Une page se tourne. Tony Estanguet a rendu son tablier de patron du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 avec le passage à l’année 2025. « Je pensais avoir tout vécu en tant qu’athlète et finalement j’ai vécu la plus belle aventure de ma vie, confiait-il au micro d’Europe 1 avant les fêtes. J’ai tellement appris, je ne suis plus le même homme qu’avant. » Mais comment rebondir et entretenir la flamme après avoir accompli une telle mission ? Le triple champion olympique de canoë devrait revenir au CIO, une institution qu’il connaît maintenant comme sa poche.
La France puissance 5
Son nom a été plusieurs fois cité comme ministre des Sports au sein du gouvernement français. Fort de la réussite des Jeux, Estanguet jouit d’une côte de popularité qui ferait pâlir n’importe quel homme politique de l’Hexagone. Le président de la République Emmanuel Macron lui promet d’ailleurs « un très grand avenir ». L’ancien céiste a échangé avec le locataire de l’Elysée et avec son Premier ministre de l’époque, Michel Barnier, mais a finalement décliné. « Ce n’est pas là où j’ai envie de m’impliquer. Il paraît qu’il ne faut jamais dire jamais, mais en ce moment ce n’est pas un centre d’intérêt pour moi », justifiait-il au micro de France Bleu. « Il y a d’autres façons de servir son pays, et aujourd’hui, je suis plus efficace et utile dans d’autres milieux que la politique, ajoutait-il sur le plateau de France 2. Le milieu de l’entreprise peut-être, du sport, on verra. J’ai travaillé avec des hommes politiques pendant dix ans, mais aujourd’hui, j’ai l’impression que mon action est ailleurs. »
Au CIO, donc. Le Béarnais sera en effet proposé en tant que membre individuel indépendant de l’institution lors de la fameuse 144e session de mars (du 18 au 21), celle qui verra également l’élection du successeur de Thomas Bach. La commission exécutive de l’instance a approuvé sa candidature lors d’un vote par correspondance. Une belle preuve de confiance car Estanguet est le seul à être proposé comme nouveau membre, alors qu’ils sont habituellement cinq ou six dans le wagon. « Monsieur Paris 2024 » fait cependant l’unanimité depuis ses huit années au sein de la commission des athlètes.
« Aujourd’hui, je me sens armé à relever plein de défis, expliquait-il quelques mois en arrière. J’échange avec LA (2028), Milan (2026), Brisbane (2032). J’ai dit aux uns et aux autres que je serais toujours disponible pour partager cette expérience car les Jeux m’ont tellement apporté que j’ai envie d’offrir ma contribution la plus modeste et la plus efficace possible. » Avec son élection, la France compterait cinq membres au sein du CIO, Estanguet rejoignant Guy Drut, Jean-Christophe Rolland, David Lappartient et Martin Fourcade. Un sacré tour de force puisqu’aucun autre pays ne pourra se vanter d’une telle représentation – le Royaume-Uni et les Etats-Unis comptent actuellement quatre membres chacun. La promesse d’un renforcement de la voix française au sein de l’instance. Qui le serait encore plus si David Lappartient était désigné comme président.
