2024 a-t-elle été un grand cru pour l’escrime ?

Donald Anthony : Absolument. Nous avons connu, je crois, une grande année, surtout du point de vue de la couverture médiatique de l’escrime. Les Jeux de Paris 2024 ont été spectaculaires. Nous avons eu nos compétitions dans l’un des sites les plus populaires, le Grand Palais, pour lequel les billets ont été parmi les plus demandés par le public. Les image de ces Jeux olympiques resteront gravées à jamais. Et l’escrime a bénéficié d’une excellente attention médiatique, y compris pendant la période de qualification.

2024 a-t-elle été également une bonne année pour la Fédération internationale d’escrime ?

Oui. Nous avons eu quelques défis à relever, mais ils ont été surmontés avec succès. Je pense que, au final, l’année a été très positive. Entre les Jeux de Paris 2024 et notre congrès électif du mois de novembre, à Tachkent, la FIE a vécu une année réussie.

Revenons sur les moments forts de l’année. Si vous deviez en retenir une seule image ?

L’image qui me restera en tête est celle de l’entrée des athlètes avant les compétitions, au Grand Palais, pendant les Jeux de Paris 2024. Les voir descendre le grand escalier pour se rendre sur la piste, dans un lieu aussi grandiose, a été tout simplement magique. Leur présentation a sublimé l’escrime et ses compétiteurs.

Si vous deviez conserver une seule performance ?

Une seule, c’est difficile après une telle année. J’en donnerai deux. Et même trois. La première performance, qui m’a touché personnellement, a été la victoire de Kong Man Wai (photo ci-dessus), l’épéiste de Hong Kong, dans l’épreuve individuelle aux Jeux de Paris 2024. Je l’ai suivie et vue progresser depuis ses années d’étudiante à Stanford. Elle a gagné en NCAA aux Etats-Unis, elle a été numéro un mondiale pendant plusieurs années. Et elle termine aux Jeux olympiques avec une médaille d’or, sous les couleurs de Hong Kong. Je retiens aussi, toujours côté féminin, et encore de façon un peu personnelle, les deux médailles d’or remportées par Lee Kiefer au fleuret. En individuel, sa deuxième consécutive après Tokyo 2020, et par équipe avec les Etats-Unis. Cette performance est assez incroyable. Elle m’a vraiment impressionné. Enfin, chez les hommes, je veux citer la réussite de la Corée du Sud au sabre, avec une médaille d’or en individuel complétée par un succès dans l’épreuve par équipe.

Et si vous deviez retenir de l’année 2024 une initiative ?

Je dirais le travail formidable réalisé par le département CMTV de la FIE. Il a été capable d’obtenir une visibilité de nos compétitions dans les médias rarement atteinte jusque-là. Il a vendu l’escrime comme jamais. En coulisses, il a également réussi à connecter notre sport avec les partenaires mondiaux du CIO. Ces deux éléments combinés devraient nous permettre de toucher de nouveaux sponsors pour l’escrime au cours de la nouvelle olympiade.

La place de l’escrime est-elle aujourd’hui renforcée au sein du mouvement olympique ?

J’en suis convaincu. Pour deux raisons. La première tient aux résultats des Jeux de Paris 2024. Nous étions en France, un pays traditionnel de l’escrime, mais la diversité des pays qui figurent au classement des médailles démontre la progression de notre sport un peu partout dans le monde. Les quatre premiers – Japon, Etats-Unis, Corée du Sud et Hong Kong -, devancent trois nations européennes qui ont longtemps dominé l’escrime : la France, l’Italie et la Hongrie. Ces résultats en disent long sur le travail accompli depuis plusieurs années pour développer l’escrime partout sur la planète. La deuxième raison est le succès populaire des Jeux de Paris 2024. Les compétitions d’escrime ont réalisé de très bonnes audiences, souvent en forte hausse. Nous avons désormais 12 épreuves à médailles aux Jeux. Notre position est solide.

A quatre ans des Jeux de Los Angeles 2028, comment se porte l’escrime aux Etats-Unis ?

L’escrime se développe. Elle le fait rapidement. Les compétitions connaissent même un tel succès que nous sommes contraints de limiter les inscriptions. Mais nous aurons un double défi à relever pour LA 2028 : trouver un lieu emblématique et faire venir le public américain. L’escrime a bénéficié d’une très belle visibilité aux Jeux de Paris 2024, grâce notamment aux deux médailles d’or au fleuret féminin. Lauren Scruggs a fait beaucoup parler. Médaillée d’argent en individuel, en or dans l’épreuve par équipe, elle est devenue la première Afro-Américaine championne olympique en escrime. Il nous faut maintenant profiter de cet élan pour élargir notre base, en développant des programmes éducatifs et de formation. A l’heure actuelle, les compétitions d’escrime aux Etats-Unis ne bénéficient pas de la même médiatisation que dans d’autres pays. Avec les Jeux à Los Angeles en 2028, nous avons l’opportunité de changer cela au cours des quatre années à venir.