Robert Stull a été élu président de l’Union internationale de pentathlon moderne (UIPM) au mois de novembre dernier lors du Congrès de l’instance, à Riyad, en Arabie saoudite. L’ancien athlète, qui a concouru sous le drapeau des Etats-Unis aux Jeux olympiques de Séoul 1988 et de Barcelone 1992, a pris la relève du Dr Klaus Schormann, qui dirigeait l’instance sans interruption depuis 1993. Il s’est longuement confié à FrancsJeux avant la première étape de Coupe du monde de l’année, qui a lieu au Caire cette semaine. Un tournant dans l’histoire du pentathlon moderne puisque cette compétition marque le début du nouveau format, où l’obstacle remplace de l’équitation, dans la catégorie Elite. Entretien en deux parties.
Vous avez dirigé votre premier bureau exécutif fin janvier. Qu’est-ce que vous en retenez ?
Nous avons 13 nouveaux membres au sein du bureau, et un nouveau leader, moi, après 30 ans avec le Dr Klaus Schormann. Le costume est grand ! Cette réunion a apporté un vent de fraîcheur. Nous avons un nouveau mantra, « les athlètes d’abord », et ça a du sens. On a modifié le plan de table du bureau exécutif, cela peut paraître anodin mais j’ai placé les représentants des athlètes juste à ma droite. Quel que soit le sujet abordé, on a commencé en leur demandant leur avis. C’est important pour nous. Il y a eu beaucoup d’échanges pendant ces quatre jours. On a eu des réunions séparées pour aborder des aspects business, marketing, techniques, sportifs… Mais au début et à la fin, on a rassemblé tout le monde pour que chacun comprenne comment les pièces s’imbriquent et la manière dont leur champ d’action affecte les autres. Je sais que cela paraît simple, mais c’est important quand vous avez autant de nouveaux visages au moment de commencer notre route vers Los Angeles. On a aussi parlé de storytelling et de la manière dont on pouvait présenter notre sport pour que l’on en parle autour du monde. Nous avons de belles histoires à partager, donc nous devons nous assurer que ces récits soient diffusés.
Quelles sont les priorités de votre mandat ?
C’est une question facile ! Le premier point, c’est rendre notre sport plus accessible et s’assurer que chaque nation active au sein de l’UIPM soit prête pour l’obstacle. Il faut des parcours, dans tous les pays. C’est déjà le cas pour 80 % des nations. Je parle d’un lieu dédié, pas d’une salle de gym classique. Les athlètes ont beaucoup d’endroits où pratiquer, mais là il est question de parcours dédiés, qui correspondent aux standards de l’UIPM.
Le deuxième, c’est d’établir une plateforme commerciale viable. Le pentathlon moderne n’a jamais été pensé comme un sport de masse, mais chaque discipline, prise individuellement, l’est. Je viens de passer quelques semaines en Europe, j’ai assisté à des présentations fantastiques concernant les possibilités de monétiser et créer des revenus supplémentaires en utilisant nos cinq disciplines ensemble, ou uniquement certaines d’entre elles, avec différentes combinaisons. Nous avons besoin d’un plus gros gâteau et de plus gros revenus pour pouvoir faire ce que nous voulons.
Le troisième pilier de mon mandat sera d’offrir des Jeux exceptionnels à Los Angeles. Ce sera difficile de rivaliser avec Paris car ces Jeux était une réussite phénoménale. La barre est très, très haute ! J’ai vécu 15 éditions des Jeux olympiques, dont deux aux États-Unis, et Paris est de loin numéro 1. Mon travail, et ma responsabilité, est d’essayer de faire en sorte que LA soit spécial – même si on ne pourra pas atteindre Paris, impossible !
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Obstacle Laser Run, disponible sur mobile, permet de jouer en solo ou avec des amis.
Quels sont les leviers envisageables au niveau commercial ?
J’ai été très impressionné par notre équipe commerciale, très active. Nous travaillons notamment sur l’eSport, c’est essentiel pour nous. Nous avons déjà un jeu, l’Obstacle Laser Run, qui est très populaire et suscite beaucoup d’intérêt. La troisième édition va bientôt sortir. Je crois qu’il sera aux Jeux olympiques de l’eSport, nous sommes bien avancés là-dessus. Nous avons hâte ! C’est une porte d’entrée pour des gens qui ne pratiqueront probablement pas les cinq sports, mais qui jouent aux jeux vidéo. On peut toucher plus de monde et c’est une opportunité de revenus pour la fédération. Et ces revenus vont directement aux fédérations nationales puisque notre modèle est similaire à celui du CIO. On essaye de développer un produit que l’on peut commercialiser. Si vous regardez les audiences TV du pentathlon aux JO, nos deux meilleures journées sont à peu près du même niveau que tous les autres sports sur leurs deux meilleures jours. Nos chiffres sont vraiment excellents. Si vous comparez avec un sport qui est diffusé pendant une semaine, évidemment, l’écart est énorme. Cependant, si vous prenez les deux meilleurs jours de tout le monde, vous voyez que notre sport est parmi les grands. L’eSport nous permettra de passer un cap supplémentaire.
Vous avez récemment cité la sélection du site pour les Jeux de Los Angeles comme une autre mission essentielle. Quelles sont vos options ?
Je cherche toujours ce site unique. J’utilise toujours cette analogie : à Paris, est-ce qu’il était question du beach-volley ou de la tour Eiffel ? J’ai vu beaucoup de beach-volley dans ma vie, mais je voulais absolument en voir au pied de la tour Eiffel. Vraiment. La tour Eiffel, c’est tout simplement canon, c’est cool ! Je voulais absolument voir ça. Nous cherchons, et j’espère que l’on trouvera un lieu spécial. Le comité d’organisation est très actif, très impliqué. Nous avons eu une réunion avec eux récemment. Ce que je peux dire, c’est que ce sera iconique. Tout près de Malibu, l’université de Pepperdine a servi de décor à pas mal de films. Ça pourrait être un site iconique. Quand vous y êtes et que vous regardez vers l’océan, vous apercevez des kilomètres de plage, des baleines, c’est fantastique. La Californie, c’est ça. Quel que soit le site choisi, en tout cas, je peux vous assurer que ce sera spécial.