— Publié le 28 février 2025

Les réseaux sociaux, grands absents de la campagne du CIO

Institutions Focus

Les réseaux sociaux ont pris une place considérable dans nos sociétés. Le Digital Report de We Are Social recensait 5,04 milliards d’utilisateurs en janvier 2024, soit 62,3% de la population mondiale. En moyenne, chaque personne passe 2 heures et 23 minutes par jour sur ces plateformes. Impossible de passer à côté dans un monde de plus en plus connecté. Ce terrain de jeu est pourtant globalement peu investi par les candidats à la présidence du Comité international olympique, qui seront départagés le 20 mars en Grèce.

Coe, Lappartient et Eliasch prennent le virage

Cette campagne est la première à véritablement avoir lieu à l’ère des tout-puissants réseaux. Thomas Bach avait en effet été prolongé de quatre ans en 2021, et l’élection précédente s’était déroulée en 2013, une époque où les réseaux n’avaient pas encore la résonance actuelle. Sebastian Coe et David Lappartient ont choisi de miser à fond sur ces outils. Pas une surprise puisque le Britannique figure sur le podium des présidents de fédérations internationales les plus suivis sur X, anciennement connu comme Twitter. Depuis le 1er février, le président de World Athletics y a publié ou partagé 32 contenus, mettant en avant ses échanges avec des médias du monde entier, mais aussi sa proximité avec les athlètes, sa vision sur la place des athlètes transgenres ou sa visite en Chine pour les Jeux asiatiques d’hiver. Sa voix porte puisqu’il compte 121.350 followers. Il s’est également beaucoup affiché sur le réseau professionnel LinkedIn et sur Instagram.

David Lappartient fait presque aussi bien avec 24 publications ou republications depuis le début du mois sur X. Suivi par 9.000 personnes, le Français a documenté ses déplacements au Panama, en Thaïlande et en Egypte pour les congrès des Confédérations panaméricaine, asiatique et africaine de cyclisme, son passage à Harbin pour les Jeux asiatiques d’hiver, sa visite au Rwanda, futur hôte des Championnats du monde de cyclisme sur route, ou son implication dans le lancement du COJOP des Alpes françaises 2030. Des contenus qu’il a également partagés sur Facebook, le réseau aux quelque trois milliards d’utilisateurs. Le but : montrer son intérêt à l’égard de tous les territoires. Johan Eliasch, lui, a ressuscité son compte X mi-janvier alors qu’il ne l’utilisait plus depuis 2021. Il y a multiplié les posts, comme sur LinkedIn, sur les sports d’hiver et le défi climatique – l’un de ses points forts puisqu’il a cofondé l’ONG Cool Earth – avec Arnold Schwarzenegger en guest star.

On s’était dit rendez-vous à Francfort

Morinari Watanabe, Juan Antonio Samaranch Jr, Kirsty Coventry et le Prince Feisal sont en revanche totalement absents de ces plateformes. Paradoxal alors que la révolution numérique figure parmi les enjeux majeurs du successeur de Thomas Bach. Dans la plupart des élections dépassant le contexte régional, ne pas utiliser les réseaux sociaux revient aujourd’hui à se tirer une balle dans le pied. Les spécificités du cadre olympique laissent néanmoins toutes leurs chances aux quatre candidats qui ont décidé de les laisser de côté. Ils doivent en effet convaincre un nombre très réduit d’électeurs (environ 90). Les réseaux sociaux sont indispensables pour toucher le grand public, mais nettement moins pour parler à un électorat aussi précis.

Les sept candidats ont pu présenter leur projet aux membres du CIO à Lausanne, le 31 janvier, lors d’un exercice très encadré. Désormais, tous se rendent sur le terrain pour multiplier les échanges plus ou moins formels, rencontrer les acteurs sportifs locaux et les médias, convaincre et répandre leurs idées pour l’avenir du mouvement olympique. Ils seront tous à Francfort en cette fin de semaine pour assister à l’assemblée générale des Comités olympiques européens (28 février et 1er mars) – y compris Morinari Watanabe, qui a changé son emploi du temps au dernier moment pour pouvoir être présent. « Ils ne seront pas autorisés à s’exprimer, conformément aux règles du CIO, mais ils veulent être présents et nous sommes heureux de pouvoir leur présenter le développement du sport en Europe, le développement des COE et nos plans pour aller de l’avant, nous explique Spyros Capralos, président des COE. C’est bien qu’ils soient là, qu’ils entendent ce que nous avons à dire sur notre travail. » Un rendez-vous incontournable dans la dernière ligne droite de cette campagne puisqu’une trentaine de votants seront européens, soit plus d’un tiers du collège électoral.